Larmes d'anges

Il n'a jamais compris pourquoi elle est partie,

En le laissant tout seul, à pleurer dans son lit.

Elle se demande pourquoi il ne faut pas parler,

Ne jamais dire aux autres comment il l'a touchée.

Il ne sait pas pourquoi du haut de ses trois ans,

Ce virus invisible lui empoisonne le sang.

Elle imagine son lit, et une belle chambre,

Dieu qu'il fait froid dehors, en cette fin novembre.

Il n'oubliera jamais les cris de ses parents,

Et la force des coups, et la rage en-dedans.

L'image de son père, fusillé sous ses yeux,

Ne cesse de le hanter, le tue à petit feu.

Elle sent la main qui glisse et finit par lâcher,

Pour enfin disparaître dans les flots déchaînés.

La poussière de la mine lui ronge les poumons,

Pour elle pas de cantine, pas non plus d'instruction.

Il n'a pas eu le choix pour survivre et manger,

Enrôlé dans l'armée, il apprend à tuer.

Elle a eu le malheur de croiser son chemin,

Et plus jamais sa mère ne lui tiendra la main.

A l'autre bout du monde, ou à deux pas d'ici,

L'innocence est bafouée, la tendresse est salie.

Les anges pleurent dans l'ombre, car ils sont asservis,

Ils souffrent dans leur chair, meurent sans faire de bruit.

Qu'as-tu donc à te plaindre et à te lamenter ?

Aurais-tu donc souffert, aurais-tu donc saigné ?

Connais-tu cet enfer qu'ils doivent endurer ?

Si le goût de ton miel n'est pas assez sucré,

Si l'or que tu portes ne brille pas assez,

Si tu as mal au ventre, que tu es trop stressé,

Arrête de gémir : écoute les anges pleurer.

Tous droits réservés par et texte de : Blanche Plume