Quand j'ai emprisonné tes petits pieds dans mes mains, j'ai senti que nous nous laisserions aller vers un plaisir impalpable. Mes mains en forme d'ailes d'oiseau caressaient doucement la plante de ton corps, ton coup de pied, tes talons. Par de petites pressions du pouce, je chassais de cet endroit toutes tes fatigues et j'entrais doucement dans ton sourire. En massant ta peau souple, en étirant tes petits doigts qui s'abandonnaient aux miens, en lissant délicatement tes tendons qui se relâchaient, en faisant attention de presser assez fort pour ne pas t'énerver ni te chatouiller, en prenant le temps nécessaire, au-delà du temps normal des massages bienfaisants, presque le temps d'une réflexion aboutie, nous inventions ce plaisir encore et toujours nouveau d'être au même endroit, aimant une même chose en vivant une expérience différente. Tu m'offrais ton bien-être et je t'offrais mon plaisir. L'échange passait par toutes ces petites zones reliées à différentes parties de ton corps, ici la tête, là ton coeur, ici quelques organes essentiels et le silence habillait cette prière amoureuse. Nos respirations rythmaient le va et vient des sensations heureuses qui nous occupaient entièrement.
Quand nous avons enfin compris que nous dialoguions, nous avons souri, émerveillés de voir que le plaisir n'était qu'un prétexte. Nous étions ensemble, vraiment.