Ils ont emmené Anne-Lise tout à l'heure, sous l'inculpation d'infanticide, menottes aux poings comme une dangereuse criminelle ; seul Franck a été autorisé à l'accompagner à titre d'avocat de la famille. Même si la culpabilité d'Anne-Lise ne souffrait d'aucun doute, il avait l'air optimiste, un véritable crack dans sa spécialité, la criminologie. Sacré Franck !
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Il savait que ce ne serait pas facile et même probablement impossible, et de toute façon complètement illusoire. Sa dernière volonté. Son unique souhait était de disposer encore de quelques étincelles pour essayer. Plus rien d'autre ne lui importait. Il était parvenu à la dernière page de son existence et, songeait-il avec cette lucidité qu'on connaît au seuil de la mort, sans doute au dernier paragraphe. Il avait déjà fait ses adieux au monde, à ses amis, à ses proches, à la lumière du soleil, au goût de la brise dans les feuilles des arbres, aux parfums, aux illusions ; tout à l'heure, ou bien hier, ou depuis si longtemps qu'il ne s'en souvenait plus. Cela n'avait plus aucune importance.
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Les hommes du village le prenaient pour un fou, les femmes pour un attardé, les enfants en avaient peur ou se riaient de lui. La gendarmerie fermait les yeux, puisque jusqu'à présent, il n'y avait pas eu de drame. De temps en temps, quelqu'un jetait des pierres contre ses fenêtres, mais rien de bien méchant. Le facteur attestait, sur la tête de bobonne, qu'il ne recevait jamais de courrier, et qu'il n'en avait jamais reçu. Au café, les habitués baissaient le ton lorsqu'il lui arrivait de venir boire un ballon, un seul ; puis il repartait de son pas lent et pesant.
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Il sembla hésiter quelques secondes, ouvrit les bras, ce qui eut pour effet de déployer la voûte du Ciel.
- J'ai créé le Jour, et j'ai aussi créé la Nuit, déclama-t-Il, j'ai créé la Lumière et les Ténèbres, j'ai créé l'Envers et l'Endroit, le Bien et le Mal, j'ai créé la Liberté et l'Esclavage, la Joie et la Peine, le Soleil et la lu...
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Au début, il s'était mis à fréquenter les bars après le bureau, au lieu de rentrer à l'horaire habituel ; un manège, croyait-il, pour se venger de Daniele, un antidote contre le venin de ses flèches empoisonnées. Une heure, deux maximum, jamais au-delà de cette limite : il cherchait à la rendre jalouse. Mais ses retards tombaient à plat et ne récoltaient que des sarcasmes : « quelle femme voudrait d'une pareille loque ? Regarde-toi Desnox, tu ressembles à un pingouin congelé ! ».
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Hier j'ai parlé à Jésus, il n'y a pas eu de miracle.
Il restait peut-être d'autres survivants. Dans mon marche-oreilles, j'entendais quelquefois des signaux, des borborygmes confus.
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L'Enclave représentait un minuscule territoire perdu au milieu du monde moderne. Ayant banni l'usage de l'argent, une communauté de quelques illuminés n'avait d'autre raison de vivre que ce qu'ils appelaient pompeusement le principe d'harmonie universelle, une notion archaïque et naïve qui prêtait à sourire. Une sorte de zoo paléontologique, ramant à contre-courant du progrès, et que certains s'amusaient à visiter comme un parc d'attraction, malgré les précautions prises par les résidents de l'Enclave.
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Je l'avais repérée de loin en montant la rue de Belleville, petite tache sombre recroquevillée dans l'ombre d'une vitrine éteinte. Je m'étais arrêté devant elle l'air de rien et puis j'avais pris mon élan :
- Vous n'avez nulle part où aller ? Avais-je demandé bêtement en me penchant vers elle.
Je pensais un soir comme celui-là, un soir de Réveillon où on n'a pas le droit de rester isolé.
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Des grappes de maigres bâtisses en pisé s'accrochaient au tapis rugueux de la terre ocre avec laquelle elles se confondaient. Une femme brune au teint d'olive, qui devait être jeune et belle, venait d'être propulsée brutalement sur ce tapis desséché, ce qui fit voler la poussière autour d'elle comme un signe de protestation ; un tribunal de rudes gaillards à l'austère visage mangé de barbe et aux yeux ignorants l'accusait, le poing tendu dans lequel chacun brandissait une pierre aiguisée par la haine.
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I |
l était une fois un petit garçon très très malheureux qui s'appelait Patrak. Il habitait dans une grande maison à plusieurs étages, entourée d'un immense jardin au bout duquel coulait silencieusement le grand fleuve qu'enjambaient les pas de géant du pont du chemin de fer. Dans cette bâtisse ancienne trop grande pour lui, s'entassaient plusieurs générations, ses parents, ses grands-parents, ses arrière-grands-parents et encore bien d'autres gens qu'il ne connaissait pas.
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X octobre
Le voisin du couloir
Odeur : 1/10 - la vieille brune sans filtre - se propage à tout l'étage.
Tenue : 4/10 - vieil arabe vêtu comme un arabe - costume dépareillé - casquette à carreaux - parapluie au repos, mais propre.
Politesse : 9/10 - bonjour, bonsoir, il fait beau froid chaud pleut neige grêle ya du vent.
Discours : 0/10.
Occurrences : 4/10 - croisé à chaque sortie et rentrée.
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Il pleuvait depuis deux jours, les doigts de l'automne secouaient les nuages pour en presser une eau froide et cafardeuse qui glaçait la terre. En mon cœur la lumière des chaudes matinées d'été tardait à s'assoupir, l'air transparent charriait des images auxquelles ma peau réagissait. Mon corps était convalescent, mes bras orphelins de la chaleur de la femme aimée trop vite disparue. C'était voilà déjà trois années, septembre résonnait encore du glas écrasant de l'ombre de l'amour : « je t'aime et il ne faut plus se voir ».
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