La foule canalisée le long du bassin comme une marée humaine allait et venait, avec ses contre-courants bariolés. Les badauds levaient leurs têtes empourprées, pour photographier les acrobates hâlés, accrochés à leurs mâts comme des allumeurs de réverbères. Les coques prétentieuses et rutilantes des coursiers de l'eau avaient du mal à laisser voir un peu de leur coquille, à travers les oreilles, les cheveux collés, et les bonnets agressifs dressés comme des murs devant des bijoux précieux. Sans cesse, les gamins enfiévrés couraient les caravanes publicitaires qui crachaient le papier glacé des magazines périmés depuis longtemps. La course était pour le lendemain.Et la tension montait entre les futurs solitaires occupés à leurs tâches, et les curieux nonchalants,noyés dans le mouvement d'un public désoeuvré. Les plus aventureux s'imaginaient comme au cirque dans les filets des catamarans, tandis que les plus calmes captaient, entre deux bousculades, le reflet d'argent du métal sur l'eau. Les haut-parleurs suspendus aux lampadaires comme des guirlandes braillardes diffusaient en continu des airs de fête sentant fort la brise marine. Et le photographe local, pourchassant l'insolite, cliquait les mouettes perchées sur les panneaux indicateurs.

Désordre sur terre, pour mordre sur la mer.

Ce texte est un exercice d'écriture consistant, après lecture d'un extrait d'Henri Troyat, à décrire les mouvements d'une foule au cours d'un évènement de son choix, en utilisant si possible des associations inhabituelles de noms et de qualificatifs. (temps imparti : 1/4 d'heure).