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"Un Jour aux courses" par tehel

"Un Jour aux courses"

Faire l’amour à trois !

Putain de fantasme !

Faire l’amour à trois, cela vous en donne des idées fantasques !  Non ?

Z’avez déjà fait l’amour à trois ?

Z’en êtes certain ?

Vraiment ?

Moi, je vous dis que pour en être sûr, il faut que vous interrogiez votre partenaire !

Une seule question.

LA question !

Une question stupide, mais pas inutile:   Dis donc ma chérie, sincèrement, quand nous faisons l’amour, tu ne penserais pas à un autre, toi, par hasard ? prenez une voix de fausset.

C’est vrai, quoi !?!

Parce que, même si vous n’êtes qu’à deux physiquement dans ces moments là, qui vous dit qu’il n’y a pas un troisième larron planqué au fin fond des pensées de votre compagne ?

Hein ? Une sorte de petit comique qui prendrait part à la chose ?

Hein ? Et si c’était bien la vérité ?

Imaginez vous un peu, en train de forniquer à toute vapeur, prenant soin de faire de votre mieux, n’oubliant aucun détail pour parvenir à vos fins, et l’autre, votre compagne, celle là qui bouge avec vous en vous griffant partout de ses ongles peints, qui fantasme en songeant que vous êtes un autre !?!

Alors ?

C’est pas drôle, hein !

Un jour aux courses ! que j’appelle ça.

Les courses, vous connaissez, les courses ?

Aux courses, on achète un billet, on le conserve précieusement, on en prend soin, on en est jaloux et amoureux à la fois, toutes les occasions sont bonnes pour le regarder et le contempler, puis arrive le jour j, celui là où tout va se jouer, c’est le départ, le trot, le galop, la lutte, le combat et l’épreuve, pour finalement rien grand chose.

C’est perdu !

On peut pas gagner à tous les coups !

On jette le billet, on s’en débarrasse et on songe déjà au jour suivant, qui ne pourra pas être pire, et qui sera donc meilleur.

Aussi, faut il l’avouer, votre femme peut penser à un autre type quand vous emmenez Bobby au cirque, mais il peut également arriver que ça soit vous qui pensiez à une autre greluche !

En un mot comme en cent, quand un couple fait l’amour, bien souvent, ils sont TROIS !

Trois qui se confondent en une paire !

C’est exécrable !

C’est moche !

Mais cela arrive parfois.

Un homme n’est qu’un homme: une vile créature faite de chair, de sang et de faiblesses.

Une merde.

Que dis je, une sous merde, comme mon ex-femme aimait me le répéter, voilà ce qu’un homme devient à la longue: une sous merde.

Une sous merde bassement merdique !

Parce qu’à force, vous savez, avec l’habitude, cette saloperie d’habitude qui finit souvent par s’installer, comme la teigne qui squatte, persiste et ravage tout avec elle.  Parce qu’à la longue, vous n’êtes plus le numéro un au hit parade de votre femme, vous n’êtes plus son idole, de jour en jour, vous perdez des places, la dégringolade, la chute en avant et en arrière à la fois, le trou béant, l’abysse infernal...

Avec le temps, vous n’êtes plus celui qu’elle a marié pour ses beaux yeux, son look ou son humour, vous devenez son mari, son bête mec, un peu son objet, son bouche trou, dans tous les sens du terme.

Un jour aux courses !  Vous devenez son billet.

Son billet perdant de surcroît !

A la longue, plus question de vous attendre impatiemment sur le quai de la gare avec les enfants par la main, en vous faisant signe par la vitre graisseuse et tachetée de glaviots !

Plus question de vous sauter au cou pour vous embrasser amoureusement en vous mordillant l’oreille et en y susurrant des promesses tendancieuses quant à la soirée à venir !

Plus question de boire goulûment au flot de vos paroles et de prendre le moindre de vos mots comme un axiome, voire une vérité !

Plus question de vanter, à qui le veut bien, vos innombrables qualités d’époux parfait, d’homme sensible, charmant, intelligent et attentionné !

Plus question de vous choyer en vous dorlotant passionnément !

Plus question, au lit, de vous surprendre par des initiatives relevant des cascades extraordinaires de jadis ou par des manutentions délicates et spécialisées ou encore de crier au secours en implorant du pain parce qu’il y a trop de viande !

Plus question de rien du tout !

Quand l’habitude s’installe, tout disparaît !  La fréquence de vos relations sexuelles allant de pair avec cette dure vérité, dura lex sed lex, finis les explosifs embiellages d’antan, les surprenantes cavalcades d’autrefois et les encapsulages spontanés presque quotidiens.  Finis !  Vous pouvez vous faire ébotter le zob, y faire inscrire à l’encre indélébile une épigramme d’adieu et devenir sexophobe, car pour la chose, vous êtes Tintin et choco à la fois !

Avec l’habitude, s’installe l’ennui.

Ah, l’ennui !

Tout devient de l’ennui.

Le shopping, par exemple, devient ennuyeux.

Z’aimez bien faire du shopping avec votre épouse, vous ?

Pour beaucoup, c’est une corvée.

Les femelles ont le chic pour toujours dégotter quelque chose à acheter.

- A ce prix là, je ne pouvais pas le laisser au magasin !  C’était en réclame, alors j’en ai profité !  Tu te rends compte, ailleurs, c’est deux fois plus cher ! ou alors plus ridicule encore: c’est pour rien !

Affirmation vraiment ridicule, car rien, c’est rien, et dans les magasins, c’est jamais pour rien !

Qu’il s’agisse de poudre à lessiver, de cartes postales, de vêtements ou d’autres choses plus inutiles encore, les femmes trouvent toujours comment dépenser l’argent.

C’est d’ailleurs bien simple; en moyenne, on peut affirmer qu’une femme, en une heure, dépensera autant d’argent qu’un type peut en gagner en huit heures.  Du 8 contre 1, voilà un rapport intéressant pour jouer aux courses !

Ah,  l’ennui !

L’ennui, ce sont ces stupides feuilletons télévisés qui vous agacent alors que vous aimeriez tant discuter ou faire autre chose.

Durant les feuilletons: SILENCE !

Interdiction formelle de parler ou de faire le moindre bruit.

C’est primordial, c’est une question de vie ou de mort.

Et c’est d’ailleurs bien légitime !

Z’avez déjà regardé les feuilletons télévisés ?

Non ?

Tant mieux !

Mais, si l’envie vous en prenait, sachez ceci:

Tout d’abord, il faut vous équiper.

A droite, la télécommande, à gauche, le chronomètre.

Parce que si vous ne voulez pas rater le feuilleton qui passe sur la une à 13h45, vous avez intérêt à zapper au moment du générique de fin de celui qui se termine sur la trois.

Durant les publicités, si vous êtes en forme, vous pouvez zapper à nouveau et regarder brièvement durant quelques minutes la série diffusée sur la 6, tandis que celle de la trois reste en suspens.

Ensuite, vous avez intérêt à connaître vos gens !

Pour pas confondre !

Tous ces beaux acteurs, toutes ces créatures de rêve se ressemblent tellement, qu’il y a intérêt à ce que vous sachiez qui est qui, et qui joue quoi dans quel feuilleton !

C’est vrai, quoi, faut pas mélanger les Kimberley avec les experts, ni les filles désespérées avec les belles de Malibu !

Et les dialogues ?

Hein ? z’avez déjà écouté les dialogues ?

Très important les dialogues.

Des dialogues dignes des plus grands auteurs !

C’est une question d’habitude, il y a toute une série de mots qui reviennent, que ça soit sur la une, la deux ou la trois ou encore la six, ce sont toujours les mêmes mots:

Quitter, tromper, aimer, coucher, boire, dollars, argent, manger, sortir, vacances, belle, fort, beau, intelligent et danser.

Quand vous connaissez cette série par cœur, vous êtes paré pour les dialogues.

Bordel l’ennui !

L’ennui, c’est aussi les conversations brèves et oiseuses de votre épouse qui n’a rien à dire.

- Tu sais quoi ?

Et vous de répondre d’un air faussement curieux et étonné: - Naaoon !?!

- Et bien, figure toi que le chat de la mère de la voisine de cousin Machin ...

Fantastique !  Extraordinaire !

Qu’est ce qu’on rit quand l’ennui s’installe !

L’ennui, c’est aussi la routine.

La routine, c’est l’éternelle formule: Métro, boulot, dodo et l’incommensurable: vite.

Faut toujours aller vite pour respecter le timing.

Il y a un tas de choses qui ne souffrent pas d’attendre.

Outre le feuilleton du soir, il y a le bain des enfants, le souper à bâcler, la table à débarrasser, les papiers à classer, à remplir et tenir à jour, ou un satané clou à entasser, une visse à resserrer, un cadre à suspendre, un électroménager à contrôler, etc...

Plus jamais de surprise !

La routine.  Rien que la routine, surenchérie de l’ennui !

L’ennui, c’est aussi les questions abrutissantes comme:

- Qu’est ce que tu veux pour dîner ?

C’est fou ce que certaines gonzesses ont peu d’imagination !

Allez, répondez n’importe quoi, surtout si votre épouse n’est pas un cordon bleu.  Choisissez quelque chose de simple et facile, du genre omelette ou croque monsieur, parce que dans ce cas, au moins, vous risquez sans doute de manger à votre faim !

- Ca a été ta journée ? Question facile et machinale, presque instinctive.

Elles n’en ont rien à foutre de votre journée !  Alors, répondez toujours par: - Mal ! ainsi, vous surprendrez.  Ca ne l’intéressera pas de savoir le comment ni le pourquoi, mais ça sera déjà ça de la surprendre !

- Ca va ? question qui n’en est pas une, question leitmotiv, comme on dit bonjour ou salut.

- Tu m’aimes ? Bordel, qu’est ce que cela veut dire en fait ?  Hein ?  Tu m’aimes ?   Parce qu’avec l’ennui, votre épouse vous dit: - Tu m’aimes ? comme elle pourrait dire: - Quelle heure est il ? 

- Tu m’aimes ? cela devient de l’automatisme !

Surtout qu’avec l’ennui, c’est aussi et surtout la fonte des beaux sentiments du départ.

Mauvais billet: billet jeté !

Vous n’êtes plus rien !

Moins que rien.

Une sous merde dans son intégralité !

C’est fou ce que les défauts peuvent refaire surface avec l’habitude !

Et les reproches ?

Bordel de Dieu, les reproches !

Les reproches sont aux défauts jumelés à l’habitude, ce qu’est la vermine aux pouilleux: indissociables !

- Fallait pas te marier ! ou bien - Et l’autre, la précédente-là, elle était mieux ? sensiblement plus délicat déjà, ou encore, - Et toi, tu crois que t’es plus malin ?

Plus malin !

Quand une gonzesse est con, elle s’imagine que ce sont les autres qui sont trop malins !

Misère !  Mais merde, qu’on instaure une taxe sur la connerie, et elles vont bien voir si ce n’est pas mieux d’être un peu plus malin !

Avec l’habitude, arrivent les injonctions, les ordres.

Fais pas ci, fais pas ça, bouge ton cul, barre toi, tire toi, fais ci, fais là, grouille toi, etc...

Sans oublier l’incontournable formule: Quand est ce que tu vas te décider à ?

Formule simple, gentillette, facile et pratique, à l’instar des formules de politesse passe partout du genre: veuillez agréer, acceptez, recevez, etc...

Quand est ce que tu vas te décider à ?

C’est comme une rafale de pistolet mitrailleur.

Ca va vite, ca rime bien, c’est précis et pétant.

Quand est ce que tu vas te décider à faire ce que je t’ai demandé ?

Et n’oublions pas l’injonction, parce que c’en est une également: NON !

Non pas question !

Non, tu n’iras pas là !  Non, tu ne feras pas ça !  Non, j’ai pas envie !  Non, j’ai oublié !

Non, non, non, non, non, ...,  NON !

Court et net.

Avec l’habitude, s’installe une espèce de régime dictatorial auquel il vous est difficile de déroger.

Et dire qu’au début, vous étiez extraordinaire !  (Faites la liaison, c’est plus commode: sextraordinaire, dans tous les sens du terme !)

Alors, quand vient l’instant crucial des ébats, faudrait oublier tout cela !

On tire un trait, on marque une pause, on ne pense plus à rien, (sauf à un, ou à une autre), on y va, à fond la caisse !?!

Quand on est une sous merde (même une prétendue sous merde), on agit en sous merde !  Y a pas de miracle !  Sous merde tu es, en sous merde tu baiseras !  C’est un peu cru, mais c’est ainsi !

C’est ainsi qu’on peut ne pas avoir envie de faire des exploits, malgré l’orgueil enfoui dans le for intérieur.

Alors, parfois, pour pas paraître trop con, un peu comme pour se prouver à soi qu’il n’en est rien, on fait un effort malgré tout et on s’applique !

L’habitude est dangereuse, aussi, finit on par penser à quelqu’un d’autre !

N’importe qui.

Un mannequin, une actrice, une voisine, une amie, une connaissance, une inconnue croisée dans la rue, une vedette, etc... Ou alors à une ex.

Avec une ex, c’est plus facile, suffit de se souvenir.

Ou alors, avec “une qu’on connaît avec qui on aimerait bien” !

“Avec une qu’on connaît avec qui on aimerait bien”, c’est moins facile, mais c’est plus excitant, car faut tout s’imaginer, tout s’inventer...

Attention !

ATTENTION ! Surtout, ne pas parler !

Des fois qu’on murmurerait un prénom !

Imaginez-vous à la place de votre partenaire: tandis que vous lui feriez amoureusement l’amour, celle ci, au bord du coma bien fondé, s’écrierait: Oooh Christophe !

C’est pas grave !

Ce n’est rien du tout !

Ca peut arriver !

Sauf que vous, c’est pas Christophe votre prénom !

Un jour aux courses: mauvais billet, billet jeté !

C’est pareil pour vous, ne parlez plus, ne susurrez plus rien dans le cou de votre partenaire, et surtout pas le premier prénom qui vous passe par la tête, cela risquerait de fortement la vexer et, du même coup, de vous mettre en mauvaise posture !

Vous seriez bon pour le C.I. !

C.I. ?

C, comme coït, et i, comme interrompu !  C’est ce qu’il y a de mieux dans le genre moyen contraceptif !  Et c’est aussi ce qu’il y de mieux dans le genre frustration !

Et là aussi, faut faire gaffe, le C.I. précédant toujours le C4 (formulaire de renvoi) à moins que cela ne vous arrange, vaut mieux l’éviter.

Enfin, bref, soyons honnêtes, il est vrai que la chose se passe parfois à trois !

Et à qui la faute ?

Hein ?

C’est la tienne, mon vieux, tout cela, c’est de ta faute !

Tu n’avais qu’à le savoir !

Un jour aux courses, c’est aussi la faute à pas de chance, billet jeté !

On a beau être fort, compréhensif, gentil, il arrive toujours un moment ou c’est trop !

Et puis, commence l’érosion !

L’érosion: l’action d’usure et de transformation !

L’érosion des sentiments !

A force, les sentiments s’effritent et se désagrègent.  Ils s’amenuisent, se fissurent, se morcellent et divergent vers d’autres horizons pour devenir de l’habitude teintée d’indifférence !

Ca se voit, ça se remarque à la longue !

- Toi, tu as quelqu’un d’autre !  les femmes sont très fortes pour se faire leur cinéma.

Cependant, elles ont comme un sixième sens, elles sentent les choses ou les pressentent, parfois avant même que vous ne vous en rendiez compte vous même !

- Quelqu’un d’autre !?! quand est ce que j’aurais le temps d’avoir quelqu’un d’autre ?

- On trouves toujours le temps pour ces choses là !

Triste vérité qu’elle vous énonce sans même s’apercevoir que cet adage est valable tout autant pour son cas personnel !

- Mais, je travaille toute la journée ! que vous lui répondez.

- Et sur le train ?  hein ?  ou au boulot ? ou en ville, quand tu sors le midi ?

Une gonzesse à beau être con, elle bénéficie parfois de lumières éphémères.

Aussitôt, sans trop réfléchir: réplique imparable: - Toi, tu as le temps, tu ne travailles pas de la journée !

Ca y est, vous avez prononcé les mots interdits, ceux là qu’il ne fallait pas !

- Comment? Je ne travaille pas ?

- Enfin, si, tu as du travail, mais toi, tu aurais le temps, si t’en avais envie ! enchaînez-vous inutilement en vous engageant sur un terrain dangereux.

- Je me demande bien quand est-ce que j’ai le temps ?

Le temps !  Avoir le temps !  Avec l’habitude, la disparition des beaux sentiments et l’érosion de vos relations, arrive l’époque où n’avez plus le droit de rien faire, où vous n’avez plus aucun droit, et où vous n’êtes certes pas à plaindre !

Parce que, finalement, une femme au foyer n’a pas le temps !

Tandis que vous, 8 toutes petites heures au turbin, 3 minuscules autres heures de transports en commun, levé avec le soleil, rentré avec le crépuscule, vous avez tout le temps !

Si !

Je ne vous dirai pas quand, ni comment, ni avec qui, mais vous avez tout le temps !

Surtout que, si vous vous référez à votre compagne, au boulot, vous ne faites rien quand même, alors ...

 

Sans le savoir, vous êtes verni.  Vous êtes probablement, avec quelques politiciens, le seul type que l’on paie pour rien foutre !

...

Discussions interminables et fatigantes qui s’enchaînent.

Une femme au foyer n’a pas le temps !

Pas l’temps, j’vous dis !

Entre le ménage, la lessive, l’entretien, les courses, les enfants, les p’tit boulots à droite et à gauche, les promenades, les magasins à dévaliser, les p’tits tours en ville, les visites quotidiennes chez les beaux parents et les papotages de copines, une femme au foyer n’a pas le temps de penser à vous tromper !

Concrètement, statistiquement, elle n’a pas le temps !

Elle n’a pas le temps, mais parfois, elle l’a quand même.

Putain, c’est vrai quoi, tous les prétextes sont bons !

Exemple:

- Dites moi, belle-maman, cela vous dérangerait de tenir les enfants, juste le temps que j’aille faire quelques grosses courses en ville ? - Merci, Belle maman, vous êtes vraiment gentille !

Et c’est l’affaire qui roule !

Pas le temps !?!  à d’autres !

Moi, je parle par expérience !

Il y a des femmes qui n’ont pas le temps de rien du tout; et puis, un jour, elles trouvent, malgré tout, le temps de se dégotter un amant !

Voilà !

Un type, comme ça, de qui une femme tombe amoureuse, la rencontre de "l’homme de sa vie" !

C’était pas de sa faute: l’homme propose, la femme ne fait que disposer !

Mais il arrive parfois que "l’homme de sa vie", ne soit pas le bon !

Tout le monde peut se tromper, surtout votre femme, elle, elle a tout le droit de vous tromper !

"L’homme de sa vie", qui était en fait le second homme de sa vie - puisque vous étiez le premier - et bien, il s’avère ne pas l’être !

Alors, coup de dé, retour à la case départ, come back, elle revient.

Comme si de rien n’était.

L’homme de sa vie n°2 devient un souvenir, et, comme de juste, vous reprenez le maillot jaune !

Mais, comme je vous l’explique depuis tantôt, le maillot jaune, il finit bien vite par perdre de sa couleur, il pâlit, ternit, et s’élime un peu partout.

Avec l’exécrable habitude, votre maillot jaune a perdu sa couleur d’origine !

Alors, faut reparler séparation.

La séparation !

Quel beau mot: séparation !

Cesser d’être ensemble, d’avoir des relations !

De toutes manières, pour ce qu’il restait des relations, ce n’était pas vraiment une grande perte !

Cesser d’être ensemble !  Avant de cesser d’être ensemble, faut en parler.

Parler.

Parler dans ces circonstances, c’est entamer un dialogue de sourds.

Et qui dit dialogue de sourds, dit, parfois, parler avec les mains.

Aussi, arrive t il qu’on en vienne aux mains.

- Fiche moi la paix, je ne veux rien savoir ! réplique habituelle de celle là qui vous assaille de reproches.  Elle veut rien savoir parce qu’elle est persuadée qu’elle sait tout.

Et pourtant, si elle savait combien elle sait pas grand chose !

- Mais enfin, je n’ai pas changé ! suppliez-vous sans conviction.

- Oh si, tu n’es plus le même !

C’est étrange, quand votre femme veut se débarrasser de vous, elle trouve tout le temps que vous avez changé !

Changer !

Avec le temps hémophile qui s’écoule inlassablement, forcément vous avez changé.  Un peu plus vieux, un peu plus mûr, plus conscient, plus pragmatique, mais toujours pareil malgré tout.

Mais non, selon elle, vous avez changé du tout au tout !

- En plus, maintenant, tu bois !

- Boire ? - tu trouves que je bois parce que je vais une fois par semaine à l'apéro ?

- Laisse tomber ! interrompt elle.

Une femme qui n’sait pas grand chose ne sait certainement pas qu’on ne dit pas d’un homme qu’il va tout le temps au café, mais qu’il vaut mieux dire qu’il s’imprègne des couleurs locales, parce que c’est plus beau, et c’est souvent plus juste !

Mais y a rien à faire, vous avez changé !

C’est un peu comme si vous étiez périmé, plus bon, démodé, avec ces fameuses couleurs passées, bref, à jeter, plus sous garantie.

Et elle, elle aussi elle a changé !  Mais bon Dieu, c’est ça la vie !

Non, un homme ça change, mais pas comme une femme !

- Tu m’énerves !  Affirmation gratuite qui signifie qu’elle ne vous supporte plus.

On peut donc dire qu’avec le temps qui passe, un homme devient nocif pour son épouse !

- T’es con !  D’un fait exprès, puisque vous vous obstinez à nuire aux nerfs de votre femme, vous devenez automatiquement con.

- Va te faire voir ! Ce qui revient à dire, passe ton tour, ne t’arrête pas à la case départ, ne touche pas 4.000 et laisse ta place à un autre !

- Tu me dégoûtes, je ne comprends pas comment j’ai pu me marier avec toi ! autres gentillesses qu’elle vous lance ainsi, sans bonne raison, mais parce que cela lui fait plaisir.

Et puis, suivant vos limites, vous acceptez tout ça, vous en ramasser plein la tronche mais quand la dernière goutte fait déborder le vase, vos mains, comme si elles reprenaient leur indépendance, vous jouent un mauvais tour et vont se plaquer sur le coin de la bouche à Madèèèème !

La cata !

La cata qu’elle interprète à sa façon.

- En plus, vous savez quoi ? question qui n’en est pas une, et bien, il me battait !  Sans raison, il me battait tous les jours, devant les enfants !

Et les gens qui s’intéressent à tout pour pouvoir ensuite le raconter à leur manière et tout déformer: - Non !?! avec leur air surpris, mais quelque part un petit sourire aux lèvres qui en dit long quant à leur imagination féconde qui va s’extasier à tout décupler.

Triste mentalité !

Triste !

Bref, tout va vite, très vite !

On met peut être des semaines, voire des mois à entrer dans la vie d’une femme, mais il suffit de quelques minutes pour en sortir définitivement

La séparation !

C’est amusant.

C’est amusant la réaction des gens quand vous êtes séparé de votre femme.

Tout d’abord, faut préciser un truc qui n’est pas juste:

On dit que vous êtes séparés, mais ce n’est pas juste du tout, ELLE s’est séparée de vous, vous, vous ne vous êtes jamais séparé d’elle !

Et alors, les questions ridicules des gens qui vous rencontrent:

- Tiens, tu n’es plus avec ta femme ?

Et vous de répondre aussi vite:

- Si, moi je suis toujours avec elle, mais elle, plus tellement avec moi !

La tête des gens dans ces moments là, ça c’est amusant !

Et puis, vient l’époque d’annoncer la nouvelle à tout le monde.

Flot de questions inutiles et pernicieuses:

Pourquoi ?

Comment ?

Qu’est ce que tu as fait ?

Qu’est ce que tu n’as pas fait ?

D’autres questions encore plus indiscrètes:

- Et au lit, ça se passait comment ?

Et vous de répondre avec votre cynisme habituel: - comme presque tout l’monde: allongés !

Ah, humour, quand tu nous tiens !

Et puis, y a aussi les optimistes: - Bah, ça se remettra !  Formule amusante qu’on dit ainsi, sans y réfléchir, sans savoir si cette éventualité vous intéresse.  Dans le genre y a encore mieux: - Ta femme t’aime, mon vieux, c’est certain !  et vous de répondre: - oui, je pense bien, mais je ne sais pas avec qui, ni où !

Deuxième course.  Tous au départ !

Solution de rechange, c’est vous qui devez mettre les voiles.

Gentiment, avec son tact habituel, Madèèèème vous prie de dégager le terrain: - Fous l’camp, bon Dieu, tu m’étouffes la vie ! voilà une phrase toute gentillette, à laquelle on ne peut rien reprocher, surtout si elle est formulée sur un ton allègre, plein d’entrain et débonnaire à la fois...

- Je t’étouffe ?

- Tu m’étouffes !  Je ne te suis plus, d’ailleurs, je ne t’ai jamais suivi !

Ah, la bonne nouvelle !  Votre épouse n’a jamais pu vous encaisser !  Sérieux !

Si, si, même si elle a passé plusieurs années de vie conjugale et presque autant avant le mariage avec vous, elle n’a jamais pu vous encaisser !

Quelle femme extraordinaire !

Ah, si !

Faut vraiment être quelqu’un d’exceptionnel pour accepter de vivre des années durant avec quelqu’un qu’on ne supporte pas !

- Qu’est ce que j’ai fait ? que vous demandez bêtement.

- Rien, tu ne fais jamais rien !  En fait, tu en fais de trop, tu sais toujours tout, tu es toujours plus malin, tu es toujours le meilleur, tu gagnes tout le temps, et moi, dans tout ça, qu’est ce que je deviens ?  hein ?  je n’existe pas !  Je n’ai même jamais existé !

- Tu exagères ! ajoutez vous en vain.

- A peine ! et elle se retourne en vous dévisageant pour vous larguer sa phrase favorite, celle là qui va vous faire mal, cette maudite phrase qu’elle se plaît à vous lâcher pour vous achever.

- D’ailleurs, elle prend alors une mine haute et fière, nous ne sommes pas du même milieu, si j’ai pris le plus moche, c’est pour pas qu’on me le prenne !

Un direct en plein bide !

Qu’on l’abatte, qu’on la pique, qu’on ne la laisse pas vivre davantage sinon elle va contaminer quelqu’un !

Bordel, que cela fait mal !

Et pour vous assener le coup de grâce, elle vous crache au visage: - Et tu n’as pas intérêt à traîner, car je ne vais pas me faire nonne, à mon âge, ce serait malheureux !

C’est vrai que serait malheureux que votre femme se convertisse en nonne !

Ce serait du gaspillage !

Voilà, c’est comme ça, vous n’êtes pas encore parti, que vous êtes déjà remplacé !

Billet mauvais, nouveau billet.

On prend, on teste, on essaye, et puis, on jette...

Un jour aux courses !

En même temps, arrive la métamorphose !

La métamorphose, vous connaissez pas ?

Allez, j’vous en parle, mais tout d’abord, faut préciser un truc: durant la métamorphose, vous pouvez tout essayer, rien n’y fait. C’est comme si vous jouâtes au flipper, mais la tonalité en moins.  Vous avez beau secouer le billard, jouer nerveusement des manettes, arpenter les passerelles avec adresse, placer vos billes, actionner les ressorts, abattre les taquets, elle ne réagit pas !  Pas de score fabuleux, pas de bonus, pas de cagnotte et pas d’extra bille !  Le flipper devient mou et le tilt hors circuit !  A la fin, l’écran digital n’indique pas non plus: Same player shoot again, parce que c’est plus à vous de jouer, mais plutôt à l’autre enfoiré à qui elle pense sans cesse !  C’était votre partie, mais c’est l’autre qui marque désormais les points ! 

Dure la vie !

Avec la métamorphose, tout se passe à une vitesse incroyable !

Dès que votre épouse a décidé de vous radier de la carte de ses faveurs, elle entre dans une phase de métamorphose.

 

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