L'heure m'annonce ma libération quotidienne. Un peu de répit pour mon âme tourmentée.
La demoiselle de l'accueil me salue d'un : « Bonne soirée, à demain » accompagné d'un joli sourire. Chaque jour elle s'applique un peu plus sur son message de sortie de prison. C'est plutôt agréable comme annonce de liberté. En tout cas, elle est agréable, ce qui n'est pas vraiment le cas de celle du matin, ou de l'ancienne de l'après-midi. Ca fait plaisir.
Dehors le soleil, dont je n'ai rien ressenti depuis mon bureau. Ils pourraient installer le toit ouvrant quand même.
Il se couche, évidemment, il est déjà assez tard. L'air doux du printemps. Oui c'est bon de sortir de ce bâtiment.
Les prisons ne sont pas forcément physiques finalement. Je peux sortir librement, je peux même faire ce que je veux à mon poste de travail (ou presque), mais pourtant, je me sens enfermée et non-épanouie.
Qu'est-ce qui crée la liberté d'un homme ? Est-ce le droit de ne rien pouvoir faire ? Si c'était cela, je le saurais, et je me sentirais bien libre.
Au lieu de ça, je me sens telle une sardine dans sa boîte de conserve.
Et toutes les questions humaines qui tournent dans ma tête. Je me remémore mes paroles réconfortantes devant mon ami : « Ne t'en fais pas, il ne m'arrivera rien. » On a tous plus ou moins deux facettes de soi. Une que l'on montre aisément, qui est le masque ultra-sophistiqué qui empêche les autres de nous voir tel que nous sommes, et l'autre qui est nous. Au-delà de ces deux facettes, je sens en moi quelqu'un qui m'habite, et qui est tellement différent.
Tel un gros nuage d'orage, il se tapit dans la nuit, m'attend et tente de me cacher tous les rayons du soleil. Je le déteste. Il me fait ressentir des choses que j'aimerai voir disparaître. Comment peut-on avoir deux entités tellement différentes en soi ? Et encore, si ce n'était que deux...
L'homme serait-il constitué de plusieurs âmes ? L'homme serait-il un mélange de plein de personnalité ?
Une chose est sûre, je ressens cette contradiction qui me fait me méfier de moi-même. Il faut toujours se méfier de l'eau qui dort à ce qu'on dit.
Mieux vaut ne pas y penser quand je suis seule. Je mets un peu de musique, et je me perds dedans, j'essaie de ne plus réfléchir, faire le vide en moi.
L'appartement est vide, tant mieux quelque part. La porte s'ouvre, il est rentré, je saute dans ses bras. Il est bon d'avoir du réconfort.
"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"
Style : Pensée | Par Lucinda | Voir tous ses textes | Visite : 715
Coup de cœur : 14 / Technique : 7
Commentaires :
Nombre de visites : 6124