Je me suis écouté sur mon magnétophone,

Bon sang ! Mais quel accent ! Du mistral le vecteur !

Je comprends maintenant qu'au bout du téléphone

Je rende souriant mon interlocuteur

.

Je ne m'entendais pas ! Je ne pouvais y croire !

Je n'imaginais pas mon parler arlésien,

D'indiquer par ma voix quel est mon territoire

Et sentir le midi comme un vent étésien.

Cet accent, mes aïeux ne m'en ont pas fait grâce.

Bons méridionaux, dans les gènes transmis,

Ils n'ont pas ouibliés les marques de ma race

Et de l'accent du sud plus qu'il en est permis.

Aussi, j'avertis bien, si cela vous affecte,

Si de notre pays vous êtes étranger,

Chez vous, en invité, vos moeurs je les respecte ;

Je suis ici chez moi ! Pourquoi me déranger ?

Vous devez concéder qu'il existe autre chose

Hors les pollutions du bassin parisien.

Notre littérature, en vers autant qu'en prose,

Ne doit rien à la vôtre. Ainsi chacun son bien.

Notre culture, en fait, a sur vous l'avantage

D'écarter le ciel gris sous un coup de soleil,

Car notre beau terroir possède en son langage

Cet accent merveilleux qui n'a pas son pareil.

Ecoutez-le chanter... Vous entendez les vagues ?...

Le mistral dans les pins ?... Sentez-vous le genêt,

La lavande et le thym ?...Puis, riez à nos blagues

Et regardez la boule aller au cochonet...

Et s'il ne vous plaît pas d'entendre nos cigales

Ni de vous éblouir de toutes nos couleurs,

Il ne vous reste plus qu'à refermer vos malles.

Laissez-nous entre nous... Et allez voir ailleurs.