Les livres étaient devenus son asile, et son écriture lui servait de langue pour s’exprimer. Elle lisait, et elle écrivait sans cesse. Tous ses états d’âme étaient confiés à son journal , un fidel compagnon, qui l’aidait à concrétiser ses rêves par l’écrit. Ce manque affectif qu’elle ressentait, était ainsi compensé tant bien que mal, par ses récits. Des fruits d’une imagination fertile et abondante.
Mais hélas cette imagination a été aussi une source de graves évènements qui l’avaient enfoncé plus loin dans la déception et la mélancolie.
Son asile, et son intimité étaient découverts subitement et menacés par l’indiscrétion des ses sœurs qui lisaient outrageusement ce qu’elle écrivait. Vivant pourtant à l’écart, sans gêner quiconque, elle se voyait brusquement, ses rêves et elle, dans une fragilité d’esprit sans nom. Cette brusque intrusion dans sa vie intime, lui faisait entendre une voix implacable de la réalité que ses rêves ne lui appartiennent plus désormais. Il est certain qu’en ce moment là, aucun abus de pouvoir, aucune autorité, aucune violence , aucune abomination de tyrans les plus prodigieux, n’égalait, en méchanceté, le comportement de ses sœurs qui dévoilaient publiquement ses écrits et la dénonçaient à sa mère. Cette mère qui était illettrée, atteinte de cette cécité culturelle, dont elle aussi était victime ; qui s’était mariée à l’age de treize ans et qui passait sa vie entière soumise à tout son milieu ! Ne voyait que le diable dans ses écrits qu’elle détruisait. Pensant ainsi lui arracher de la tête, cet esprit maléfique qui l’habitait et qui lui faisait écrire tout ce que ses sœurs, lui lisait. A ce moment là elle ne pouvait pas distinguer si elle était déçue ou mortifiée.
Elle se réveillait, chaque jour, avec une espérance bien petite, et se rendormait avec un désespoir immense. Du reste, et ceux qui ont observé les comportements du cœur humain le comprendront, sa mère n’avait laissé ce jour là aucune lueur d’espoir dans son esprit, pas la moindre lueur. Elle n’avait fait qu’insuffler dans sa tête une rage effroyable.
Un auteur dramatique pourrait en apparence décrire l’évènement en quelques complications, en quelques phrases, dans les actes adieux d’une mère à l’égard de sa fille. Mais ce que le drame y montrerait dans ces actes la réalité les perdrait certainement. Elle était pourtant dans l’age où on ne fait aucun mal, on ne croyait en rien, on rêvait c’est tout. Plus tard viendra certainement où on croit à tout. Ses soupçons n’étaient rien d’autre que des rides de la vie. Mais l’innocente jeunesse ne devait pas en avoir. Après cela tout était pour elle un rituel, elle écrivait toute sa rage contre la vie et sa mère brûlait cette rage. Ce qui la bouleversait énormément était d’arrêter d’écrire, il y avait beaucoup de choses qu’elle pouvait cesser aisément de faire, mais pas l’écriture. Depuis ce jour elle gardait sa rancune profondément et elle n’avait jamais pu pardonner, à sa mère, cette dictature, qui lui faisait penser qu’elle n’était qu’une prisonnière dans un bagne et que tous ses loisirs lui étaient défendus ! Il n’y avait pas de plus grand châtiment que celui qu’on lui infligeait. Frustrée, abattue, elle se laissait aller dans une profonde tristesse d’où elle ne pouvait plus s’échapper. Elle avait onze ans quand elle voulait en finir avec tout dans la vie. Elle avait décidé de mettre fin à ses jours qui ne voulaient plus d’elle.
A l’insu de tout le monde, elle avait absorbé tout un flacon d’un médicament de son père. Ce médicament avait tardé à faire son effet. Elle avait quitté naturellement la maison et rejoint sa classe où elle entamait son travail comme si de rien n’était. Au bout de quelques minutes , elle commençait à se sentir bizarre, drôle. Tout tournait autour d’elle . Tout devenait flou et imperceptible. L’effet du médicament qu’elle avait pris progressait en elle. Au bout de quelques vertiges, suivis d’un malaise elle perdit connaissance.
Quand elle se réveillait, une odeur d’hôpital envahissait ses narines, éblouie par la lueur de la salle et la blancheur des lieux elle pensait qu’ elle était morte. Ce n’est qu’après quelques instants que des images familières se précisent à sa vue. Elle se demandait ensuite où elle est , mais reconnaissant progressivement ses parents, elle savait qu’ elle n’était pas morte mais seulement malade. Pendant et après son sommeil elle parlait. Elle parlait une langue, méconnue de tous, peut être ses paroles étaient sensées pour elle. Mais ce qu’elle disait, ce qu’elle racontait n’avait ni sens ni logique pour ceux qui l’écoutaient parler. Un subconscient, en déroute, la poussait irrésistiblement, à dire des mots. Rien que des mots, tout le temps des mots incompréhensibles et illogiques. Des mots qui se dispersaient dans tous les sens , jetés dans la confusion. Ainsi elle passait deux jours, sans boire, sans manger et sans dormir, mais à parler sans cesse et sans aucun sens. Elle ne savait ni ce qu ‘elle faisait, ni ce qu’elle disait. Et à cela s’ajoute son incapacité de se retenir,de s’arrêter de parler. Tout le monde autour d’elle pensait qu’elle était devenue folle, hystérique, schizophrène, ou paranoïaque. Elle n’était rien de tout cela. Elle était , naturellement désemparée, et surtout perturbée de se voir rejetée, de se voir incomprise.
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Style : Poème | Par ASSIA | Voir tous ses textes | Visite : 553
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Commentaires :
pseudo : el afraoui aziz
ce que je viens de lire est trés impressionnant. je ne peux rien dire de plus pour le moment; je vais lire ce que tu écris mes amitiés aziz
pseudo : ASSIA
Merci aziz pour avoir lu mon texte et pour ton commentaire .Amitiés
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