Je me retenais pour ne pas crier.
Mon sang montait dans ma tête à mesure que le camion nous emportait, comme on emporte des chiens errant à la fourrière. Ils avaient débarqué, nous avaient attrapé comme de vulgaires insectes et nous avaient ligoté avant de nous enfermer à l'arrière de ce camion pourri. Je ne connaissais personne mais nous étions tous paniqués. Nous savions où ils nous emmenaient.
Saleté de trafiquants d'esclaves!
Mes mains étaient attachées ensemble, et mes poignets saignaient tant j'avais forcé pour me libérer de ces liens. Une femme à côté de moi hurlait comme une hystérique '' Ça y est! On va mourir!''. Elle me faisait peur. Je regardai autour de moi. Nous étions une vingtaine, attachés, moi et la femme étions les seules de notre sexe. Je voyais la terreur sur le visage de ces inconnus, une peur qui m'habitait de plus en plus. Les conducteurs ne cessaient de nous crier de se taire, où ils nous tueraient. Mais aucun prisonnier n'osait se lever pour tenter de s'échapper.
Les bosses sur la route me donnaient la nausée, et cette chaleur insupportable me pesait sur le dos. La pluie frappait les vitres étroites du camion, et le tonnèrre grondait parfois au loin. C'est à ce moment que je le vit.
Sûrement l'avait-on giflé, car un fin filet de sang coulait de sa bouche, aussi belle fut-elle. Ses cheveux s'emmelaient autour de son visage mince et ses yeux restaient à demi-clôt, peut-être à cause de la fatigue. Même assis, il semblait grand, et lui seul était calme dans ce foutu camion. Je me surpris à me demander quel nom ce jeune homme splendide pouvait bien porter...
Il dût sentir mon regard peser sur lui, parce qu'il ouvrit les yeux et les plongea dans les miens. Je fût surprise, certes, mais je n'arrivais pas à siller, où même à parler. Je l'implora silencieusement de me donner le courage de survivre, de me prêter un peu de la force qui le bénissait. Cet être sublime, assis là à quelques mètres de moi, me donnait un si merveilleux sentiment de sécurité, comme s'il était un ange gardien.
Le camion s'arrêta. j'entendis des coups de feu et des larmes se mirent à couler sur mes joues. Mes yeux étaient toujours connectés avec ceux de l'inconnu et je vit dans son regard une once de colère. Tous les prisonniers commencèrent à paniquer, sauf lui. Il se leva, et il vint tranquillement s'assoir à côté de moi. Je pus admirer la profondeur de ses yeux sombres de plus près, puisqu'ils étaient si proche des miens.
Il écarta ses coudes l'un de l'autre pour former une sorte de cercle ovale, ses mains ne pouvant se séparer. Puis il passa ses bras au dessus de ma tête et les glissa jusqu'à ma taille, par le trou que formait ce cercle protecteur. Il m'enlaça tendrement en fixant toujours mes yeux de son regard si triste, si mystérieux. Ils semblaient me dire que tout ira bien, qu'il était là pour veiller sur moi. Il déposa ses lèvres sur les miennes et m'embrassa longtemps, doucement, amoureusement. Aucun mot ne peut décrire cette sensation que j'ai ressentit à ce moment là, ce goût sublime qu'avait cet homme. Puis il se détacha de ma bouche pour reprendre son souffle. Ses soupirs éffleurèrent ma peau, me carressant de leur chaleur. Il me regarda et me chuchota quelques mots que je ne compris pas, mais qui me firent frémir de la tête aux pieds. Dans ses bras musclés, je me sentais dans un cocon de protection, si bien que je pus presque oublier ce que nous allions devenir malgré nous.
Presque.
La porte s'ouvrit à la volée. Un homme grand apparut et tous les regards se tournèrent vers lui. Il beugla quelque chose que je ne compris pas, puisqu'il parlait une langue qui m'était inconnue. Puis un autre homme vint et nous fit sortir du camion, en nous jetant littéralement à terre. Mon ange était étendu sur moi et il me regarda d'une façon incompréhensible. Puis il me libéra de ses bras et me dit tout bas à l'oreille '' Mon nom est...''.
Il n'eut pas le temps de me le dire, L'homme qui nous avait sortit du camion lui donna un coup de pied au côtes. Mon amour gémit et m'embrassa une dernière fois avant de se lever et de se jeter sur l'homme qui parlait une autre langue. Je criai pendant qu'il lui collait une bonne droite au menton.
Mais l'homme était armé.
Il ne lui fallut que cinq secondes pour mettre fin aux jours de l'homme que j'aimais. Cinq secondes pour qu'il appuit sur la guachette, que la balle lui déchire la peau, lui transperce les organes et ressorte par son doux dos. Il ne lui fallut que cinq secondes pour que la vie qui annimait ses yeux ébène ne s'éteigne. Cinq seconde, et une si petite balle.
Les trafiquants se mirent à rire.
Je ne pouvais plus me retenir pour ne pas crier. Je hurlais plus fort que mes entrailles ne me le permettaient. Je criais, pleurais et me jettai sur l'homme qui m'a sauvé en me rassurant, qui m'a donner une raison de survivre. Lui. Lui dont je ne saurai jamais le nom. Je ne saurai jamais ce qu'il m'a dit. Jamais.
Saleté de trafiquants d'esclaves.
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Commentaires :
pseudo : Denis.Z
C'est pour de tels écrits que j'apprécie de connaître ce site. Tout est dit, même si quelques-fois ce peut-être douloureux. Merci.
pseudo : Sabriiinax
Je n`aime pas ce texte tout en l`aimait énormément. Je crois que tu sais pourquoi je ne l`aime pas ...
pseudo : Motus
je sais... Je suis désolée, sincèrement, et je n'ai jamais voulu te faire de la peine... Jtaime gros ^_^
pseudo : Sabriiinax
À chaque fois sa me fais de quoi en dedans quand je le lis .. mais je ne peux pas m`empêcher de le lire et le re-lire
pseudo : dark-little-girl
très bon texte
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