Tout s'efface, vite, trop vite ; la piste se noie, s'enfonce, s'oublie, s'abandonne au doux ronronnement qui semble nous absorber dans sa torpeur. Peu à peu, les mains se décrispent, les muscles se détendent, les langues se délient. Certains reprennent leurs discussions ; d'autres, moins ambitieux, reprennent le cours de leur nuit. Je tourne la tête, sonde silencieusement ma partenaire, trop occupée par ses jeux et par la page de solutions pour s'en apercevoir. Les quelques mots que j'ai pu lui soutirer m'annoncent une rencontre des plus intéressantes ; aussi me suis-je joint à elle à la recherche (vaine) des mots manquants. Peu de temps après l'atterrissage, nous rembarquons aussitôt en direction de Krakovie, ou je suis, à mon plus grand regret, séparé de ma délicieuse compagne. Après quelques à-coups des plus angoissants, nous nous élevons de nouveau au dessus des nuages, et je me plonge dans le livret que j'avais prévu à cet effet. Les contes les plus extravagants me font doucement rêver, et seuls les soupirs de soulagements parviennent par intermittences à me sortir de l'ouvrage.
Je me retrouve alors baladé de rues en rues à travers cette ville pittoresque parsemée de bars animés et de restaurants typiques. Une guide nous décrit chaque détails de cette citée ; je suis surpris pas tant de mémoire et avec quelle facilité les mots et les histoires se mélangent dans sa bouche, tout se teintant de mythe tandis qu'elle nous fait l'éloge de sa patrie ! Sans elle, je n'ose même pas imaginer comment nous aurions pu réussir à se diriger dans ce dédale, jusqu'à arriver à l'établissement où nous sommes attendus pour déjeuner. J'avouerai très sincèrement que la cuisine particulière qui nous y est servie ne parvient pas à me séduire vraiment. Un coup d'œil sur les visages qui m'entourent m'apprend que je ne suis pas seul dans ce cas. Aussi se fait sentir un petit creux au sortir du repas, vite comblé par les connaissances diverses qui affluent ; les liens se créant, nous explorons divers monuments de la cité, dont la synagogue et le cimetière juif, desquels tout m'était précédemment inconnu. Nous bifurquons ensuite vers la vieille ville, où un marché au puce nous accueille, jonché de marchands ambulants, d'artistes et de mendiants. Je me débrouille pour infiltrer un groupe et on ne pourrai nier la domination soviétique qui s'est exercée tant d'années durant : les poupées russes côtoient multitudes d'échiquiers plus ou moins grands et aux pièces plus ou moins travaillées suivant le prix. Nous entrons bien plus tard dans l'hôtel, après avoir dîné un repas des plus ordinaire, où seule la soupe nous séparait de notre monde français.
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Style : Nouvelle | Par dark-fate | Voir tous ses textes | Visite : 275
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