Les yeux grands ouverts, le corps tombe jusqu'à heurter le sol.
Anne, femme dynamique, volontaire, sérieuse, je file le parfait amour avec mon mari Eric depuis quatre ans. David, âgé de quater mois, est le fruit de notre union. Après cette grossesse, je me sens fatiguée. Ce soir, mes beaux-parents nous ont invités tous les trois à manger car ils adorent notre bébé. C'est vrai qu'il est beau, j'ai fait du bon travail ! Mais la belle-famille, ce n'est pas ce qui m'enchante le plus. En effet, ils me voient toujours comme la femme qui a volé leur fils unique. Combien de fois Eric m'a suppliée de les adopter comme mes propres parents que j'ai perdus petite, à l'âge de six ans ? Je ne sais pas mais je ne me laisserai pas démonter de nouveau. Ce soir, je compte leur montrer qu'il s'agit de MON fils et non de leur deuxième.
« - Oh qu'il est beau, s'enthousiaste ma belle-mère ! Le portrait craché de son père ! Anne, quand allez-vous reprendre le travail ?
- Dans trois jours. Au fait, je voulais vous remercier de vouloir jouer les nourrices mais je vais placer David dans une crèche.
- Mais cela n'a pas de sens et va vous côuter les yeux de la tête. Nous pouvons le garder et nous aimons voir notre petit-fils.
Je tourne sept fois ma langue dans ma bouche. Que vais-je répondre ? Des noms d'oiseaux se bousculent dans ma tête. Justement, que les choses soient claires, je ne veux plus que vous l'appochiez, ni que vous le touchiez, pensé-je.
- Cela fera moins de route pour aller le chercher le soir.
- Mais il peut bien sûr dormir chez nous, il est le bienvenu.
- Ce sera comme ça.
Ma belle-mère demande à Eric d'approcher et ils se retirent dans la cuisine. J'en profite pour donner le biberon au petit dont le grand-père approche.
- Une fois de plus, vous savez affirmer ce que vous voulez. Ma femme a toujours eu comme idée fixe d'avoir deux enfants. »
Sur le chemin du retour, dans la voiture, Eric essaye de me réprimander mais je sasi que j'ai eu raison. Sa mère lui reproche de se laisser embrigaders dans mes idées, d'être faible. Est-ce de ma faute s'il dit amen à tout ? Nous arrivons à l'appartement.
Le matin, je me réveille, un poids en moins sur le coeur après avoir été ferme avec la mère de Eric. Je me tourne dans le lit mais sa place est vide. Je me lève et marche jusqu'au salon où je trouve mon mari au téléphone. Il raccroche, prétextant un rendez-vous important au travail.
« Tu travailles le samedi à présent ? Il est six heures ! »
Eric regarde sa montre mais il me répond qu'il avait oublié de me prévenir qu'il devait aider à l'inventaire du magasin.
Eric au travail aujourd'hui, je décide d'emmener David au zoo. Le soir, je me couche seule. A trois heures du matin, j'entends une clef dans la serrure, c'est Eric. Il se douche et me rejoint.
Le lendemain, je range tous mes dossiers pour préparer mon retour au travail. Je suis traductrice. Je surveille depuis mon bureau David mais celui-ci demeure seul dans le salon. Pourquoi Eric n'est-il pas à ses côtés ? Je refuse que mon fils vive un enfance gâtée mais je ne veux pas non plus qu'il sente ses parents absents. Depuis la mort de mes parents, je ressens un grand sentiment d'abandon. En observant David, seul dans son coufin, je me sens toute petite au milieu de nulle-part comme si tout le monde avait disparu. Mon enfant ne doit pas connaître jeune la solitude. Cependant, je reste paralysée et me mets à pleurer, la tête en tre les mains. Mon mari entre dans la pièce.
« - Je te rappelle, dit-il au téléphone.
Parcourue par les spasmes, je me sens tomber.
- Que t'arrive-t-il ?
- David est seul, arrivé-je à prononcer.
- Tu vois bien que non, tu n'es pas loin.
- Et toi ?
- J'étais au téléphone. Tu devrais vraiment parler à quelqu'un. »
C'est si facile de sous-entendre que je suis folle. Que cachent ses nombreux appels depuis quelque temps ? Pourquoi serais-je la seule à m'occuper de notre progéniture ?
C'est la reprise du travail. Mes collègues me sourient comme si nous nous étions vus la veille. C'est la première fois que "j'abandonne" si longtemps David mais il le faut pour qu'il s'endurcisse et il n'est pas entre de mauvaises mains. Quoique, qu'en sais-je ? Soudain, ravagéé par l'angoisse, je m'effondre par terre. Une fois meiux, je suis convoquée dans le bureau du directeur.
"- Vous sentez-vous déjà apte à reprendre le travail ?
- Oui, bien sûr.
- Je voudrais que vous consultiez un médecin.
- Vous voulez dire un psychiatre ?
- Puisque vous en parlez..."
Ma première journée inachevée, je dois rentrer chez moi me reposer. Tout le monde me parle de "consulter" mais je n'ai pas besoin de cela. Le soir, je décide de faire la surprise à eric en venant le chercher à la sortie du travail. Garée devant le magasin avec David sur le siège arrière, je le vois sortir. Il patiente devant la porte comme s'il attendait quelqu'un. Une jeune fille se dirigeant vers la boutique s'arrête à ses côtés. Ils bavardent, s'embrassent puis s'en vont main dans la main. Je reste stupéfaire.
Rentrée au domicile, je me charge de coucher David et me mets au lit. Seulement, je ne peux dormir. Je repense à la scène de mon mari avec cette jeune fille. Je l'entends arriver.
"- Bonsoir, tu rentres tard ces temps-ci, lui dis-je.
- Tu ne dors pas ? Oui, j'ai beaucoup de travail."
Je ne lui parle pas de ma journée ni de ce que j'ai vu. Prétextant avoir déjà mangé, il se couche tandis que je lis sur le canapé.
Le lendemain au travail, je suis fatiguée, n'ayant pas dormi de la nuit. Je ne suis pas vraiment dans mon assiette. Je ne pense qu'à mes rêves de fonder une famille, soudain brisés. Depuis combien de temps cela dure-t-il ? Je quitte le bureau en trombe. Peu importent les dossiers, il attendront. Je me rends à la crèche où je récupère David à la crèche où je dis que je dis que je ne le ramènerai pas. En effet, je ne compte pas retourner travailler pour le moment. J'appelle Eric sur son poste, à la boutiqué mais je ne parle pas lorsqu'il déccroche. Je prépare un sac que je place dans la voiture que je démare. Comme la veille, je me rends au magasin mais je me gare en retrait cette fois. Après quelque temps, j'apperçois la jeune fille s'arrêter devant la boutique. Je sors mon appareil photo et fixe l'objectif sur elle. C'est dans la boîte. Mon conjoint la rejoint. Ils répètent leur scène d'hier, ce qui me répugne. Je patiente un quart d'heure dans la voiture puis entre dans le magasin. Je salue le chef et lui demande d'ouvrir le casier de mon mari.
" C'est pour étudier la taille, afin de lui faire une surprise."
J'en fouille l'intérieur et découvre une enveloppe timbrée à mon nom. Je ne l'ouvre pas, je la recevrai sûrement bientôt. Il a laissé son agenda. Demain, mercredi (son jour de repos), il a prévu d'aller au cinéma, probablement avec sa belle. Je trouve une photo d'elle. Au dos, est écrit son nom : Marthe.
Je monte dans la voiture et démarre. A l'appartement, je cherche dans l'annuaire les coordonnées de ma rivale qui n'habite pas très loin. Eric rentre.
Deux jours plus tard, je me rends à la boîte aux lettres et en retire des factures ainsi qu'une enveloppe à mon nom mais le téléphone sonne. C'est mon chef.
« - Mais que vous arrive-t-il, Anne ? Vous ne venez plus au travail depuis plusieurs jours.
- Mon bébé est très malade, mens-je. Je dois rester à ses côtés. J'ai en fait oublié de vous prévenir.
- Vous êtes sûre que cela va bien ?
- Oui, merci. »
"- Je dois partir à l'étranger quelque temps, pour le travail, m'annonce Eric le soir-même.
Foutaises ! J'ai bien compris qu'il partait avec Marthe, prendre du bon temps.
- Quand cela ?
- La semaine prochaine."
Compte-t-il revenir de son escapade ? A-t-il déjà décidé d'emménager avec elle ? Il voit sa lettre non décachetée sur la table et détourne le regard. Avec l'appel du directeur, j'avais oublié l'enveloppe. Eric va aux toilettes alors je me précipite pour ouvrir celle-ci.
"Notre couple est-il un couple ou un binome mené par une personne ? C'est décidé : je divorce de toi."
J'entends la chasse d'eau. Je jette la lettre sur la table, prends mon sac et quitte l'appartement avec David dans les bras. Dans la rue, le Soleil m'éblouit. Je ne sais plus où aller. Que vais-je devenir ? Je suis de nouveau seule...
Que fais-je allongée par terre ? Je suis dehors et des gens me regardent. Je vois leurs bouches articuler des mots que je ne comprends pas. J'apperçois parmi eux Eric qui aide à me relever et me ramène chez nous. Là, il m'allonge dans le lit. Il n'est ni question du divorce, ni de Marthe. Il m'affirme qu'il s'agit bien d'un voyage d'affaires. Je sais que je serai mieux une fois célibataire : j'ai toujours été seule et préfère ne m'attacher à personne
La semaine suivante, j'accompagne Eric à la gare, comme il le voulait. Peu importe que je rencontre Marthe, je suis déjà divorcée dans l'âme. Effectivement, la voilà, se frayant parmi la foule. Je la vois glisser sa main dans la poche mais tout va trop vite. Un coup de feu... Un corps à terre... Des cris... des bousculades... Eric qui ferme les yeux...
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Style : Nouvelle | Par bababilou | Voir tous ses textes | Visite : 576
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