Comme disait "Toni", fidèle à ses aëux :
"Le Corse n'est plus corse, au loin des sanguinaires",
Car l'ancestral bandeau lui tombant sur les yeux,
Il ne voit plus son île, aux moeurs trop ordinaires.
Frères ils ne sont plus (Antoine a bien raison !)
Ils viennent au pays pour passer les vacances.
Le village est très rude et la vieille maison
N'a, des tours des cités, aucune ressemblance.
Et sur le continent ils se sont transformés :
Ils sont postiers, ou flics, militaires, ministres...
Leur idole ont brûlée et leurs dieux diffamés,
Echangé leur maquis contre des lieux sinistres.
Oh! Ils ne renient pas la vieille Kalisté.
Leur farouche fierté, de souche séculaire,
Fait l'union totale en sol neuf transplantée :
Diaspora perdue en la sphère armillaire.
Les bergers sont, pour eux, bons rustres amusants.
Qu'ils paraissent mesquins les plaisirs insulaires !
Et tous les souvenirs ?... Ils sont agonisants
En leur âme oubliant le foyer tutélaire.
Ils gardent pour leur terre un regard de Paris.
Parce qu'ils sont immigrés, ils se croient des idiles.
Et bien ! Si vous voulez, moi, je prends les paris
Que la vie est meilleure en vivant sur des îles.
Malgré ce qu'il paraît, je suis plus corse qu'eux.
Je suis né provençal, mais mon coeur se divise
Pour ce si beau pays au passé béliqueux,
Et le "Sempre Corsu" devenu ma devise.
Les terres et les cieux n'appartiennent qu'aux Dieux.
Je suis le citoyen, sans avoir la naissance.
C'est délibérément que j'ai choisi des lieux
Imprégnés, à jamais, dans toute ma substance.
Je connais des endroits d'une rare beauté
Où l'oeil, sur l'horizon, ne rencontre nul être.
Seuls, les troupeaux, au loin, dans leur mobilité,
Donnent envie, longtemps, de les regarder paître.
Et le chant des ruisseaux... Et les yeux des bergers...
Et la montagne austère... Et la mer translucide...
Mais aussi, par malheur, j'ai connu les dangers :
Désaccords violents des luttes fraticides...
Ceux qui te veulent, Corse ! Ont tous un argument.
Qu'importe être française ou rester autonome,
Car Toi, tu seras là, définitivement,
Et ils disparaîtront - tel est le sort de l'homme -.
O ma Corse ! Je t'aime ! Et je languis de toi.
Moi, je t'ai fait l'amour ! Mais gardons le silence,
Car tes autres amants sentiraient un émoi,
Et une "vendetta" suivrait en violence.
Dans ces rocs de beauté, de plaisirs et de peurs,
Au delà d'Ajaccio, Sanguinaires noyées,
Regarde bien touriste...et tu verras mon coeur
Paraître, par instant, en vagues ondoyées?
(Si je publie ce texte aujourd'hui c'est que René aurait beaucoup de peine à voir les dégâts causés par les incendies à ces superbes paysages que sont ceux de la Corse. Souvenirs ! Nostalgie !)
"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"
Style : Poème | Par rene gaillard | Voir tous ses textes | Visite : 477
Coup de cœur : 8 / Technique : 6
Commentaires :
Nombre de visites : 29022