Elle aurait bien aimé qu’il mange un peu, il est tellement chétif ! Mon Dieu comme il est mignon ! Elle lui caresse la tête, c’est doux comme la peau du lait chaud, et si fragile. Non vraiment, celui-ci il vivra, elle le veut, c’est son amour, son bébé, ça la picote de partout de penser qu’il pourrait lui arriver quelque chose. Il a les yeux mi-clos, c’est pas possible ce qu’il est attendrissant. Elle ose à peine l’embrasser, elle ne bouge plus et respire son souffle, léger, tiède et ténu.
Elle le berce un peu, en pensant qu’il a eu plus de chance que l’autre, et elle est bien contente, elle a senti qu’elle l’aimait dès qu’elle l’a vu. Elle le dépose dans son giron, le regarde, attendrie. Ses petites côtes s’écartent doucement, il bouge à peine. Elle pense qu’elle pourra l’aimer comme personne, elle se sent responsable, bien qu’elle soit jeune. Lui l’aimera aussi, elle sera parfaite, elle n’oubliera rien.
Elle commence à sentir les petits graviers qui s’enfoncent dans la chair de ses paumes, mais elle a peur qu’il se réveille alors elle ne bouge pas : à cet âge, ça doit dormir beaucoup pour être fort, et puis, les événements trop brusques, ça peut le marquer à vie, il faut être très circonspect. Quand même, tous ses muscles lui font mal, elle aimerait étendre ses jambes. Attention, attention, voilà. Il n’a même pas bougé. Elle caresse ses petites oreilles, son petit cou si doux, elle lui murmure des papouilles, des bisous de mots, des caresses de phrases. Mais maintenant elle en a marre, il pourrait se réveiller, elle a plein de choses à faire. Elle le caresse un peu plus fort, puis le retourne. Il est tout mou, elle le pousse brutalement, effrayée. Voilà, c’est comme l’autre, il lui fait le même coup, il est vivant même pas deux heures ! Elle l’agite pour qu’il se réveille vraiment, mais sa petite tête bouge dans tous les sens. Elle le lâche et le regarde, elle lui en veut, elle a les larmes aux yeux. Elle l’a aimé, et il la laisse, il l’abandonne, elle est comme une idiote avec ses rêves avortés, avec tout son amour pour rien, avec ses bisous qui refroidissent. Elle le déteste, elle le déteste, il aurait pas dû !
Alors elle le prend par la peau du cou, et le jette avec l’autre. Dans son panier, la chienne hurle, elle est toute seule elle aussi."Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"
Style : Nouvelle | Par Elodie C | Voir tous ses textes | Visite : 1282
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