Elle va de prison en prison, de petits enfermements en petits enfermements. Tranquillement elle construit les murs. Doucement elle s’y enferme. La solitude, elle la hait, mais la recherche et la souffre, douloureusement. Elle la hait, plutôt, par incapacité.
Ici c’est jaune et vert, avec une porte qui bat, le bourdonnement du frigo. Elle voit toutes ces fenêtres empilées, étirées, parfois allumées. Il y a un téléphone qui sonne très fort. Exilée. Ici ce n’est pas chez elle. Ici, c’est comme quand la balle du flipper tombe au fond du trou, loin de la lumière, des autres balles, des cross qui la cherchent, qui la touchent, la poussent. C’est loin, dans un dédale tout noir qui descend. C’est froid sans personne. C’est perdu, c’est la honte. Le trou.
Peut-être que quelqu’un va la remettre sur le tapis, sous les lumières, mais pas sûr. Si ça se trouve, la partie est finie, tout le monde est rentré. La balle de billard, comme d’ailleurs la balle de baby-foot ou celle du flipper, a une destinée cruelle. Une destinée de balle. Et la balle a les boules, bien grosses au fond de la gorge, bien douloureuses, car la balle, elle ne peut pas pleurer. Elle n’a pas d’yeux. La balle a mal, et souffre, en silence puisque c’est une balle, elle n’a pas de bouche. La balle, elle sait seulement se cogner, se cogner, se cogner...
- Ça ne va pas mamie, je vous remonte dans votre chambre ?
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Style : Nouvelle | Par Elodie C | Voir tous ses textes | Visite : 1008
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