Avec le temps, tout s'en va... pour revenir ! Léo avait tort, tout reste, mais de plus loin. J'en ai eu la preuve ce samedi alors que je travaillais à la jardinerie.

Tandis que j'en cajolais d'autres, une belle plante a fait irruption, accompagnant gentiment sa belle-mère. Il faut croire que toutes les femmes sont belles, d'une façon ou d'une autre. On aurait dit une fleur de pêcher, ou plutôt un lys orangé, flanqué d'un rhododendron aux couleurs chaudes mais discrètes. Ce dernier arrive, tranquillement, son feuillage ne bruisse pas, ou à peine. Il flotte autour de lui le parfum singulier de ses énormes pétales, il est à l'été de sa vie !
Le lys se glisse à ses côtés, tout égayé par la fraîcheur de mon humeur. Nous papotons poliment, de jolies choses comme le marbre, le soleil, la poterie et les roses. Tandis qu'elle pollinise mon air, je regarde s'animer la douce plante et les couleurs parsemer sa peau couleur de lumière. Il y a du miel sur ses lèvres, ses yeux sont une source qui goutte juste à la liberté. Je m'y accroupis et l'eau coule entre mes doigts. Elle est fraîche, cristalline, l'astre solaire l'embellit de reflets. Il fait chaud, la serre est à côté !
En ce frais mois d'avril, on ne s'attend pas à trouver si jolie fleur sur son chemin ; le mien est d'ailleurs bien rocailleux, que fait cette plante de bruyère si loin de son milieu naturel ? Pour un peu, je l'aurais bien mise en pot, si ses racines n'avaient été si proches. Le rhododendron était là en premier, c'est donc dans l'ordre des choses que le lys l'y ait suivi, mais je n'ai pas eu assez de terreau pour la mettre au frais, empoté que je suis !
Le large buisson n'assombrit pas cependant la petite graine d'espoir que je plante entre lui et son protégé, pour peu que ses yeux l'abreuvent et sa présence l'illumine, pourrait pousser un mignon bouton de rose. Blanc si possible, ou rose. En attendant, je reste jaune.