L'horloge digitale affichait « 25/05/2019    10:21:02 » quand une lumière verte se mit à clignoter dans le sas. Trois jours avait passé depuis ce qui avait été appelé « le grand bordel » et qui deviendrait peut-être une légende quand plusieurs siècles auraient passé.

                Les Poltergeists avaient la particularité de récupérer très vite leurs forces mentales, sans lesquelles, après tout, ils n'étaient rien. Et c'est fidèle à moi-même que ce matin là, je fit mon entrée dans le sas et lançai la musique. Ce ne furent pas le hurlement des horloges qui retentit cette fois, mais le bruit d'un hélicoptère, le cri d'un homme: « You! Yes! You! Stand still, laddy! ».

                Tout comme moi, le sas n'avait pas changé... Pourquoi cela aurait-il changé d'ailleurs? Ce n'est pas d'un film que nous parlons.

                Je fis voler les document des passeurs dans tous les sens au moment où l'hélicoptère céda sa place à un cœur de voix graves et coléreuse. Cette chanson je l'avais fait mienne alors que je n'étais qu'un enfant, vivant, courant, jouant et détestant l'autorité...

                Une fois les nouveaux venus effrayés, les corbeaux lâchés et les passeurs trop occupés pour faire attention à moi, j'apparu derrière Laura qui me pris instantanément dans ses bras.

-Bon anniversaire!

                Elle m'avait surpris, et cet accueil valait bien plus que tout ce qu'elle aurait pu me ramener de l'autre côté du sas. Et de toute façon, je n'avais jamais attendu rien de plus. Elle m'avait tellement distrait que je ne vit ni n'entendit quelque un arriver par derrière, ouvrir le guichet et m'attraper par le col de ma veste en cuir.

-Je te tiens!

Cela me semblait une éternité que je n'avais pas entendu cela...

Je me retournai, alors qu'on m'emprisonnait les mains dans les menottes et adieu mes pouvoirs. Celui qui m'avait attrapé n'était autre que le pendu auquel j'avais promis de mettre un beau bordel dans le sas. Il était passé au rang de superviseur...

-Comme quoi, moins on en fait plus on... Couic!

-La ferme!

Il avait esquissé vers moi le geste de lanceur de baseball et j'étais maintenant de nouveau sans voix. Je me retournai vers Laura, cherchant de l'aide, mais elle aussi était maintenant escortée par un passeur.

                Ils nous emmenèrent vers le bureau du nouveau superviseur. J'aurait du me douter que j'allais passer un sale quart d'heure après ce qu'il était arrivé lors du « grand bordel »: le superviseur désintégré, mais surtout le sas dans lequel il avait été impossible de rétablir le calme pendant deux jours. Et voilà que maintenant que le calme était revenu, je décidais de venir en remettre une couche... Bah! On est Poltergeist ou on ne l'est pas!

                Je n'étais cependant pas fier de moi au moment où j'entrai dans le bureau du pendu... Pour dire la vérité, je fermai les yeux, imaginant quelques exorcisés fonçant sur moi et me réservant le même sort qu'à John...

                Et quelque chose fonça bel et bien sur moi, mais pour m'embrasser sur les deux joues. J'ouvrit les yeux l'un après l'autre, ne comprenant rien à ce qu'il m'arrivait.

                C'était elle, la jeune fille, dans son état initial, et elle était morte.

                Et ceci n'était pas la fin de mon histoire, ce n'en était que le commencement.