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Roberto écrit enfin à Roberta -12- par VIVAL33

Roberto écrit enfin à Roberta -12-

 

 

 

 

 

 

 

Roberto le crapaud répond enfin à sa prétendante Roberta (femme qui est tombée amoureuse de lui, et qui peu à peu se métamorphose en crapaud), à propos de l'avenir de leur relation.

 

 

 

 

 

Roberta, vous me parlez sans cesse, m’écrivez sur l’amour, et moi l’Amoure, je n’y entends rien.

De bien étranges sentiments habitent vos carcasses, à vous, les humains. Exacerbés.

Car Roberta, un homme serait troublé, 

ébranlé par vos débordements, 

désorienté par vos volte-face, 

mais: je vous rappelle que je suis un crapaud.

 

Calmez vos ardeurs, jeune femme. Arrêtez de vous échauffer. De vouloir et de ne plus vouloir. D’éprouver ces électrochocs, que vous appelez “sentiments” aussi changeants et contradictoires. 

Simplement, j’ai décidé d’ attendre.

 

Et, en attendant, je lis pour m’initier à votre vocabulaire. Comprendre les Sciences de l’homme, les grandes étapes de votre développement, vous les êtres humains. 

J’ai déjà saisi certaines informations sur votre principal outil de communication. Très intéressantes. Tenez, par exemple:

connaissez-vous Thomas Hobbes? Saviez-vous qu’il avait écrit:

 

“ Le vrai et le faux sont des attributs du langage, non des choses. Et là où il n'y a pas de langage, il n'y a ni vérité, ni fausseté. “ 

 

 Je crois qu’il me serait de la plus grande utilité, pour intégrer ces notions, la vérité et la fausseté, d’apprendre 

(-vous souhaitez me voir devenir plus humain, non?-) 

à mentir..., et à parler.

Apprendre à employer vos mots.

 

Commençons par un mot.

Celui qui m’a intrigué la dernière fois que je pensais à vous: le mot chasteté.

Savez-vous qu’il vient du latin “castus” et s’oppose à “incestus”, incestueux? Où vous positionnez-vous? 

 

Roberta votre comportement. 

Essayons la clarté. 

Résonnons dans le sens qui vous conviendra le mieux. 

Et calmez-vous.

Vouloir vous métamorphoser et devenir comme moi, ce désir de fusionner... mais c’est irrationnel, réfléchissez-y.

Votre cotonneuse rêverie, que je sois tout pour vous, s’appelle utopie. 

Un déni de la frontière entre nos désirs respectifs. 

Comment un seul être vivant pourrait-il répondre à toutes vos attentes. Voyez la différence: mon identité, votre identité; nos durées de vie, l’heure de nos morts respectives ne sonneront sans doute pas au même moment. 

Il y a certainement quelque lieu où vous vous épanouirez là où  je m’étiolerai, des moments où vous échouerez pendant que je réussirai.

Tel un rouage, une pièce unique de cet immense mouvement, chacun a un rôle à tenir, dans un monde bien réel. 

Le rôle de sa vie... 

 

Regardez où vous vous empêtrez, à vouloir marcher dans les labyrinthes de l’existence illusoire, bâtie sur les rêves, que seuls vous pouvez contrôler. 

Mais quel danger cet imaginaire mal contenu, qui prend place pour pouvoir tout prévoir... si rassurant, gommant l’angoisse.

Connaissez-vous vos propres limites, discernez-vous leurs contours?

 

 

Nous, les Amphibiens, donnons aussi naissance, et nos descendants placés dans des oeufs, pourront s’y développer d’une manière autonome: ainsi s’arrêtent nos rôles de parents: c’est ainsi, mais nous ne les abandonnons pas.

Tandis que chez les humains, si j’ai bien compris, c’est votre cellule familiale qui vous nourrit, votre cocon, votre oeuf...

 

J’ai un doute quant à vos géniteurs, Roberta, étaient-il absents, déséquilibrés, malades, pour ne pas vous avoir amené à l’autonomie? Car c’était leurs rôles, non? Vous reconnaître en tant que personne. Non, Roberta, on ne vous a pas jeté un mauvais sort, vous vous méprenez, simplement, vous êtes née dans une famille “toxique”, de pauvres humains qui manipulent jusqu’à détruire leur descendance. 

Nous en entendons parler bien souvent de ces pères et mères homo sapiens sapiens déviants, incestueux, qui s’autorisent à souiller leur enfant, persuadés qu’il leur appartient... à ne pas assumer leurs rôles de parents responsables. 

Sclérosés de la vie, malades.

 

Mais, entendez bien Roberta: la généalogie n’est pas une Maladie Sexuellement Transmissible, enfin c’est ce que je crois avoir appris.

 

Petit être fusionnel, démêlez vos noeuds et détachez-vous, pour parvenir à l’indépendance, l’autonomie, la libération... n’ayez plus peur de vos propres désirs, de les exprimer, enfin. 

Grandissez. 

Evoluez.

Renaissez.

 

Imprégnez-vous de “kosmos”, un peu du bon ordre de l’univers,... trouvez votre place et acceptez la mort, l’humilité, de partager avec vos semblables certaines valeurs de communication, médiation... 

Et ôtez-vous de la tête que vous avez un double.

Personne n’est identique, pas même les jumeaux. 

Vos scientifiques n’ont-ils pas découvert récemment l’épigénétique?

Chaque être est unique. 

Hé oui, Roberta, je me renseigne

 

Je vous ai parlé de chasteté, dans mon langage, en tant que respect de l’autre, de soi, reconnaissance... Et, une fois que vous aurez pris conscience de votre façon d’agir, nous pourrons passer à une autre étape.

Construisez-vous de manière à vous libérer et ainsi vous serez libératrice pour les autres.

 

Chaque chaîne, un jour, est faite pour être brisée, au moment opportun. Et chaque chaîne peut aussi servir de lest, tant que nous ne sommes pas prêts. Un point d’ancrage.

Prêts à quoi? 

A chanter avec la terre, mêler nos voix les unes aux autres pour des instants de grâce

 

Et cette vie qui nous anime,vous comme moi, célébrons-là, participons à la symphonie naturelle, laissons nous émouvoir par d’invisibles sons que seule l’âme peut voir. 

 

Chant annuel qui précède l’accouplement.

 

Regroupons-nous Roberta. 

Prenons rendez-vous pour la saison prochaine.

 

Pour côabiter.

 

Car vous le savez, Roberta, je suis soumis à certaines obligations.

J’obéis aux lois du cosmos.

Autant que vous l’appreniez, ma saison de reproduction est passée. 

Il a donc fallu que je trouve une partenaire qui me correspondait.

 

C’était un acte biologique qu’il fallait que j’effectue pour assurer la pérennité de notre espèce grandement menacée.

Qui répondait à un besoin. 

Rien d’autre que ma fonction. 

Mon instinct de survie. 

Non, vous n’avez pas à employer ce mot: 

Tromper

J’ai simplement répondu à l’appel de la Mare, 

répondu de manière ferme, 

écologique 

et salutaire à une nécessité.

Par respect de la nature.

Et je vous répète que: non, je ne vous ai pas trompé.

Pas plus que je ne vous ai trahi.

Savez-vous pourquoi?: 

Parce que je ne suis pas un homme. 

Simplement un crapaud.

Et que les crapauds ne trompent pas.

 

 

 

 

 

 

 

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Style : autre | Par VIVAL33 | Voir tous ses textes | Visite : 409

Coup de cœur : 12 / Technique : 9

Commentaires :

pseudo : PHIL

SUPERBE CE MESSAGE DE ROBERTO . QUEL GRAND PHILOSOPHE ET QUEL VISION ECLAIREE DE LA VIE. A LIRE ET A RELIRE.ET A EN EXTRAIRE SA PROPRE EXPERIENCE. SON VECU . LES CONSEQUENCES.BRAVO VIVAL

pseudo : obsidienne

Joli conte philosophique, un petit plaisir, crapaude

pseudo : VIVAL33

Merci beaucoup PHIL, Obsidienne de continuer à me lire. J'avoue que ces textes sont un peu longs, alors je vous remercie de me lire encore et encore, et de m'encourager. Je vous fais des gros bisous !

pseudo : scribio

Un bien beau texte plein de sagesse et de philosophie, j'ai eu beaucoup de plaisir à le lire. Bravo et merci Vival.

pseudo : PHIL

TES TEXTES NE SONT PAS SI LONGS ET ILS SONT UNE VERITABLE SOURCE DE VALEURS MORALE.CE CRAPAUD EST UN TRES GRAND CRAPAUD.A+

pseudo : VIVAL33

Merci PHIL. Merci scribio pour tes lectures, pour ton très gentil commentaire et ta présence. Et gros bisous aussi!

pseudo : gigi

toujours tes jolis texttes qu'on a plaisir à lire

pseudo : Cécile Césaire-Lanoix

Une justesse dans l'analyse des comportements humains. Remarquable ! Bravo Vival !

pseudo : VIVAL33

Merci beaucoup à vous deux, gigi et Cécile. Des gros bisous!