Croît au doux pays de la terre,

Une plante fabuleuse.

L’espèce la plus jolie, le végétal lumineux :

C’est l’arbre aux mille tétons !

Jamais il ne s’émeut que de ses larmes de sève

Qu’il puise aux tréfonds et fait gicler aux cieux.

Sur ses branches en toutes saisons :

De fins, de gros, de rougissants bourgeons 

Lèvent leurs pointes si tendrement,

Et sourient à la chaleur du vent !

Les lèvres veulent en happer l’humeur

Puis cueillir la fleur, s’emparer du fruit

Entre effleurements ou furies.

Sur l’arbre aux mille tétons fébriles,

S’arrime la clameur des secondes

S’exilent les maux sur la feuille

Pour la main, le sein, le rein

Fusionnels à tout le vivant.