Loin, perdu des humains, je souiffre en silence.

Les gouttes de rosée qui étoilent les fleurs,

Dans ce triste pays me sont douce présence

Et à mes lourds sanglots, se mêlent des doux pleurs.

Les vapeurs d'aurore s'effacent au soleil,

L'infini s'illumine et renaît, dans le jour,

Mais rien ne peut sevrer mon âme du sommeil,

De la lourde torpeur que m'inflige l'amour.

De l'univers à moi, l'abîme est trop profond,

Mes yeux ne cherchent plus la lumière d'espoir

Et les nuits et les jours, sous ce triste plafond,

Se succèdent sans cesse ; mais pour moi, tout est noir.

Que m'importe la vie de ce que je coudoie,

Le monde est impuissant d'apaiser ma douleur.

Je suis mort pour les êtres et ils sont morts pour moi,

Je les laisse à leur vie et croire à leur bonheur.

L'idéal de mon coeur, moi seul peut le connaître.

Le manteau noir du temps efface son présent,

Je ne suis pas né, mais je suis fait pour naître.

De tout ce qui m'entoure, j'ignopre les présents.

Ma peine cessera un jour merveilleux,

Des lèvres sècheront les pleurs de mon passé,

Le soleil tout à coup éblouira mes yeux

Et la nuit cachera ma douleur trépassée.

Je me berce de songes  et jour et nuit j'attends.

Je souffre le présent...l'avenir me sourit,

Vers ma source de vie tout mon espoir se tend

Et de lointaines joies mon âme se nourrit.

Qu'importe le joug sous lequel je me courbe,

Mon âme rest libre et mon heure viendra.

Je subis l'horreur, le laid, le bas, le fourbe,

Mais je sais que plus tard, tout cela s'éteindra.

Et dussè-je,  ma vie,  la passer à attendre,

Pour au seuil de la mort, oublier tous mes pleurs,

Je crierai, très, très fort, à qui voudra l'entendre :

"Je meurs, en emportant le secret du bonheur !"