LE PETIT PORT
Les rayons de midi moirent d'ors les eaux calmes.Sur un gros bloc de pierre, un pêcheur courageuxVient taquiner le muge, hôte des fonds fangeux.Au jardin de l'hôtel frissonnent quelques palmes.Le vieux phare, embelli par le soleil brûlant,Se dresse, dérisoire, à la vague incessante ;Choisissant son support, la mouette glissanteY lisse sa blancheur, gardant l'oeil vigilant.Le clapotis léger frange de sa luisanceCoquillages et mousse, en droit fil du noveau.Trouvant sous une roche un repère nouveau,Le crustacé peureux en recherche l'aisance.Le bateau coloré, par la chaîne attachée,Dors au sein du troupeau, comme bête immobile.Devant un mur sali de rouille indélébile,Il tire sur l'anneau que le sel a mâché.Les marins sont partis en laissant un cageaotA brillance d'écaille et de varech collés.Deux chats, ventres repus de poissons mutilés,Dorment sur le capot d'une antique Peugeot.Tous les bruits se sont tus, voici l'instant uniqueOù l'on peut s'imprégner de la beauté du lieu,Parler avec ces murs datant de Richelieu,Imaginer un côtre armé par Salonique...Mais voilà que s'annonce un bouillant mascaret,J'abandonne mon siège : un vieux godet de drague,Et j'emporte avec moi l'odeur de la madragueQui sèche sur le mur de l'ancien lazaret.
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Style : Poème | Par rene gaillard | Voir tous ses textes | Visite : 315
Coup de cœur : 9
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