Théorie du travail: le travail est-il la priorité?

Il est sûr et certain que le travail désigne l'effort et par extension le résultat de celui-ci et est reconnu comme un droit, un devoir naturel, une occasion et une force sociale sans précédent. L'Homme se rend au travail, rencontre d'autres personnes, donne ou reçoit des directives, se crée un statut ou le confirme. Mais malgré les postes, statuts, fonctions au sein même d'une société, il y aura toujours une différence: la perception du travail. Il y a deux grandes possibilités de travailleurs. Premièrement, les travailleurs engagés: Albert Einstein, John Forbes Nash... Ceux-ci ont un projet depuis leur plus tendre enfance, ils ont un but, un objectif dépassant la valeur du travail. Pour eux, seul le travail compte, la carrière, les études, le prestige et pour finir la reconnaissance dans l'accomplissement d'un acte authentique pourvu d'intérêts et reconnu aux yeux d'une communauté essentielle. L'ambition et le travail sont leurs seuls mots d'ordre. Mais il n'y a jamais d'avantages sans inconvénients. John Forbes Nash est un mathématicien célèbre ayant pulvérisé cent cinquante années de théories économiques. Dans l'"équilibre de Nash", il analyse la théorie d'Adam Smith, père de la modernité économique et suggère une révision. Adam Smith disait: "Dans le cadre de la compétition, les ambitions individuelles servent à la communauté". En d'autres termes, pour atteindre leur but, les membres du groupe doivent s'occuper d'abord d'eux-mêmes. John Nash, dans son doctorat, explique que pour un résultat optimum, les membres du groupe doivent s'occuper d'eux-mêmes et du groupe. Il développa une théorie dans laquelle il arriva à définir un équilibre où la prédominance unitaire était absente. Cette théorie qui lui valu le  prestigieux Prix Nobel en 1994 en Suède lui donna satisfaction mais que partiellement. En effet, pour les travailleurs engagés, le travail est un besoin voire même leur unique nécessité. Par la profession et par la réussite dans celle-ci, ils arrivent à se créer une place au sein de la société. Avoir une identité. Une fois que l'objectif  est atteint, après des années de labeur sans relâche, ils ont le sentiment d'avoir accompli, d'avoir fait avancer le monde. Ce sentiment est malheureusement éphémère et c'est à ce moment qu'un manque, qu'ils avaient toujours comblé par le travail, se fait ressentir. Ce manque peut-être traduit par l'inaccessibilité à l'Homme, aux relations humaines. Ils ont toujours privilégié le travail dans un monde sans communication. John Nash est, pour sa part, marié et reconnaît que malgré l'importance de l'"équilibre de Nash", il ne comprenait toujours pas à quoi servait la logique. Il a avoué que sa meilleure découverte était sa femme et non ses théories économico- mathématiques.   Deuxièmement, il y a les travailleurs impliqués: l'ouvrier, l'employé sans fonction particulièrement élevée... Ceux-ci n'ont pas de projet réel depuis leur enfance, ils ont préféré faire passer l'amusement avant le travail et la rigueur. Ils ont également leur priorité: la famille, une passion. En effet, lorsqu'un travailleur est impliqué dans un travail et non engagé selon la théorie proposée, il a plus de temps libre. Cela ne signifie pas qu'il est sans exigence mais ce statut lui donne tout de même une liberté. Il est important de préciser que par liberté est sous-entendu volonté. Le travailleur engagé au même titre que le travailleur impliqué ont pris des décisions de leur propre gré.

Le travail est et n'est pas la priorité. Si l'humain est arrivé sur terre, c'est pour s'épanouir, se construire, s'émanciper, se donner un but. A partir du moment ou le travail arrive à donner un sens à la vie d'un Homme, il ne peut être que bénéfique. A condition de reconnaître l'importance de la dimension sociale qui même pour un travailleur engagé sera l'un des objectifs final à atteindre.