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Mélancolie, désespoir et autres réjouissances par L.

Mélancolie, désespoir et autres réjouissances

Si la vie c'est tomber, se relever, tomber, se relever encore, et que « ce qui nous caractérise, c'est notre capacité à nous remettre debout », est-ce qu'il ne serait pas a contrario plus sage, parfois, de ne pas s'y risquer, de rester allongé au sol en partant du principe qu'« on ne tombera - théoriquement - pas plus bas »... Surtout quand on sait (ou pressent) que si l'on se hasardait à se relever, on finirait nécessairement par tomber à nouveau ? S'agirait-il là de lâcheté de notre part, ou de lucidité ? De bêtise ou de maturité ?

Si l'on est sûr que quoi qu'on fasse, si fort qu'on puisse se battre, un désastre finira par arriver et par tout nous reprendre, pourquoi - alors - ne pas renoncer à « chercher », à « lutter », à « avoir » et même à « trouver » pour se barricader au plus profond de soi et ne laisser plus rien ni personne compter à nos yeux, ne plus nous contenter que de laisser passer, glisser, filer la vie sans même essayer de la vivre, ne plus rien laisser nous toucher, nous plaire, nous guider, nous séduire, nous émouvoir, avoir de l'importance pour nous ?

Bien évidemment, d'une certaine façon, « vivre » avec ce genre d'idées en tête, c'est déjà « être mort », ne plus être qu'une frêle enveloppe vide, une âme en peine, un fantôme en sursis...

Mais, et si l'on se sent déjà mort, au fond de soi ? Qui pourrait nous blâmer de nourrir ce genre de pensées ?

D'ailleurs, est-ce qu'on pourrait vraiment blâmer quelqu'un de rendre les armes, si ce dernier sait que quoi qu'il puisse faire, quels que soient les risques qu'il puisse prendre, aussi téméraire et vaillant qu'il pourrait se montrer, il ne gagnera pas le combat ? Renoncer, cependant, n'est-ce pas un peu facile, un peu indigne des personnes que nous sommes ?

Et puis...

Quand on y réfléchit, comment le moindre miracle pourrait-il se produire si nous n'y croyons pas, si nous n'allons pas « jusqu'au bout », si nous ne luttons pas, si nous ne relevons pas fièrement la tête et si, à l'inverse, nous nous laissons devenir une ombre, baissons les bras, fermons les yeux en laissant passer les nuages, si nous laissons nos souvenirs vivre à notre place et notre gouffre intérieur nous engloutir ?

A chacun de choisir en fonction de son courage ou de sa bravoure.

Que l'on se garde, pourtant, de juger ceux qui nous entourent. L'être humain a le droit d'être tenté de renoncer, d'abandonner, parfois, de se laisser dériver dans un courant capricieux dont il ne cherche plus à maîtriser le cours, qu'il ne rêve plus de remonter. De la même façon, il a tout à fait le droit de se laisser aller, de s'accorder une pause, de faire le point, d'hisser le drapeau blanc, de prendre de la distance, de souffler un moment. Un moment, oui.

Mais pas sa vie entière.

Il doit refaire surface un jour, recouvrir ses esprits, reprendre son existence en main, se redresser encore, et encore, et encore - même en étant conscient des risques auxquels il s'exposera -, se remettre à construire, à faire confiance - même si ça lui demande beaucoup, même s'il est convaincu que c'est au-dessus de ses forces -.... Parce que s'il a effectivement le droit de se laisser abattre, tant qu'il existe, tant que du sang coule dans ses veines, tant qu'un souffle de vie l'anime, il a le DEVOIR de se battre, de penser à l'avenir et d'accorder au monde, au destin, à la vie une autre chance. Ainsi : de s'accorder une autre chance.

« Se relever » peut nous prendre des années (pour ne pas dire des décennies), nous demander des sacrifices sans précédent et nous blesser en proportion mais nous devons ABSOLUMENT nous y risquer malgré tout parce qu'en définitive, c'est cela et seulement cela « qui nous caractérise » : précisément, le fait que nous soyons en vie, car tant que nous le sommes, quoi que nous puissions en penser ou quoi que nous puissions prétendre, nous ne sommes pas complètement « morts ». Nous sommes même loin de l'être.

Aussi nous faut-il donc agir en conséquence.

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Style : Pensée | Par L. | Voir tous ses textes | Visite : 733

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Commentaires :

pseudo : PHIL

UN TEXTE QUI COLLE ETRANGEMENT A MON PASSE. ET QUI A REVEILLE DE VIEILLES DOULEURS.MAIS C EST UNE REFLEXION UNE NOUVELLE FOIS SUPERBE.BEAUCOUP DE MATURITE DANS TES ECRITS.A+

pseudo : Brestine

Oui, mais je ne crois pas qu'il s'agisse de courage ou de bravoure. Je crois que chacun chemine et comprend au fil du temps l'essentiel... Ca peut être la quête d'une vie, comme un hasard heureux au détour d'un déclic. S'il est naturellement légitime de se laisser aller dans les filets du doute, je crois que ce à quoi il ne faut jamais renoncer c'est le partage, même si c'est pour dire que ça ne va pas, car je ne crois pas que l'on puisse grandir, mûrir, dans une profonde solitude. L'autre, outre le plaisir de l'éprouver, permet aussi de relativiser.

pseudo : L.

Haaaaa, vraiment désolé, Phil, d'avoir fait ressurgir de mauvais souvenirs ! Ce n'était pas l'intention, tu penses bien ! Cette fois, j'ai oublié qu'en parlant de soi, on pouvait aussi parler des autres ! Il va falloir que je fasse encore plus attention qu'attention, à l'avenir ! Désolé ! Quand au partage, oui, c'est essentiel, j'ai mis du temps à le comprendre et ai pas mal vécu en reclus, mais aujourd'hui, je n'y renoncerais plus ! D'ailleurs, internet est un bel outil de partage pour les dépressifs ! Certes, il ne remplacera jamais le partage "réel", mais quand on a des difficultés à sortir de chez soi ou à faire l'effort "d'aller vers", il peut représenter une béquille, un début...

pseudo : etoilefilante

AH NON NE JAMAIS RENONCER QUELQUES SOIENT LES DIFFICULTES CELA NOUS FORGE ON S ACCROCHE TOUJOURS CROIRE QUE LE MEILLEUR EST A VENIR...

pseudo : fanon

Pardon de te contrer L mais on ne se reléve JAMAIS d'un début de vie râtée. J'ai une autre philosophie:Personne n'appartient à personne, les enfants nous sont confiés pour les guider et je leur donne le droit de nous juger