Depuis le port d’Amsterdam,

Des marins m’observent et me guettent

Suivre le vaporeux sillage

Que décrit, vers le lointain, ce rivage

Qui m’enlève jusqu’à ses horizons obsolètes.

Depuis le port d’Amsterdam,

Des marins défont les voiles des mâts,

Sur les planches de l’entrepont,

Plient leur draperie de large en long

Et viennent s’immobiliser sur le pont le plus bas.

Depuis le port d’Amsterdam,

Des marins à une seule voix entonnent le chant

Du souvenir. Une dernière fois peut-être,

Plus jamais, pour sûr, ces âmes portraites

Du port ne viendront scier mes tympans.

Depuis le port d’Amsterdam,

Des marins nombreux et figés me hantent

Sempiternellement. A chaque embarcadaire, les voilà

Baignés de leurs vapeurs infinies, que murmure tout bas,

Cette parole diffuse qu’à l’arrivée je ne reconnais pas.