Les rares fois où vous me parliez, les phrases dans votre bouche ne voulaient pas se dévoiler
Alors vos mots devenaient vite incohérents formant un beau chaos linguistique
Je mettais alors ma main sur votre bouche pour arrêter ce flot
Mais une fois libéré, voilà que ce petit mot arrivait
C'était un « car » aigu et énigmatique, magnifique sorti de vous
Et vous rouliez des yeux étrangement
Comme si ce « car » pouvait justifier vos paroles insensées...
Mais comme vous étiez charmant avec cette moue enfantine ! A croquer 
Juste après vous adoptiez cet air confus et inquiet
Peut-être vous demandiez-vous ce qui allait vous arriver
Et vous aviez raison, car mes mains étaient attirées par votre corps
Je parcourais alors doucement cette ossature de douceur
J'avais oublié d'avoir peur, j'étais entrée au royaume de l'impudeur
Dans la ville pleine de vie, j'osais la sensualité
Sans rougir des caresses prodiguées, ni même sentir que je franchissais les limites
Tous mes sens étaient exacerbés par les parfums de la cité
Et ce velouté qui flottait dans l'air, une ambiance de rêve
Avec la chaleur de la Terre et du ciel et la poussière pour recouvrir nos coeurs
Je sais maintenant que c'était osé, car je revois vos rougeurs et vos regards détournés
Ai-je vraiment violé votre intimité ? Pourquoi m'avoir laissé faire ?
Comment ai-je oublié la peur ?
J'aurais mérité la prison, car plusieurs témoins m'auraient vite chargé
Moi, une femme en terre d'Islam, quelle peine m'aurait été réservée ?
Mais rien, pas un mot ni un geste pour détourner ce flot de tendresse...
Auriez-vous oublié de me dire « non » ?