Et voilà, le cap tant redouté venait d’entrer dans ma vie sans trompettes, ni tambours! C’était tellement ridicule de ma part de m’être attendu à ressentir un quelque chose de pas ordinaire en me réveillant ce matin ! Quand même, je n’étais pas la première femme mariée de puis 23 ans a un homme qui était resté un parfait inconnu et mère de trois enfants que je comprenais à peine qui venait d’avoir 40 ans !

J’avais eu peur de cette quarantième année qui me semblait tomber comme un ultimatum. J’avais peur de confronter la réalité qui me mettait face à mes choix pas toujours lucides, mes projets enterrés, mes frustrations d’épouse et de mère, mes infimes succès et mes échecs éléphantesques. Mais surtout j’avais une peur terrible à admettre que face au bilan de ma vie, j’étais passé à côté…

40 ans, cela signifiait pour moi le point de non-retour. Pouvait-on avoir une seconde chance à 40 ans ? Et si j’avais cette seconde chance, ne raterais-je pas ma vie une deuxième fois ? J’avais peur d’avoir une seconde chance car j’avais peur d’un bilan doublement négatif. Cela signifiait les échecs, les frustrations, les regrets et les remords multipliés par deux…Je doute que le bonheur puisse être redoublé dans la vie, on en a toujours à  peine…ou pas assez.

Je n’avais pas envie d’affronter un nouveau jour. Sol lucet omnibus…mes rayons pouvaient se cacher derrière les nuages aujourd’hui. Je n’avais pas envie d’ouvrir les yeux, de découvrir le visage de Daniel à moitié enfoncé dans son oreiller, la bouche à demi ouverte sur un sourire idiot. Je n’avais pas envie de descendre à la cuisine préparer un petit déjeuner que l’on toucherait à peine. Je n’avais aucune envie d’aller à la librairie où les portes e s’ouvriraient pour laisser passage à aucun client.

Je n’avais envie de rien, non, que d’une chose : oublier que j’avais 40 ans et que j’en étais encore là.