Très confortablement assis dans un fauteuil,
Les mains posées à plat sur le petit bureau
Où un simple cahier, brouillon de mon recueil,
Attend les derniers vers de ma plume d'oiseau.
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Je cherchais une rime au fond de ma mémoire,
Un mot qui comblerait une ode qui s'achève.
Mais toutes mes pensées bousculaient cette histoire
Qui, dans ma vie perdue, était comme une trêve.
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Mon regard se perdait dans un songe incertain
En admirant encor le feu majestueux
Déclinant vers un gouffre à l'horizon lointain,
Et que bientôt la nuit fut d'un noir somptueux.
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C'est à ce moment-là que m'apparut une ombre,
Et je perdis soudain mon rêve sur le port.
Alors je reconnu, dans le coin le plus sombre,
La silhouette mince et blanche de la Mort.
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Et je pu contempler les traits de son visage
Qui me semblait plus pur que celui d'une femme.
Devant mon émotion cette beauté sauvage
Me parla doucement en pénétrant mon âme...
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"Poète, me dit-elle, il est temps de partir!
"Quitte ce monde impur pour un monde meilleur!
"Suis-moi sur le chemin où nul ne peut mentir!
"Ne suis-je point venue pour t'emmener ailleur?"
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O Mort! lui répondis-je, attends encore un peu!
Je n'ai pas terminé mon oeuvre poétique.
Laisse se consumer mon cierge à petit feu,
Et je viendrai, alors, te rejoindre au portique.
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"Julien, me dit la Mort, l'espace s'évapore!
"Tu n'auras pas le temps de combler ton ouvrage!
"Et laisse ton poème ouvert dessus l'aurore,
"Tes enfants sauront bien déchiffrer le message!
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O Mort! lui ai-je dis, au bord de la passion,
Mais je reprends la plume et je vide ma tête,
Car je voudrais encor dans une inspiration
Terminer quelques vers où mon âme est en fête.
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"Poète! n'as-tu pas prié cent mille fois?
"N'as-tu pas supplié, des larmes dans les yeux,
"Que je vienne bientôt pour briser cette croix
"Qui écrase ton coeur comme un poids monstrueux?"
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Si fait, lui ai-je dis, mais malgré mon tourment,
Je ne puis m'en aller avec un brin de haine,
Et je voudrais brûler, comme un bout de sarment,
Toute cette vengeance où mon oeuvre s'enchaîne.
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"Poète, me dit-elle, es-tu prêt cette fois?
"Enfile ton linceul et donne-moi la main!
"Ta nuit est arrivée, tu n'as plus d'autre choix!
"Laisse-moi te guider dans l'ombre du chemin!"
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O sublime beauté! O sublime caresse!
J'ai enfin terminé mon modeste poème.
Et je pose à jamais au creux de ta tendresse
Mon corps qui t'appelait en te disant; je t'aime!
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"Julien, me dit la Mort, il est temps car c'est l'heure!
"Alors, approche-toi car l'hiver est précoce!
"Viens enfin t'accoupler dans mon humble demeure,
"Et offre-moi ton âme en cette Nuit de Noce."
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JULIEN
Dimanche 5 Janvier 1986
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Style : Poème | Par cygale88 | Voir tous ses textes | Visite : 709
Coup de cœur : 14 / Technique : 10
Commentaires :
pseudo : deborah58
Une nuit de noces funèbre joliment écrite...
pseudo : folle7
on a encore besoin de lire tes poèmes. je me demande souvent pourquoi la mort est au féminin surement parce qu'elle est tendre et douce Merci pour ce beau poeme
pseudo : PHIL
J ESPERE POUR TOI QUE CETTE NUIT DE NOCE NE TE PRESSE ET QUE LA MORT PEUT BIEN ATTENDRE CAR ELLE EST SUR DE GAGNER ;JE M ETAIT EXCERCER A CE PETIT DIALOGUE EN DEUX POEMES DISTINCT;lE TIEN EST SUPERBE;jUSTE UN DERNIER MOT JE TROUVE TON COM POUR CLAUDIE UN PEU HARD.A+ AMITIES
pseudo : BAMBE
Très très belle ode à la mort, à ses tentations et à nos réticences qui mieux que toi pouvait le dire?
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