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Qu'écrire ??? par dark-fate

Qu'écrire ???

Comme je hais ce vide ! Ce néant, planté en mon âme, m'assaillant de ses griffes et retenant ma plume. Ce puits sans fond, aux parois lisses et inextricables, le gouffre de l'ennuie. J'ai beau creuser, je me bats contre l'air, je ne trouve rien. Aucune idée ne me parvient en cette instant, je déteste cette sensation d'impuissance, alors qu'autour de moi le printemps renaît, que l'imagination fleurit de toutes parts sauf en mon for intérieur. Comme si une créature s'empressait de me vider les entrailles pour ne laisser que ma peau, vidée des pensées, des sentiments.
J'essaye pourtant. C'est la feuille qui me rejette, comme si elle était devenue consciente, et maîtresse d'elle-même. Elle me bannit de son territoire, sans doute a-t-elle trop peur que je la souille. Mais je veux écrire, je le dois ! Que ce soit sur du papier ou sur du marbre, sur la terre ou sur l'or, j'en ai besoin. C'est ma seule raison de vivre, ou, plutôt, de survivre dans ce monde toujours prêt à vous engloutir. Mais seules mes larmes s'écrasent sur le support, créant de ce fait de larges auréoles salées. Ô mon dieu, si tu existes, daigne donc de me prendre en pitié. Offre-moi une muse, s'il le faut, fut-elle la pire mégère tous temps confondus !
Une idée, éphémère, file avant que je puisse la saisir. Si brillante, si claire, elle est déjà loin, envolée dans les méandres de mon inconscient. J'essaye de la poursuivre, en vain. Je ne suis pas assez vif, et je reste là, planté comme un sot, sans avoir toujours rien écrit. Je me décide enfin : « Il était une fois... » Non ! Ca ne va toujours pas ! Je ne suis plus un gamin, il faut que je laisse tomber les contes. Je rature en vitesse, imprimant un large sillon qui témoigne de ma frustration. Que ne donnerais-je pas pour avoir un semblant d'idée en cet instant ! Un dessin prend forme dans mon esprit. D'abord flou, puis de plus en plus net. Je vois un homme, sans visage, assis sur son bureau, tenant une fine plume que je devine être faite en satin. Sa tête, inclinée sur le côté, témoigne de son désarroi. Il ne parvient plus à faire ce qu'il a toujours fait. Il se sent comme étouffé par le vide qui enserre ses pensées. Malgré sa beauté, les cils de la penne semblent ternis, et n'ont plus la vigueur d'autre fois.
Je commence mon récit : « Comme je hais ce vide ! »...

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Style : Nouvelle | Par dark-fate | Voir tous ses textes | Visite : 347

Coup de cœur : 11 / Technique : 8

Commentaires :

pseudo : deborah58

Les contes ne sont pas écrits par des gamins... Bien au contraire, les contes sont tout sauf des gamineries. Bettelheim,dans sa "psychanalyse des contes de fée" s'est interessée à ce caractère "adulte" des contes à travers ses non dits. Il a ainsi fait émerger que les contes regorgeaient d'insinuations phalliques plus ou moins sous-jacentes. Celui qui écrit les contes est généralement un adulte et même s'il retombe en écrivant dans un univers enfantin, il ne peut s'empêcher de transposer son propre vécu dans ce dernier. Amitiés et merci pour cette belle réflexion sur l'acte d'écrire et l'angoisse de la feuille blanche.

pseudo : tournesol

Tout ce qui écrivent comme nous, on tous un moment "le syndrome de la feuille blanche" C'est tellement dure de se priver d'écrire lorsque l'on ne peut vivre sans!