J’ai une seule amie,

Elle s’appelle La Picole.

On ne se lâche plus,

On habite à la colle.

Depuis quand je la kiffe ?

Je ne sais déjà plus,

Car on use la mémoire à se noircir le pif.

Il me semble pourtant qu’au sortir de l’enfance

Je la croisais déjà près des murs de l’école.

Elle était courtisée, cette garce de Picole.

Depuis je suis accro, ne peux me passer d’elle,

Elle m’est indispensable pour trouver la vie belle.

On l’invite le soir avec tous les copains.

On rit, on chante, on gueule,

Et parfois, on dégueule…

Les matins sont chagrins,

L’estomac à l’envers, le cerveau douloureux

Et puis la solitude du lendemain brumeux.

On se retrouve seul, aigri et malheureux.

Cet amour exclusif, me ruine la santé.

Disparues la famille, les saines amitiés.

Le boulot m’a lâché, c’est la rue qui m’attend,

Avec les faux amis qui tueraient père et mère

Pour le simple plaisir de déglutir un verre.

L’alcool tue lentement ?

Je ne suis pas pressé.

À trop aimer la vie la voici écourtée.

Mon amie est mortelle,

La Picole, elle s’appelle.