Son regard est porté vers le ciel, ses yeux reflétant la chiche lumière que délivrent astres et étoiles. Ce dome magique semble si irréel, scintillant dans l'immensité du firmament. Il se sent si ridicule face à cette splendeur, et il l'est. Comme il aimerait rester là à jamais, à regarder le beauté de l'infini jusqu'à en mourir, illuminé par la douceur du clair de lune. Mais il est déjà condamné, il le sait, et ça ne le rend que plus mort. La plaie qui ouvre son corps ne laisse aucun doute sur son destin.

     Le sang coule à flot, il sort de son torse tel un torrent de montagne, tumultueux et chaotique, comme si c'était la vie elle même qui le fuyait, en quête d'un être moins ingrat. Les larmes salées qui tremblent sur sa figure se mêlent à ce liquide poisseux et vermeil dont la source semble intarissable. C'est étrange comme ils se marient si bien, les larmes et le sang, la vie et la mort. Il essaie de se révolter contre cette froideur qui peu à peu l'envahit, il se débat, combat avec une frénésie farouche cet ennemi invisible qui l'ôte à ce monde. Mais ses doigts ne bougent plus, ses jambes ne répondent plus, il est si froid ! Il s'endort ainsi, bercé par la nuit. Demain, le soleil illuminera son cadavre, sèchera son sang, effacera ses larmes, mais il ne le sait pas. Il est mort, sa main tenant encore le manche du poignard...

     Il s'est effacé de cet univers, qu'il a appris à aimer trop tard. Mais au fond, a-t-il vraiment perdu au change ?