Mon pauvre cœur,
Trop longues sont les heures qui engloutissent nos ambitions, abattu par tant de révolte, tu ne peux à présent plus que t'illuminer de temps en temps... J'ignore combien de temps je suis resté dans l'obscurité. Souvent couché sur ce que je crois être de la glace je vois des formes. Celles-ci se déclinent en une infinité de versions, passant d'auréoles profondes aux montagnes nostalgiques qui scrutent ces murs délavés. J'ai suivis des nuits entières leurs parcours, leurs trajectoires aléatoires mais déterminés par les fissures du temps. Mes yeux s'étaient habitués à ces ténèbres latents, incertains de respirer de l'air, étouffants à chaque bouffées. Cette pâleur si froide me rentre dans les os, le cœur, m'enrhume le cerveau.
Je crois devenir fou. Je me persuade que si je reste immobile, sans respirer ni cligner des yeux je pourrai arrêter le temps.
Je sens tes battements, tragiquement irréguliers par les remords qui te rongent, insuffisant pour la vitalité que tu perds lors de chaque secondes meurtrières.
Je t'avais pourtant prévenu d'aimer cette princesse de sable plus que tout, avant qu'elle ne s'envole dans le vent de la colère... Nous voilà bien malheureux maintenant...
Tu te souviens petit cœur ? La première fois que tu l'as vu tu t'es mis à sourire de joie, rythment ces immenses courbes aimantes jusqu'à l'aube matinale. Tu avais tant de blessures orageuses, meurtri par le chagrin des paradis perdus. Ta vision ne se reconnaissait plus, et moi timide j'étais devenu quelqu'un d'autre, comme perdu dans mes rêves. D'interminables discussions, écritures magiques où ses yeux ont pu contempler tes mots abstraits, brouillant les pistes du destin.
Elle t'a aimé plus que tout, toi ironique maître tu l'as enroulé de mystère pour qu'elle oublie ton ignorance amoureuse et plus elle t'aimait, plus la peur te serrai contre elle.
Je t'en veux mon pauvre cœur de ne pas avoir su la retenir plus longtemps près de moi, de m'avoir fait esclave de tes envies. Bien sûr, tu avais tes raisons, obscure destinée de celui d'un bonheur inaccessible.
Tu l'as observé, joué avec ses sentiments comme on joue avec de la chaleur humaine.
Bien sûr tu te souviens de sa beauté, ses sourires ravageurs éclairèrent les ombres de ton âme pendant l'espace d'un temps. Ah tu regrettes, au fond de ton trou misérable, planqué pour évité une dépression vitale...
Je vais te confier un secret, que je n'ai jamais dit à personne mais promet-moi de ne surtout pas lui dire, je te fais confiance !
Ce qui m'a tout de suite plu chez elle, ce n'est pas tant sa beauté innommable ni son écriture si sublime soit' elle. Non tout ça est bien trop superficiel. Ce qui m'a envahi l'âme à un point de non retour c'est sa pureté. En regardant son blog je me suis aperçu que l'amour pour son cheval était plus fort que tout, plus fort que n'importe quels sentiments. En fait, avec le recul je me suis aperçu que ce n'est pas un sentiment, non c'est une relation unique, une symbiose extraordinaire. Ses convictions en Wotan étaient soudées avec son propre cœur, indissociable de sa pensée. J'ai observé leurs mouvements, rempli l'air par mon apprentissage de jeune découvreur de sensations. La logique de son âme à été une vraie révélation intérieur.
Tout n'est pas ta faute mon cœur, j'ai moi-même une grande part de responsabilité dans cette mascarade absurde, j'ai été lamentable. J'ai fui les yeux là ou j'aurais dû les ouvrir, j'ai regardé les gens comme si ils étaient mes esclaves. La vérité honteuse, c'est que j'ai voulu l'avoir sans me laisser avoir, contrôler, recevoir sans rien donner. Ignorants j'ai parlé d'instabilité, de notion de couple impossible, d'union partielle dans le temps mais en réalité j'avais déjà tous ce dont un homme pouvait rêver. Je sais aujourd'hui, à l'heure où les oiseaux s'étendent à l'horizon que je l'aimerai encore et encore, jusqu'à ce que tu t'éteignes, vieux et remplis de nostalgie.
Tu vois mon pauvre cœur, l'important dans la vie n'est pas l'argent, le pouvoir où l'intelligence, c'est simplement la faculté d'être heureux et de ne pas rechercher le bonheur mais juste le regarder venir à soit.
La suite logique s'est opéré, elle nous a tous les deux laissé tomber. Elle qui m'avait demandé ce que veut dire l'expression être honnête avec son âme, elle prend tous son sens ici... Son amour, si puissant au départ c'est transformé en indifférence, en colère absurde, en liberté mal placée. Ne la juge pas trop vite, car comme toi avant de voir la lumière, elle est persuadé que baisser les bras est la seule solution.
Je suis vraiment désolé, moi qui n'ai pas réussi à te convaincre plus tôt, je ne pense pas arriver à parler à son cœur à nouveau.
J'arrive au terme de cette note en te demandant de continuer à battre, fait moi voir tes éclats de nostalgies, rend moi l'âme d'antan, quand j'étai heureux de ne pas connaître l'amour...
Je t'aime ma belle...
Jonathan Cimino
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