Foin des roucoulades bêlantes ! Foin des mots sirupeux où transpire invariablement un bonheur incommensurable ! Le malheur fait partie de notre vie. Bien sûr, nous allons nous éloigner mon amour, bien sûr je vais me perdre au tréfonds de mon existence, dans des contrées lointaines où jamais nul ne peut m'accompagner. J'irai encore chercher aux limites de ma création les questions difficiles qui me font grandir, j'irai encore et toujours chercher des réponses particulières que j'essaierai de partager dans mon travail, je trouverai des solutions à ce problème de l'inconnaissance des êtres, de la solitude jamais résolue, de l'essence précédant l'existence.
Et je reviendrai, comme toujours.
À chaque fois que je suis revenu de mon voyage du bout de mon parcours, à chaque fois que l'on a reconnu un peu ce génie créatif qui offrait tant de plaisir aux yeux, au corps et à l'esprit, à chaque fois que j'ai enrichi un peu cet exemplaire d'humain, j'ai su que je produisais du malheur. Du malheur et du bonheur.
Malheur ? Bonheur ? C'est dans ces épreuves que je puise la force de te regarder telle que tu es, avec toutes tes qualités, toutes les caractéristiques d'un être qui vit, c'est dans ma recherche que je comprends pourquoi je t'aime, que je sais que ton histoire différente se nourrit comme la mienne d'un désir et d'un projet, que je peux savoir pourquoi je ne comprends pas tout, pas encore, que je peux accepter tout ce que tu me donnes comme une grâce nouvelle qui me change, que ton amour arrive à me pénétrer sans nuire en rien à mon identité.
C'est pour cela que je dis que la vie est une souffrance.
C'est pour cela aussi que je ne t'abandonnerai jamais, parce que cette souffrance qui se constitue de tous les plaisirs de la connaissance, des sens et du regard que nous nous portons a la clarté de l'amour, le pétillement de l'amour, la profondeur de l'amour, la permanence de l'amour, la richesse de l'amour et surtout le goût de la vie.
Bon, assez pleurniché, et si nous parlions un peu de notre bonheur ?