On dit qu'il n'est jamais bon de regarder en arrière. Que la nostalgie se transforme vite en une rancoeur indicible.

Je veux pourtant m'arrêter un instant, contempler le voile de mes souvenirs que je ne reverrais jamais qu'en rêve.

Je m'enveloppe de sa douce étreinte, me laisse envahir par la sensation du voyage, le cahotement de la route rocailleuse m'emporte...

Là bas...

On dit que chaque souvenir effleure les coeurs meurtris avant de les poignarder impitoyablement.

Laissant le sang salé des larmes couler et se perdre ici ou là, entre deux rues, loin du bruit, dans notre solitude.

Le voyageur la sait, cette solitude qui l'abîme, et cette amertume qui se niche au creux de ses lèvres sèches.

C'est trouble...

Il est si bon pourtant de fouler le pas, de tracer son chemin au milieu du tout et du rien. De sentir le sol, volatile, sous nos pieds. Le vent est si léger...

On marche dans le vide, entre le ciel et la terre, le feu et l'eau. Un équilibre parfait où l'esprit vagabonde.

Libre. Ce que ni le silence, ni les mots ne peuvent exprimer. Il suffit d'inspirer pour la saisir, et d'expirer pour la laisser s'envoler vers d'autres ombres.

Exister...

On réalise alors à quel point la vie est belle. A quel point elle ne vaut rien. Comme la nature est éclatante lorsque l'homme ne la possède pas.

C'est une goutte d'or perdue au bout du monde. C'est de la poudre de soleil qui irrite nos yeux embués, qui effleure notre peau.

Jardin d'Eden aux accents africains, inviolable et sensuel. Ce que ma mémoire n'effacera jamais, l'instant où il a murmuré « Allah est grand » en le voyant la première fois...

Le désert.