Ce matin j'ai embouti la voiture d'un de mes nouveaux voisins. Une Volkswagen, genre Polo, noire.
Elle est garée gentiment sur le parking, sans bouger, et moi, boum, je rentre dedans. A fond. En reculant. Ca fait un gros bruit.
J'ai des excuses, les vacances d'été arrivent au bout, et moi à bout, de nerfs, de fatigue. Mais bon. Quandmême. Je descends de la voiture pour voir les dégâts. Moi, le far arrière cassé, et lui, une bonne bosse dans la carrosserie, la peinture partie.  Je ramasse des bouts de plastique cassé. Dans la rue d'en face un type à l'arrêt de bus me regarde faire avec insistance. Je pars faire des courses. Le type ne lâche pas ma voiture du regard; il va peutêtre noter le numéro de ma plaque?  Une criminelle. 
En rentrant, j'écris un petit mot sur un grand papier blanc et je le colle sur le pare-choque de la voiture du voisin. "Je suis vraiment désolée, si vous voulez faire un constat, sonnez à ma porte."  Quelquechose de ce genre... Je retourne me cacher à l'intérieur, les yeux de tous les voisins derrière leurs fenêtres me piquent dans le dos.
J'attends le voisin. Je ne sais pas qui c'est; mais je sais que c'est un voisin, pas une voisine. C'est à cause de la voiture, c'est une voiture de mec. Tôt ou tard il va sonner à ma porte, m'engueuler sûrement... Toute l'après-midi j'attends. De temps en temps je jète un coup d'oeil furtif dehors. La voiture noire est toujours là, le papier scotché frémit dans le vent tel un drapeau blanc.