Tu sais je t'aime papy. Oui, même si on ne dirait pas je t'aime énormément. D'après les histoires que maman me raconte, tu as été égoïste toute ta vie, toujours à ne penser qu'à ta petite personne. Ta vie est simple à retracer : tu aimais ton frère, vous vous êtes disputés, tu ne l'as plus jamais revu. Puis, tu as rencontré mamie et tu as eu ton fils, ton fils unique, papa. Le fait d'être devenu père a dû t'apprendre à aimer les gens, ou plutôt à n'aimer que lui. Il t'a rendu possessif. Possessif, c'est le mot qui gâche tout, c'est ce que je suis devenue aussi, c'est ce qu'il ne faut pas être. Quelques décennies plus tard, papa nous a eues ma soeur et moi, et, à partir de ce moment là, personne ne t'a jamais vu aussi heureux. Tu nous as aimé, tu nous aimes, tu nous aimeras. Depuis toutes petites, nous venons chez toi toutes les semaines. Tu nous achèterais tout ce que l'on pourrait te demander d'avoir. Même si, en réalité, on ne demande jamais rien, c'est quelque chose que l'on sait à force de te connaître. Tu mens à longueur de temps, pour arranger la vie à ta façon. Tu veux toujours avoir raison, oui tu es un homme. Tu es rempli de tous les vices, mais tu nous aimes comme un fou, comme un grand-père aime ses petits enfants. Tu m'envoies des messages quotidiennement, et tu veux que je t'appelle tous les jours, et ceci depuis toujours. C'est fou comme cet amour excessif que tu as pour nous peut nous repousser et nous éloigner de toi. Peut-être parce que les jeunes enfants comme nous deux ont besoin d'amour mais pas de trop. Trop d'amour tue l'amour, la surprotection conduit à la catastrophe. Tu nous pousses dans le vice, nous aussi. Maintenant nous sommes obligées de te mentir pour ne pas avoir à te rendre visite tous les jours, pour pouvoir passer quelques journées entre amis sans que tu proposes de débarquer chez eux pour voir notre visage. Cette situation avait fini par nous convenir.
Mais, maintenant, tu entames ton deuxième cancer. Nous pouvons voir ta vie, ta joie s'éteindre de jour en jour. Et, plus tu te rapproches de la mort, plus tu nous aimes, plus tu nous possèdes, plus tu nous manipules, plus tu nous détruis malgré toi. Ok, ok, j'accepte le sacrifice d'une partie de moi, par amour pour toi. Tu sais je t'aimerai toujours papy.
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Style : Pensée | Par pap0ti | Voir tous ses textes | Visite : 834
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Commentaires :
pseudo : Zarathoustra
... Ton texte est beau KimHouille. Si tu veux parler, suis là, ok? T'aime fort
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