Devant la porte de sa maison, j'ai planté une graine d'olivier et je suis parti. Je suis parti pendant cinq ans. Ensuite, je suis revenu, et l'olivier avait poussé. Il avait grandi si vite que maintenant, il bloquait la porte de l'extérieur. Alors elle, qui était à l'intérieur, ne pouvait plus sortir.
Devant la porte de sa maison, j'ai pris ma hache et j'ai abattu l'olivier. Il n'y avait personne à l'intérieur. J'ai conclu qu'elle était partie faire des courses. J'ai sorti de ma poche une grosse graine, et je l'ai plantée dans le sable de l'aquarium.
Dix ans plus tard je suis revenu. Sa maison était perchée en haut d'un robuste chêne. Le trottoir était couvert de glands, l'ombre de l'arbre était rafraîchissante. J'ai crié d'en bas, mais elle était si haute qu'elle ne m'a pas entendu. J'en ai déduit qu'elle écoutait la musique trop forte.
J'ai planté ma tente, en attendant qu'elle baisse le son. Et j'ai dormi, entre deux grosses racines. Je suis resté cinq ans à écouter ses chansons et puis je suis parti, encore une fois. En jetant un dernier regard à sa cabane, j'ai vu une branche d'olivier qui dépassait. Je me suis dit qu'elle le gardait en souvenir. J'ai ramassé un gland à moitié écrasé, et j'ai continué ma route.
J'ai fait le tour du monde en bateau, et au milieu de l'océan pacifique, j'ai jeté la graine dans les vagues. Ensuite, j'ai refait un tour de la planète, et au même endroit, un chêne géant avait poussé. Il était gigantesque et des centaines d'oiseaux colorés se reposaient entre ses branches. J'avais envie de rester, mais je suis reparti.
Vingt ans s'étaient encore écoulés, et je marchais plus lentement. J'ai retrouvé sa maison, il ne restait plus qu'un vieux tronc. J'ai demandé au voisin où était passée la fille qui habitait là. Il m'a répondu qu'elle s'était mariée avec un ébéniste. De toute façon, elle est partie très loin, ça ne sert à rien de la chercher. Après tout, moi aussi j'étais parti pendant vingt ans. J'espérais juste qu'elle m'aurait attendu. Dans le tronc vide, il y avait une corbeille en osier contenant des pommes. J'en ai pris une, et je suis parti pour toujours.
Dix ans ont passé depuis ce jour, la pomme que j'avais mise dans ma poche est devenue un pommier. Du coup, je suis coincé dans mon jardin et je ne peux plus bouger. Mes pieds s'enfoncent dans la terre, mes fruits sont magnifiques. J'apporte de l'ombre, j'apporte des pommes généreuses. Je suis seul aujourd'hui.
Ce soir, je me rappelle de l'olivier fragile.
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Style : Nouvelle | Par damien R. Melody | Voir tous ses textes | Visite : 975
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Commentaires :
pseudo : ficelle
J ADORE ! J ADORE ! vraiment, ce texte m'a séduite complètement
pseudo : Damien
Merci ficelle pour ton enthousiasme :)
pseudo : scribio
Trés original ! bravo, j'aime beaucoup cette petite histoire.
pseudo : BAMBE
Quelle belle histoire!!!
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