L'autre jour, j'ai eu avec toi une intéressante conversation... Enchanté.
Tu sais quand je t'écris, quand je te lis, je te vois... je t'imagine et je t'aperçois, je te situe, te distingue, te spécifie, me spécifie, m'analyse, t'analyse: je te parle en t'écrivant des mots, des phrases. Car je sais que tu es loin. C'est certain... Je sais que tu es très près. j'en suis très persuadé que tu es enfoncée comme un clou dans moi. Pendant 57 ans tu es là à m'observer, à me contempler, à me contredire, à me dire, à me dévisager, à me déchiffrer, à me guider. On parle. On écrit. On rit. On lit. On s'instruit. On échange des idées... des points de vue. On parlait de tout et de rien à la fois. Mais? Je ne savais pas que tu existais. J'étais petit. Gamin... Je pouvais pas le savoir. Antonin Arthaud vient de me le dire. Tu te rappelles?. Il y pas longtemps. Juste quand... Quand ma barbe a changé de couleur; un matin dans un festival de théâtre... Le théâtre municipal a été démolie, anéantis, aboli, étouffé, complètement étranglé: c'est un geste de débiles. Détruire un monument. Le théâtre municipal a été détruit. Par autrui... et j'étais tout triste... tout bourré comme d'habitude: je lessivais ma tête de bois... le miroir d'en face ma montre une barbe noire mélangée par des cheveux blanches. Ce matin là... je portais une barbe avec moi au lavabo... Ce fut au début un tatonnenment, un étonnement puis un petit rire... sourire et haussement d'épaules. Puis une habitude... ce jour-là... j'ai su que tu étais là... car j'ai entendu ton rire quand tu as apperçue les deux cheveux blanches dissimulées dans la barbe. Ma barbe. Ta barbe... Je te l'ai dit... Est-ce que tu te rappelles?. Je t'ai dit à moi-même et à voix basse. Presque un chuchotement, presque: Je suis artiste. Je me croyais être artiste. Mais je ne suis qu'un être humain. Mais les artistes sont des êtres humains aussi. j'ai pas dit le contraire c'est juste pour me distraire... oui... je suis à peu près ça: être humain. Je suis à peu près rien. Rien du tout. C'est tout... je ne sais pas. Je ne sais plus, je ne sais pas tout. Pas du tout. Je suis. Je suis. Je crois avec ma tête que je suis à la hauteur. Et, je me considère parfois comme un auteur. Comme un créateur... Je me considère même que je suis: Largement, considérablement, quelque un. Mais la plus part du temps je suis pas quelqu'un.
Je suis... Je suis pas là. La plupart du temps je voyage dans l'imaginaire. Dans l'irréel... Je prends le même itinéraire. Toujours... Même trajet... Même rythme... Même cadence: voyager... voyager... Je suis un voyageur. Errant d'images en images, d'idées en idées: Je suis rêveur. Je suis enquêteur. Je suis orateur. Explorateur. Créateur. Je suis. Je... rien. Rien. Non je plaisante. Hé? mais qu'est-ce que je prononce?. Qu'est-ce que j'énonce? Je dénonce. Non. Je ne suis pas explorateur. Non plus un enquêteur. Je ne suis pas orateur, ni créateur. Je suis...
Je suis très timide. C'est tout: oui. Je suis hamid. Je suis UN rien du tout. C'est tout. Je ne suis que... quelqu'un. UN être humain. Un vieux... Qui reste tard. Passe des heures et des heures. Devant les écrans de plusieurs ordinateurs. Je ne suis pas un chercheur. Non. Je suis surtout. Rien. Je... rien. Rien. Mais... Quand je te lis. Je te l'ai déjà dit. Je me suis senti. Quelqu'un. Tu m'entends. Avec TOI... Je me sents MOI. Et Tout ça n'est pas à moi. Tu es là et tu perçes mon imaginaire. Tu m'apportes le texte... la phrase et les idées. Le vase et l'orkhidet. Tu me pousses à presser ma tête. Pour entasser, amasser, accumuler, réunir des phrases qui se complètent. Réunir des phrases qui se contredisent. Des phrases qui se dédisent, retirent, démentent. Démon.. Des phrases qui en s'améliorant, m'améliore... Au fur et à mesure quand je découvre des fragments du récit sur mesure, mes yeux s'illuminent, s'allument, brillent, s'éclairent: c'est clair comme l'éclair. Je me réchauffe. Je me sents chaleureux. Calme chanceux. Heureux. Valeureux. Presque comme un Héros.
Et je me sens quelqu'un. Un autre que moi. L'autre qui me dit: "tu es rien"... Tu es Zéro, m'insulte, me casse la tête. L'autre qui me hante, m'attaque, me suit, me surveille, me conseille, me contrôle, m'observe, m'estime, me sous-estime, me terrorise, m'extériorise... me contredit, me dit: Sois à la hauteur... d'une voix douce intérieure me chuchote... me gouverne: Instruis-toi avec lenteur... Je l'entends marmonner, murmurer: Contrôle tes erreurs mon vieux. Applique-toi. Vérifie... Observe... Modifie... Change... Echange... Réfléchis... Raisonne... Pense... Manipule... Spécule... Fais très attention. Manœuvre ton œuvre. Ça va. Ça va... Oui. Je sais qu'il y a des fautes d'orthographe... de grammaire... Des fautes primaires... secondaires... Des fautes graves... complémentaires... suplémentaires... élémentaires... contradictoires... Des fautes... Oui, je suis au courant. Des fautes de conjugaison, de liaisons... de manipulations. Je sais. Des fautes d'usage... c'est bien dommage, c'est choquant même ennuyeux?... mais, j'y peux rien. Comme toi comme moi... un alphabet... C'est bête mais c'est comme ça. C'est stupide mais c'est comme ça. Je suis un Alphabet.. Un. Al. Fa. Bête. Bette... Abécédaire ... Abaissement. Je suis Alphabet.. Alpha. Bête. alfa55. . Alfa Roméo... Roméo et Juliette... c'est bête... Non???
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Style : Pensée | Par najah hamid | Voir tous ses textes | Visite : 1159
Coup de cœur : 9 / Technique : 6
Commentaires :
pseudo : monalisa
Wouah Najah, Ta pensée est riche de rebondissement, ta vision de la vie est l'énigme de ton être intérieur. J'apprécie ta façon d'écrire, de poser les lettres délicatement sur les lignes du parchemin du coeur.Merci!
pseudo : Motus
Bah tu sais, tu écris tellement bien que les fautes, on s'en fou! Non mais vraiment ton texte est super. Merci de nous le faire partager. Amitié.
pseudo : yasmine
UN STYLE AUTRE )))) Bravo, c'est trop peu pour TOI ALORS, avances mon Ami, ne te retournes jamais merciiiiiii
pseudo : dali
c'est grandiose!!on se laisse emporter dans cette sorte de "jeu" de mots ou le "je" est fortement présent,pour differentes raisons propre à l'auteur. propre à chacun de nous, puisque nous sommes tous des "Hamid"des êtres humains avec les mêmes ressentiments les mêmes craintes du "soi" du "moi" de "l'autre". Merci Hamid pour ce magnifique bouquet de mots qui apaise mes maux.
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