Je pleure

Je pleure le temps qui passe

Je pleure ma vie, ma race

Je pleure les jours de l'enfance

Jours de joie, d'insolence

Je pleure mes nuits insipides

Mon passé, mon avenir livide

Je pleure mes rêves d'antan

Qui ont péri avec le temps

Je pleure ma mémoire cramée

D'une femme que j'ai pas aimée

Je pleure ma fatigue vaine

Je pleure le chagrin qui règne

Je pleure aussi mes mots

Qui sont devenus mes maux

Et je pleure aussi ma misère

Qui m'aime, qui me préfère

Je pleure chaque matin

Une fillette au teint châtain

Qui est partie à nulle part

Laissant mon cœur hagard

Se souvenir quand elle disait

Qu'elle m'aimait à la frénésie

Je pleure son absence éternelle

Qui me torture, m'éloigne d'elle

Je pleure son départ offensif

L'écho de sa vie corrosif

Ses yeux qui disaient tout

Elle m'aimait, moi itou

Ses yeux qui redoutaient l'avenir

Ses espérances qui devaient périr

Je pleure le temps qui me dépasse

Qui m'a débouché dans cette impasse

Je pleure ma paresse innée

Ma douleur qui va me ruiner

Je pleure mon pays natal

Où tout est pris de fatal

Où je ne suis hélas devenu

Qu'un fantôme adorant la nuit

Où l'homme a disparu subitement

Où la femme a péri depuis longtemps

Où l'enfant se plaint de ses maux

Avant d'apprendre même les mots

Je pleure la vie de nos jours

Où on ne croit qu'à l'amour

Où l'homme aime la femme

Que par beauté, que par charme

Je pleure tous nos actes

Notre lâche manque d'impact

Je pleure l'absence de chance

Mon destin, mon impuissance

Je pleure la vie qui me dit

Que les rêves sont interdits

Je pleure mes vœux d'autrefois

Qui était mon trésor, ma foi

Je pleure l'état de mon âme

Fatiguée, cherchant une rame

Submergée dans les ténèbres

D'une vie amère, macabre

Je pleure ceux qui pleurent

Car la vie n'est que des pleurs.

                    Par : Tekik Mohamed