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À la bonne heure ! par tehel

À la bonne heure !

L’hôtesse venait de repartir en souriant et Dave observa sa montre: 14h30.  Dans une heure, tout serait fini !  Cette montre, encore un de ses cadeaux !  Il pensa distraitement qu’il fallait qu’il s’en débarrasse une fois arrivé à destination.  Il ouvrit le caisson et plaça la petite tablette sur ses genoux pliés.  L’homme d’à-côté, contre le hublot, n’avait toujours pas ouvert l’oeil et Dave l’enviait.  Si seulement il avait pu dormir, tout aurait été plus facile, tout aurait été beaucoup plus vite !

Le commandant de bords annonça via les haut-parleurs que l’avion survolait actuellement l’océan et qu’ils atterriraient dans deux heures.  Dave soupira et il commença la grille de mots croisés qu’il avait achetée à l’aéroport, juste avant l’embarquement.

Un enfant, probablement un garçon, Dave n’en avait aucune idée, les boucles d’oreille qu’il portait étaient trompeuses, parlait à une dame âgée, à la rangée du dessus.

- ‘Mi, et si l’avion tombe en panne maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

- Rien, y aurait plus rien à faire.  Nous survolons l’océan et nous sommes à des heures de vol de toute piste.  Mais rassure-toi, voilà bien 100 fois que je fais le voyage, et jamais encore il n’y a eu de problème.

Dave se concentra davantage et il finit par ne plus entendre la conversation des deux passagers de devant.

En huit lettres, se terminant par F, composé de corps susceptible de dégager en un temps extrêmement court un grand volume de gaz portés à haute température, disait le problème.  Dave sourit, d’un sourire mesquin qui en disait long et il inscrivit, en appuyant cette fois bien fort sur la pointe de son crayon, car il était certain de la réponse:

 

E - X - P - L - O - S - I - F

 

Il s’adossa confortablement contre le dossier de la banquette et il repensa à Farrah qu’il avait quittée quelques heures plus tôt.

- Qu’est-ce que c’est ? avait-elle dit en triturant le noeud de papier de l’emballage.

- Ouvre-le, tu verras ! répondit-il faussement en se croisant les doigts derrière le dos.

Farrah avait soigneusement décollé le magnifique papier cadeau et elle avait délicatement ouvert l’écrin.  C’était une belle boîte, assez lourde, qui contenait une espèce de collier, pour le moins original.

- Ça te plaît ? interrogea-t-il nerveusement.

- Ho, Dave !  Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est superbe ! s’exclama-t-elle en serrant entre ses doigts le fameux collier.

- Je l’ai fait faire pour toi !  C’est la preuve de mon amour éternel ! mentit-il à demi et en la prenant prudemment dans ses bras.

Dave n’avait menti qu’à moitié en effet !  Le collier, il l’avait bien fait faire pour Farrah, mais pas pour lui prouver sa passion, mais plutôt pour s’en débarrasser !  S’en débarrasser définitivement !

- Voilà, quand j’aurai refermé la boucle, tu ne pourras plus l’enlever !  Parce que je ne veux jamais te perdre et pour que tu penses à moi tout le temps ! ajouta-t-il en serrant bien le petit vis qui devait enclencher le système de compte à rebours.  Les écrous mécaniques pivotèrent sur eux-mêmes et vinrent se sceller.  Dave vérifia l’heure qu’affichait l’horloge du salon, et qui marquait: 15h30.

Dans 24 heures, la mini charge de plastic insérée dans le médaillon en or qui pendait à l’espèce d’arceau de sécurité, allait exploser.  Tout allait exploser.  Le plastic, la tête de Farrah, Farrah toute entière, et sans aucun doute, tout ce qui se trouvait dans un rayon de 10 à 12 mètres !  C’était garanti !

- Dave, reste avec moi, ne parts pas en voyage d’affaires, envoie plutôt un de tes collaborateurs ! supplia-t-elle en lui touchant délicatement le visage.

- C’est la dernière fois Farrah, je te le promets !  Tu sais que je ne peux pas faire autrement ! trancha-t-il en terminant ses bagages.

Dave Richmond avait décidé de quitter sa femme, Farrah, de l’éliminer et d’aller vivre sur l’autre continent, avec sa maîtresse, la belle et jeune Melissa.

Dave ouvrit les yeux, il s’était quand même assoupi quelques minutes et il s’étira avant de replonger dans sa revue de mots croisés.

Sur le siège n° 233, quelques rangées plus à l’arrière, une silhouette étrange remonta le journal en face de ses yeux qui n’arrêtaient pas d’observer Dave qui ne s’était aperçu de rien.  Il était 14h45.

Dans trois jours Dave Richmond allait fêter son quarantième anniversaire.  Dans trois jours, Dave allait faire la fête parce qu’il serait veuf, riche et heureux avec Melissa.

3 perpendiculaire, en 7 lettres, commençant par D - E: guigne, poisse ?  Dave leva les yeux au plafond et puis il inscrivit:

 

D – E – V – E – I – N - E

 

L’hôtesse s’excusa et elle ouvrit la bouteille de champagne, toujours en souriant.

L’homme d’à-côté se réveilla en sursaut au bruit du bouchon qui sautait.

- Pardonnez-moi, mais je crois bien que je n’ai rien commandé ? dit Dave.

- Joyeux anniversaire Monsieur Richmond ! coupa l’hôtesse en versant deux coupes.

- Il y a quelqu’un là, qui voudrait vous féliciter, ajouta la fille en uniforme.

Dave se retourna en riant, heureux que la compagnie avait retenu la date de son anniversaire.  Il porta la coupe de champagne à ses lèvres et en but une petite gorgée en se retournant lentement dans la direction que l’index tendu de la jeune fille montrait.

Il faillit s’étrangler, étouffer, se sentant soudainement mal, prêt à s’évanouir, à s’effondrer face à cette silhouette avec un journal plié sur les genoux qui lui souriait avec tant d’amour.

FARRAH !

Dave lâcha maladroitement la coupe de champagne qui s’écrasa sur l’épaisse moquette du sol.  Il aurait voulu crier, hurler, s’échapper, il allait se réveiller, c’était un cauchemar !

Dave ne rêvait pas, la femme se leva délicatement, arborant toujours un magnifique sourire et elle s’approcha lentement vers Dave qui ne pouvait plus détacher son regard des chiffres digitaux de l’horloge électronique, juste au-dessus de l’épaule de Farrah qui marchait dans l’allée centrale en se tenant aux poignées des sièges.  Il était 14h59.  Dans 31 minutes, le collier péterait, Farrah avec, l’avion aussi et Dave y compris !  Tous ses projets s’envolaient pour l’éternité !

Le temps s’était arrêté, comme suspendu.  Dave n’entendait plus rien, il ne voyait plus rien, hypnotisé, obnubilé par le manège infernal des chiffres qui malheureusement croissaient bel et bien.  Farrah avait pris place, juste à côté de lui, à sa gauche et tout en lui caressant l’épaule sur laquelle elle avait amoureusement posé son doux visage, elle lui racontait comment elle avait décidé au dernier moment de lui faire la surprise de l’accompagner...

Dave était ailleurs, des gouttes de sueur d’angoisse perlaient abondamment sur son front.  Ses yeux étaient toujours rivés à l’horloge et de temps à autres, il hochait la tête pour répondre à Farrah dont le flot des paroles n’arrêtait plus.

A 15h10, une sorte de signal d’alarme au fond de sa tête, l’instinct de survie, le tira de son état de torpeur et il se décida enfin à agir.  Il s’excusa auprès de Farrah et il disparût en direction des toilettes.  Dave appela une hôtesse discrètement.

Contrôler ses nerfs !  A tous prix, ne pas laisser paraître l’angoisse qui lui tarissait la gorge !

- Un parachute ?  Vous plaisantez Monsieur Richmond, vous savez très bien qu’aucun des 410 passagers n’a de parachute !  répondit l’hôtesse qui l’observait bizarrement, comme s’il était atteint d’une maladie purulente et horrible.  Mais Dave n’avait pas de maladie de la peau, il transpirait tout simplement.  L’hôtesse était surprise de remarquer qu’il transpirait autant malgré l’air conditionné qui rafraîchissait entièrement l’appareil.  Plus encore, elle était inquiète en voyant les spasmes nerveux des sourcils de l’homme, comme s’ils étaient agités de mille secousses électriques.

- Vous êtes souffrant, Monsieur Richmond ? insista-t-elle.  Mais Dave avait déjà refermé la porte des WC.

Il s’écroula sur la cuvette et il observa les aiguilles de sa montre qui indiquait 15h15.  Sans cesse, son esprit lui répétait inlassablement que tout allait exploser !  Plus qu’un quart d’heure, 15 toutes petites minutes !  Le visage froid et austère de l’homme qui lui avait vendu le collier, lui apparut en souvenirs et ses paroles retentirent en échos fatidiques:

- je vous garantis le résultat, ce système est infaillible !  Il pouvait bien l’être, Dave avait déboursé une fortune à ce terroriste chinois !

14 minutes !  Pas moyen de s’enfuir, pas d’issue !  Même s’il avait tout avoué, s’il avait osé tout dire, s’il avait eu le courage de prévenir Farrah et le pilote, il était trop tard, l’avion survolait l’océan et il n’y avait aucune piste d’atterrissage à moins d’une heure de vol !

Le collier !

Soudain, il se leva précipitamment et il tira la chasse.  Quelques secondes, il observa les eaux disparaître et puis, il ressortit des toilettes à toute vitesse.

- Farrah, tu as toujours le collier que je t’ai offert ? interrogea-t-il en tâtant le cou de son épouse.

- Bien entendu quelle question !

- Montre-le moi ! dit-il nerveusement.

- Dave !  Tu es malade, qu’est-ce qui se passe ?

- Montre-le moi, je te dis !  L’homme près du hublot les observait curieusement.

Farrah abaissa le col roulé du sous-pull de son bel ensemble et le collier fixé sur sa gorge apparut.

- Retourne-toi ! ordonna Dave.

- Mais Dave, qu’est-ce qu’il y a ?

- Rien, retourne-toi, je t’expliquerai pus tard !

D’une main tremblante, Dave essaya de dévisser le système de fermeture.  Ses doigts trahissaient la panique qui le submergeait.

- Dave, qu’est-ce que tu fiches ?

- T’occupe, je t’expliquerai plus tard !  Reste tranquille !

- Mais ?

Dave tirait de toutes ses forces, mais le collier refusait de s’ouvrir.  Soudain, il stoppa net et il lâcha le collier comme si celui-ci s’était mis à lui brûler les doigts.  Il venait tout à coup de se rappeler les explications de l’homme jaune.

Force naturelle qui détermine les événements, en huit lettres avec un F pour commencer, disait le rébus que Dave avait perdu de vue depuis bien longtemps.

Il ne crayonna pas la réponse qu’il aurait pourtant trouvée aisément:

 

F - A - T - A - L - I - T - É

 

- Une fois scellé, le collier ne peut plus être ouvert.  Si on essaye de l’arracher malgré tout, le système s’enclenche et BOUM !

- Dave ?  Dave ?  dis-moi chéri qu’est-ce que tu as ? implora Farrah qui ne comprenait rien à ce qui se passait !

- Balance-la dehors ! Parachute ou non ! lui dicta une voix paniquée à l’intérieur de sa tête.  Dave avait beau regarder autour de lui, aucune solution n’apparaissait !  Il était 15h28.  La fin était imminente !

- Fous le camp ! Dave se leva et il s’enfuit aux toilettes en bousculant une hôtesse dans l’allée centrale.

- Qu’est-ce qu’il lui prend ? demanda l’homme à côté du hublot.

- Je n’en sais rien, sans doute un malaise ! dit Farrah qui suivait Dave des yeux.

Il s’accroupit contre la paroi des toilettes où il s’était enfermé et il se recroquevilla sur lui-même.

Dave avait les yeux rivés sur la trotteuse de sa Rolex, 15h29’50 secondes.  51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59,...  ...

Beeeep !

 

Dave courba la tête entre ses genoux, mort de peur.

- Ici le commandant de bords qui vous parle, nous espérons, le personnel naviguant et moi-même, que vous faites un agréable voyage, les conditions...

Rien !  Le collier n’avait pas explosé !  La trotteuse de la Rolex avait encore fait un tour complet du cadran et Dave avait enfin rouvert les yeux, incrédule, ne comprenant pas.

Il tâcha de se souvenir de ses gestes lorsqu’il avait passé le collier à Farrah.  Ses yeux avaient vérifié l’heure sur l’horloge murale du salon et il était pourtant bien 15h30 précises !  Tout aurait dû exploser !  - Compte à rebours de 24 heures ! avait dit le chintoc.

Il vérifia encore l’heure sur sa montre et la grande aiguille passa à 33.  La bombe n’avait pas fonctionné !

- Monsieur Richmond ?

Enfin, Dave entendait les appels inquiets de l’hôtesse qui l’avait suivi et qui tambourinait à la porte.

- Monsieur Richmond ? Ça va ?

Il se releva et vérifia son visage dans le miroir de fantaisie.  Ses yeux étaient révulsés et son front inondé de sueur.

- J’-, j’arrive de suite, j’ai, heu, j’ai eu un petit malaise, excusez-moi cria-t-il en se dépêchant de resserrer le noeud de sa cravate et en se recoiffant, pour tenter de retrouver une allure digne.

Dave passa en face de l’hôtesse qui l’observait de bas en haut et il lui sourit, presque heureux !

- La bombe n’a pas fonctionné !  Ca n’a pas marché ! se répétait-il joyeusement en regagnant sa place.

Il se laissa tomber dans son siège et il embrassa Farrah, comme s’il revenait de loin.  Et c’était là exactement l’impression qu’il avait, revenir de loin !

Soudain, tandis que Farrah le dévisageait en lui expliquant qu’elle avait eu très peur, il se souvint: - l’horloge murale du salon !  15h30 ?  Pauvre con !  L’horloge murale du salon retarde de 15 minutes !  Imbécile !  C’est pas à 15h30 que tout va péter, c’est à 15h45 !  Comment as-tu pu oublier ?

Sa figure, qui avait pourtant retrouvé quelques couleurs, devint subitement pâle et livide.  Ses yeux restèrent fixés dans le vide et sa bouche ouverte sur un cri de panique muet !

- Dave !  Dave !  Oh mon Dieu ! s’exclama Farrah.

Dave s’était évanoui...

Tout était flou, le décor tournait.  Les visages disparaissaient en fondus enchaînés.  Dave rouvrit les yeux une seconde fois.  On l’avait étendu au milieu de l’allée centrale, sous le regard inquiet et curieux de tous les passagers qui s’étaient relevés pour mieux voir.  Deux hôtesses et un steward l’entouraient aux côtés de Farrah.

- Dave ?

L’homme qui tantôt dormait contre le hublot, prenait son pouls, un stéthoscope, qu’il avait sorti de la petite valisette en dessous de son siège, pendait à son cou, comme le collier de Farrah.

Le collier ?

Dave sursauta et il se redressa d’un bond.

- Quelle heure est-il ? cria-t-il en regardant l’horloge digitale qui indiquait inéluctablement 15h39’.

- Couchez-vous, tout va exploser ! hurla-t-il en se rejetant en arrière.

Personne n’avait bougé !  Un officier de bord questionna le type qui dormait tantôt contre le hublot et qui était médecin, celui-ci ne diagnostiqua rien de grave en apparence hormis une arythmie cardiaque probablement consécutive au surmenage.

Tandis qu’il continuait à geindre des inepties, Dave se débattait toujours comme un forcené, tâchant d’échapper à la seringue que le médecin approchait de son bras.

- Allons Dave, c’est juste un calmant, reste tranquille ! dit posément Farrah qui passait ses doigts dans la chevelure filasse et trempée de sueur de son mari divaguant, en tâchant de l’apaiser.

Ses paupières devinrent lourdes, à nouveau, le monde lui échappait, l’injection faisait son effet.  Dave se souleva un peu, il essaya de voir l’heure.  Farrah se pencha sur lui à l’instant même où le chiffre digital de l’extrême droite passa à 5.

Tout s’obscurcit !  Dave n’entendit plus rien, il plongea dans l’éternité...

...

- Dave ?  Dave ?

- Où ?  Où suis-je ?

- Calme-toi Dave, tu as eu un sérieux malaise dans l’avion ! dit Farrah qui n’avait pas une paire d’ailes d’ange dans le dos !

Dave n’était pas au Paradis ni en Enfer, le collier n’avait pas explosé et il était toujours là, suspendu au cou de Farrah qui se penchait tendrement vers son mari.

- Que ? Quelle heure est-i ?  demanda Dave incapable de cacher son inquiétude.

- 7h30 Dave.  Tu as dormi près de 15 heures !

- 7h30 ? Dave se laissa retomber sur l’oreiller du lit d’hôpital dans lequel on l’avait allongé la veille.

- 7h30 ! répétait-il vaguement en souriant au plafond.  Des médecins entrèrent et Farrah sortit.

...

Dave avait subi un tas d’examens qui n’apportèrent aucun renseignement aux médecins et trois jours plus tard, Farrah, qui portait toujours le collier piégé, vint le rechercher à la sortie de l’hôpital.

- Qu’est-ce que c’est ? demanda Dave qui tournait le petit paquet cadeau entre ses doigts nerveux.

- Une montre Dave !  Tout au long de ton délire, tu n’as fait que demander l’heure, et comme ta Rolex est déjà bien vieille, j’ai pensé que cela te ferait plaisir ! dit-elle de sa voix suave.

Dave sourit, il déballa son cadeau et il passa la superbe Breitling-chronographe au bracelet de cuir que Farrah lui avait offerte.

...

Le voyage de retour s’était déroulé sans problème, Dave avait même plaisanté avec l’hôtesse qui l’avait reconnu tout de suite et souvent, il avait regardé du coin de l’oeil le collier de Farrah qui pendait toujours à son cou et qui représentait toujours une sérieuse menace.  Mais Dave avait le sentiment, la certitude même, comme une espèce de 6ème sens, que le collier n’exploserait plus et qu’il s’était fameusement fait roulé par ce terroriste chinois de pacotille.

...

Trois semaines plus tard.

 

Melissa était passée à la salle de bains, elle prenait une douche.  Ils venaient de faire l’amour toute l’après-midi dans cette chambre de motel où ils avaient l’habitude de se rencontrer et Dave se rhabillait.

Il sourit en refermant le bracelet de cuir de sa nouvelle montre, il pensa une nouvelle fois à ses mésaventures du mois précédent.  Une magnifique montre, remise à l’heure étalon pas plus tard que ce matin-même, Farrah s’était, comme d’habitude, occupée de tout.  La sonnerie du téléphone résonna.

Dave décrocha.

- Allo ?

- Une communication extérieure, Monsieur, dit l’homme de la réception.

- Allo ? Dave n’avait jamais parlé à qui que ce soit de ce motel et personne ne pouvait donc savoir qu’il était là !

- Allo ?

- Dave ?  C’est Farrah !

Dave écarta brutalement l’écouteur de son oreille, comme s’il craignait qu’elle puisse le voir, mais elle continua de parler, car elle savait très bien qu’il était là !

- Dave, je sais tout ! cracha-t-elle d’une voix déterminée.

- Ecoute, je ...

- Non Dave !  Toi tu vas m’écouter !

- Ou, oui?

- C’est ça, à la bonne heure ! l’interrompit-elle ironiquement en écoutant sa respiration rapide, elle continua.

Je sais tout Dave !

- Avant de te quitter, je tenais à te dire quelque chose, juste un détail sans importance, mais que je voulais que tu saches !

Dave était suspendu au téléphone et il venait de se laisser tomber lourdement sur le lit défait, comme abattu par la fatalité !

- Le collier était un cadeau original Dave, j’en conviens !  Mais il fallait l’enclencher !  Tu comprends Dave ?  Il fallait l’enclencher !  C’est con hein Dave ?  Ca t’a pourtant coûté un fameux paquet d’argent, hein Dave ?  Mais certainement pas autant que la montre que tu portes aujourd’hui à ton poignet !

Dave se sentit tout à coup très mal et très con, très très mal et très très con !  Il regarda stupidement sa montre et il entendit encore le beep de l’ultrason qu’émettait la petite boîte de radiocommande que Farrah pressait impitoyablement à l’autre bout du fil.

Dans un éclair foudroyant, les chambres 210, 211, 212 et 213 du second étage du motel, explosèrent dans un fracas apocalyptique et meurtrier, qui dévasta tout le site !

Farrah Birth était une superbe jolie femme épanouie de trente-trois ans et une parfaite imbécile !

Farrah Birth était une parfaite imbécile pour n’avoir jamais rien vu ni suspecté quant aux infidélités de son pourri de mari qu’elle aimait aveuglément par dessus tout.

Farrah Birth était une parfaite imbécile, mais elle, elle était bien loin d’être une conne !

Elle raccrocha sur une sonnerie monocorde qui lui annonçait que la ligne téléphonique venait subitement d’être coupée !

- A la bonne heure ! répéta-t-elle en quittant la cabine de ce quartier désert et en jouant avec le collier qui pendait à son cou, collier qu’elle avait fait désamorcer deux semaines auparavant...

FIN

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pseudo : jocamh

Woaw!