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Au rythme du temps par zenaidi

Au rythme du temps

 

  Le tic tac de la pendule, venant du coin le plus sombre de la chambre, me bouche les oreilles, creuse dans le vide de mon crâne, se propage à travers mes nerfs, m'envahit, m'enchaîne, me trahit...

Je vibre au rythme de la pendule, coeur du temps qui nous oppresse sans se presser, sans ralentir, sans s'arrêter, sans faire de pause, sans se soucier d'un pleur, d'un soupir, d'une rose...

   Le temps, inlassablement présent, nous guette, nous pourchasse, nous trépasse, nous dépasse, nous rappelle nos malheurs, nos lâchetés, nos erreurs, témoin de nos fêtes et nos défaites...

Cette mémoire infaillible façonne nos amours et nos haines, s'abat sur nos épaules, un fardeau éternel que nous transportons avant même de naître.

    Ce tic tac que je respire imbibe tout mon être, commençant par le cerveau, passant par la colonne vertébrale, finissant on ne sait plus où parce que je ne suis plus capable de sentir, de me sentir, de me reconnaître, de me définir...Il suffit d'un seul instant ou d'un brin d'instant, il suffit qu'un seul tic tac nous oublie et nous ne sommes plus.

  «Il y a une minute, Il était vivant», dit-on. Nous n'avons même pas le temps de réaliser ce passage inouï d'«il y a une minute et une minute après». Il suffit d'une fraction de seconde pour que tout bascule, pour que nous frôlions l'inaccessible, l'infranchissable. Nos envies, nos amours, nos plaisirs, nos désirs, nos haines, nos pleurs, nos peines, nos présents, nos futurs s'émiettent, s'éparpillent, se dissipent, s'envolent...

Combien c'est triste d'être là, étourdi par le rythme monotone de la pendule, sans pouvoir espérer, attendre, comprendre...Etre sans pouvoir ETRE vraiment, sans prendre le temps d'ETRE.

Je nous vois, je vous vois, je les entends, je sens leurs pas qui passent...des pas cadencés, rythmés, d'autres hésitants, inquiets, incertains, d'autres encore maladroits, errants...Des ombres qui longent les murs, qui se croisent, qui se suivent, qui se brisent contre les murs du NEANT.

 Une odeur de moisissure me monte au nez, une sensation d'étourdissement me saisit me donnant la nausée.

La fosse dans mon cerveau devient plus profonde que l'abîme lui-même. Elle m'engloutit, traînant tout l'univers derrière moi...Tout devient noir, un noir sans couleur, sans odeur, sans saveur...une omniprésence perfide...une obsession morbide...

La pendule continue à jouer sa symphonie sans répit.

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Style : Pensée | Par zenaidi | Voir tous ses textes | Visite : 874

Coup de cœur : 9 / Technique : 8

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