Il était une fois une étoile filante qui était amoureuse d'un rayon de soleil.

   « - Imagine ! Comment peuvent-ils s'aimer si elle vit la nuit et lui le jour ! Cette histoire commence mal. A coup sûr ça va clasher ! » s'exclame l'enfant en reposant le livre sur sa table de chevet.
Heureusement pour nous, on peut parfaitement continuer l'histoire, le livre étant resté ouvert.

Voici la suite :

En effet, combien de mondes les séparaient...
En vérité, l'amour était caché en eux, le destin les ayant doté tous deux dès leur naissance de cette même déficience qui toujours devrait les faire souffrir, et dont ils ne savaient rien.
Le jour, le rayon paraissait à peine inquiet, il était à des années-lumière de s'imaginer qu'il était aimé, que dis-je, adulé par l'étoile filante.
Quoiqu'il en soit l'étoile ne désespérait pas, croyant en sa Bonne Etoile justement.
Toutefois il lui arrivait d'avoir le blues, ça oui !
D'ailleurs, il suffisait simplement qu'elle regarde sa situation en face pour se convaincre de l'impossibilité d'un tel amour.
Car, ne vivait-elle pas la nuit sous une voûte céleste entourée de ces sœurs, tandis que son bien-aimé, ô rayon précieux de cet astre non pareil, était au jour ce que le sourire est aux enfants.
Leur point commun était uniquement le ciel. Celui-ci les voyait évoluer, aimer, ou plutôt souffrir chacun de son côté.
Ignorant jusqu'à leur existence, ils souhaitaient au plus profond d'eux-mêmes que l'amour les quitte, s'efforçant de garder le moral coûte que coûte, pour que de cette lutte il naisse quand même de la joie. Ils s'ingéniaient à rendre heureux leurs proches afin d'en garder au moins une trace joyeuse au fond du coeur qui puisse les contenter un moment.

   « - Cœur ? Mais ce ne sont pas des humains, ils ne peuvent donc pas avoir de cœur ? »
Encore lui ! Je le croyais endormi.

Mais venons-en plutôt au fait, parce qu'un jour il y eu la rencontre, celle qui allait les changer à tout jamais.
C'était comme dans un rêve, beaucoup d'entre nous se la rappellent également ainsi leur première rencontre ; éphémère, comme eux qui ne faisaient que passer, leur existence dans ce monde étant réduite à quelques minutes.
Mais là se jouait leur vie, la plus vivante et la plus vraie. Ils allaient pour la première fois se voir et se palper.
L'étoile filante s'approcherait du rayon de soleil, et pour sûr cela ferait des étincelles.
Voici ce qu'il se produisit réellement : le rayon éclaira la face cachée de l'étoile, la faisant à peine rougir. Et voilà qu'elle devenait légère et volatile, elle s'envolait littéralement. Le rayon était en elle, à l'intérieur, prenant la place qu'il avait en réalité toujours occupé en son sein.
Il s'était dissous en elle pour leur plus grand bonheur.
Et de loin, dans le ciel bleu nuit sans nuages, seul un œil averti pouvait distinguer ce subtil zébra.
L'étoile filante avait tracé dans l'univers tout entier une courbe majestueuse et enchanteresse...