J’irai par-delà les mers
Enfoncer pieux et longues dents de verres

Autrefois, puisqu’il fallait s’y vautrer,
Le bourbier de la honte
Accueillait dans son sillon
Les seins canonisés…

Pendant que s’émoussaient vers je n’sais quelles geôles,
Les sabres aux tranchants amers
Je voyais fondre les calottes glacières
Parmi les aurores mordorées

Un froid de plus à deviner
Un autre bonheur à gérer
Je n’ai pu qu’assouvir
Au point du jour
L’ardeur d’un souvenir
Hélas trop court.

À tous les pédants aux viscères endiablés
À tous les amours trompés par l’infortune
J’adresserai ma peine et ma rancune
Pour une cause,
Il y en eu, au moins une
Mais le temps me l’a fait oublier.

Je sais toutefois que, même pour la lune,
D’autres ont survécu aux affres de la solitude
Or, comme le malheur ne vient jamais seul
L’ennuie transforma cette brume
En une douce et amère quiétude.

Comme j’ai tant ri ! De ce rire saccadé et franc
Qui éclabousse au passage
Les oreilles qui louchent…
J’ai chanté devant l’inconnue
Pour toutes ces voix
Que le désir reprend
Voyez combien de calèches
Ont suivit de près, dans la brèche
Le continuum espace-temps...

L’automne de vos désirs
Assombris par le glaive des années
Se pointera comme une ombre sur vos plaisirs
Alors sonnera le glas impertinent
Comme un soupir sur le gong du passé.

Lorsque rampe la peine et l’ennuie
On redoute l’infâme accalmie
Pour peu qu’on en jouisse
Dans les coulisses
Une main tendre
Une heure éperdue
On s’agglutine, on se digère
Et Ô, quel goût exquis!

Autres temps, autres mœurs, dit-on souvent
Mais qu’à cela ne tienne,
J’aurai au moins saisi l’insaisissable
Et gardé, sans qu’elle ne soit mienne,
La magie d’un bonheur intarissable…