A Paestum (Campanie - Italie du Sud), la Tombe dite du Plongeur (490 av JC) compte parmi les seuls exemples originaux de peinture grecque à nous être parvenus. Mais elle n'en est que plus exceptionnelle.
Car le hasard fait bien les choses. Outre les qualités picturales certaines (fraîcheur des couleur, souplesse admirable du trait, rendu discret de la profondeur en perspective aérienne, rigueur absolue du décor: aucun chatoiement surtout!) l'iconographie de cette tombe témoigne des principales spéculations de la pensée grecque classique sur la vie, le plaisir et la mort.
Ce plongeon vertigineux vers "on ne sait où" rend compte, en effet des progrès que l'esprit grec a apporté à la métaphysique de l'homme. Plus rien du hiératisme frileux de l'Egypte. La mort, certes, conserve l'espérance de retrouver les meilleurs moments de sa vie passée dans l'Au-delà (voir la scène dites "des amants"), mais il n'a plus besoin de ce fatras matériel et quotidien dont s'encombrait l'éternité de Pharaon.
C'est l'esprit, seul et nu, qui plonge dans l'inconnu, perçu comme fondamentalement meilleur que la vie terrestre. D'appréhension, il n'en reste plus nulle trace. L'enseignement des philosophes est passé par là. L'Orphisme et le Pythagorisme, très actifs en Grande Grèce, n'apprennent-ils pas que les chers disparus, une fois leur cycle accompli, rejoingnent la sphère céleste sous forme d'étoiles nouvelles.
Quelle consolation pour les proches!
Et quel réconfort à l'heure du grand saut!
Alors, laissons libre cours à notre émotion. Car nous voici, par delà 25 siècles, devant la confiance hardie, la jubilation absolue d'un être humain enfin libéré de son corps et guéri de la vie terrestre.
Belle leçon, n'est-ce pas?
Offrons un coq à Esculape!

Anne Mordred pour A. Nov. 2002.