À cause de toi, j’ai aimé. J’ai aimé tellement fort, avec tant de tendresse, que mes nuits ne sont plus que caresses. Adieu silence assassin, adieu vil mutin, anciennes idylles et autres histoires, vous n’êtes plus que pâles souvenirs. Mes passions s’envolent en autant de papillons, ils se jettent au feu, ce brasier qui me consume, encore. Encore.
À cause de toi, j’en veux encore. Reviens. Recommençons. Je veux ne jamais t’avoir connue, recommencer ma vie et te rencontrer pour la première fois, encore. Incendier ma maison, changer de famille, de pays, ne pas parler ta langue et ne pas savoir que tu existes pour qu’un jour tu reviennes. Je veux être blessé pour que tu me soignes, pleurer pour que tu t’inquiètes, devenir aveugle et sourd pour que tu ne me parles plus qu’avec tes mains.
À cause de toi, le monde est insignifiant. Gigantesque infini de vide et de grès, tu y règnes seule, irisée dans le gris de la vie. Rien ne vaut plus la peine d’écrire que ton sourire, et ton rire qui lézarde les murs de ma mémoire. Te regarder devient vital, t’imaginer reste mortel, je perds mon temps, heureusement que tu le prends.
À cause de toi, je n’existe plus. Mon corps se calcine et meurt, mon suicide commence avec un signe de toi. Mes mains sont mortes de ne plus tenir les tiennes, ma bouche se tord de ne plus saisir tes lèvres. Je n’ai plus d’âme, je l’ai vendue pour te revoir et crever. Mon esprit s’est scarifié à mort en ressassant cet amour, rien ne vit plus en moi que ta mémoire.
À cause de toi, ma passion me dévore et ton absence me digère. Pressé, broyé, digéré, je suis le purin de ton existence, le rien qui fait que tu es tout. Je disparaîtrai transporté par les eaux de l’immondice, vomi avec la bile du monde et tu m’oublieras. Mon existence finira avec ce dernier feuillet que tu jetteras.

Tu pleureras. Alors je reviendrai.