Lucéfal se promenait dans la forêt de Brocéliande, endroit jadis vaste et luxuriant mais qui, depuis les débuts de la guerre entre les humains et les elfes, avait bien changé. La terre était devenue rouge, le feuillage des arbres ternissait de jour en jour, et la végétation était si dense que les rayons du soleil avaient du mal à la percer, provoquant ainsi une pénombre quasi éternelle et un silence mortifère que, quelquefois, les cris d’animaux brisaient. Lucéfal était un bel et grand jeune homme d’une vingtaine d’années qui se plaisait à contempler ce qui restait de la nature. Aussi, il se rappelait les longues ballades avec Ulrick, son ami d’enfance, lorsque tout deux déjà, haut comme trois pommes, grimpaient aux arbres pour de là-haut refaire le monde. La forêt, il l’avait connu verdoyante et aux milles couleurs chatoyantes. A présent, il l’observait comme le résultat d’une bêtise humaine incessante, dévastant et réduisant en cendre tout ce que la guerre rencontrait en chemin. Tiens, la guerre, il détestait ça, Lucéfal, et plutôt que de combattre l’ennemi, il préférait se promener sur des chemins en paix; ce qui, la plupart du temps, lui valait les remontrances de son père. Mais il s’en fichait, ce que pouvait penser les gens de son attitude, cela ne l’atteignait guère puisqu’il était heureux ici.
Il était une fois perdu dans ses pensées quand soudain, des bruits de pas se firent entendre. Il se retourna mais ne vit personne. Continuant sa route, il se persuada d’avoir rêvé jusqu’au moment ou les pas se firent entendre à nouveau. Il eut à peine le temps d’observer les alentours qu’il se retrouva à terre. Allongé, il vit une ombre dont il n’arriva pas à distinguer les traits. Elle portait une longue cape à capuche qui lui couvrait entièrement le visage et tenait, dans sa main droite, un bâton incrusté de pierres précieuses. Pensant qu’il était préférable pour sa vie qu’il ne reste pas allongé, il se leva en hâte et dégaina son épée. Commença alors un duel acharné. Lui, Lucéfal, qui n’avait presque jamais combattu de sa vie, fut obligé cette fois-ci de s’y plier s’il tenait à garder la vie. Il fit de son mieux, esquivant les coups et tentant d’en donner, mais son féroce adversaire semblait avoir une grande expérience de l’art du combat, que lui, bien entendu, n’avait pas. Par chance, il réussit à briser son bâton mais pour quelques secondes seulement car, si tôt fait, il repoussa et revins à son état d’origine. La fatigue et le découragement le gagnait de plus en plus. Il ne savait comment terrasser son adversaire et ce fut dans un coup de désarroi qu’il le fit chuter au sol. Lucéfal allait l’étriper si seulement la cape que portait l’ennemi ne s’était pas malencontreusement ouverte et n’avait pas laissé place à la plus divine des créatures. Ses yeux en amande brillaient comme deux émeraudes tandis que son petit nez légèrement retroussé surplombait des lèvres pulpeuses. Le tout était encadré par de longs cheveux blonds qui ondulaient le long de ses épaules. Son corps, à moitié nu, laissait paraître de superbes formes à commencer par une poitrine généreuse, en partie caché par un petit corset de satin blanc qui l’a lui emboitait gracieusement. Elle portait avec cela une jupe de la même couleur qui lui descendait jusqu’au genou et, à en juger par la finesse de ses mollets, il était fort probable que ses cuisses fussent encore plus ravissantes. La jeune elfe supplia Lucéfal de ne pas l’exécuter. Comment aurait-il pu ?
Il releva délicatement la créature et s’observèrent tous d’eux avec attention. En un instant, il comprit combien depuis des années, on lui avait mentis sur ses prétendus ennemis, qu’ils n’étaient pas ces monstres féroces assoiffés de cruauté comme on lui répétait souvent mais au contraire, de doux êtres, les plus ravissants qui puissent exister. Quelquefois, le vent laissait apparaître deux petites oreilles fuselées dans la chevelure doré de ce petit être qui le regardait avec curiosité. Elle lui effleura doucement le visage puis sa main glissa lentement le long de son torse. Lucéfal sentit alors l’émotion monté en lui. Il avait chaud mais n’osait troubler ce moment magique. Il se sentait si bien. Leurs visages se rapprochaient jusqu’à ce que leurs lèvres ne fasse plus qu’une. Désormais amoureux, le temps n’avait plus d’importance, et ils s’embrassèrent des secondes, des minutes, peut-être plus. Et puis ils se déshabillèrent chacun leur tours, sous le regard gourmand de l’autre, et s’allongèrent sur l’herbe sang de la clairière. Ils s’enlacèrent jusqu’à s’en étouffer. Lucéfal sentait qu’à chaque petit coup de reins, la créature frissonnait d’avantage et qu’étrangement, peut être était-ce dû au fruit de son imagination, l’herbe lui semblait moins écarlate. Un rayon de soleil se faufila au travers le feuillage des arbres pour atterrir sur son dos ruisselant de sueur, puis un second, puis d’autres qui suivirent. La clairière était à présent illuminée d’une douce lumière.
Lucéfal souleva avec précaution la petite elfe et la posa sous un majestueux platane aux feuilles calcinées et dont l’écorce semblait s’être écailler avec le temps. Là, il l’embrassa fougueusement et la créature succomba, prisonnière entre ses reins de plus en plus agité. Parfois, elle émettait de petits gémissements qui se fondaient parmi les cris des oiseaux des alentours. Une de ses mains s’échappa un instant du corps de son soupirant pour se poser sur l’une des nombreuses racines du platane, charnues et débordantes par-dessus la terre. Quelques secondes après, une petite guirlande de fleurs roses et blanches vint s’entortiller tout autour de l’arbre et l’écorce flétri mua, faisant place à une seconde peau, naissante et juvénile. Mais les deux amants étaient trop occupés pour s’apercevoir de quoi que ce soit et continuèrent leurs ébats, sans se douter que la forêt était en train de renaître sous leurs corps chétifs, les feuilles devenant chaque seconde plus éclatantes sous le soleil brûlant, et l’herbe revenant à sa couleur d’origine, comme autrefois lorsque la paix demeurait entre les deux peuples. Certains racontent que les deux amants se sont faits exécutés après avoir été aperçu par un homme d’un de leur clan, caché dans les fourrés, d’autres prétendent qu’ils se sont exilés en Cornouailles pour vivre leur amour au grand jour. Ce qui est sur, c’est que grâce à eux, la vie est revenue à Brocéliande, mais la guerre subsiste toujours.
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Style : Nouvelle | Par zuli3 | Voir tous ses textes | Visite : 281
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Commentaires :
pseudo : Chrysalis
C'est très attrayant, et très bien imaginé, je reconnais en toi une admiratrice de tous ces contes féeriques, elfiques, bref tout cet univers dans lequel on aimerait être plongées =) Seulement, (je ne dis pas ça pour critiquer, mais dans le seul but de t'aider) on ne ressens pas assez l'action, du combat par exemple, cela reste un peu simple, mais c'est l'unique bémol que je me permettrais de souligner, le reste est très bien.
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