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Sandra Dee (public averti) par tehel

Sandra Dee (public averti)

 ‑ Allo Sandra ?, c'est Terry !

‑ Mm ?

‑J'ai pu me libérer, ce soir à 19h00, ça te va ?  j'ai la Ford !

‑ Ok, même place que d'habitude ?

‑ D'accord, apporte à fumer ...

‑ Pas de problème, à tantôt !

Sandra reposa le combiné.  Dans sa chambre, elle ouvrit le tiroir de la table de nuit et y prit la boîte portant l'étiquette: pastilles pour la gorge.  Elle fila ensuite à la salle de bains, tourna les robinets de la baignoire, régla la température et versa le bain mousse.  Puis elle entra dans les toilettes, juste en face, au bout du couloir.

Elle ferma la porte à clé.  Son père était sorti, il était parti boire et ne reviendrait que le lendemain matin, mais elle se méfiait, il pouvait toujours revenir n'importe quand !

Délicatement, elle sortit la "barrette" de la boîte et la posa sur le rouleau de papier.  Sur deux feuilles à cigarettes croisées perpendiculairement, elle répandit le tabac de sa marlboro qu'elle venait de déchirer.  Sandra alluma son briquet et brûla le shit, qu'elle sema précautionneusement avec savoir‑faire sur le tabac.  Dans la poche de sa chemise, elle chercha ensuite le fin rouleau de carton qu'elle avait confectionné plus tôt avec le dos d'un paquet de feuilles et qui allait servir de bout filtre.  Elle disposa le tout soigneusement et alluma le "pécos"...  Quelques bouffées de poussières de rêve et elle se sentit déjà mieux, c'était de l'afghan, un des meilleurs sur le marché.

Quelques instants plus tard, les yeux embués, avec l'envie de rire pour tout et rien à la fois, Sandra se glissa dans le bain, il lui restait 2 heures avant de rejoindre Terry.

L'eau était froide, Sandra aimait l'eau froide, elle adorait sentir la morsure du froid sur le bout de ses seins.  Elle songeait déjà à la soirée qu'elle allait passer avec son amant, ça promettait d'être terrible !

Dehors, le soleil s'était couché, les chaleurs torrides de la journée firent enfin place à une certaine douceur apaisante.

Devant le miroir du corridor, Sandra coiffa ses cheveux courts, elle ajusta son body sous sa chemise de cow-boy et remonta correctement ses jeans, afin que ses fesses fussent bien moulées, il fallait qu'elle soit belle et attirante pour Terry !

Avant de descendre et de se rendre au rendez‑vous, elle alluma à nouveau un pétard.  Elle passa dans le hall d'entrée et prit dans la poche de son blouson une petite boîte d'allumettes qu'elle secoua systématiquement afin d'entendre le son des pilules qui s'entrechoquaient.  ‑ Mon vieux Terry, ce soir, tu vas enfin savoir ... se dit‑elle à voix haute.

Au volant de sa voiture, Terry roulait doucement, il était à l'avance.  Il pensait à sa femme qu'il venait de laisser en prétextant un rendez‑vous d'affaires, cette femme qu'il voulait quitter parce que cela faisait déjà longtemps qu'ils ne s'aimaient plus, cette femme qu'il ne pouvait malgré tout abandonner, au risque de perdre son emploi au sein de l'entreprise familiale de son beau‑père.  A trente ans, il ne lui aurait pas été facile de retrouver un job aussi bien payé !

Il dépassa la quatrième Avenue et s'arrêta au drugstore du coin pour y acheter une bouteille de tequila.  Avec Sandra, il fallait toujours prévoir un coup d'alcool...  En ressortant, il fut soudain pris de vertiges, des papillotes se mirent à danser devant ses yeux éblouis, des tâches blanches partout l'aveuglèrent.

Son front ruissela de sueur et il s'accrocha au montant de la porte pour respirer profondément.  Il ferma les yeux puis les ouvrit à nouveau, son malaise s'estompa finalement.  Il contempla sa montre et reprit la direction du centre ville, sans plus y penser.  C'était le 3ème malaise qu'il avait cette semaine‑là.

‑ Ohé, cria Sandra en agitant la main droite bien haut de peur que Terry ne l'aperçût point.

La voiture s'arrêta et sans perdre de temps, par peur d'être surprise, la jeune femme pénétra dans la Ford.  Un petit baiser rapide et discret sur le coin de la bouche et ils partirent vers les carrières désaffectées.

Terry, comme d'habitude, se gara dans un chemin reculé, là, presque jamais personne ne passait, de plus, la nuit n'allait pas tarder a tomber et personne ne viendrait se perdre par là !

L'homme fit marche arrière dans les ruines d'un ancien garage et coupa le moteur, mais pas le contact.  Les deux amants étaient enfin seuls, à l'abri des regards indiscrets des curieux !

Quelques baisers, quelques frottements.  L'homme ouvrit la bouteille d'alcool, but une fameuse gorgée et la passa à Sandra, qui l'imita.  Il brancha le récepteur radio, c'était son nouveau gadget, et il passa sur la fréquence de la police, ‑ c'est toujours marrant d'écouter leurs messages prétexta‑t‑il à Sandra un peu énervée par ce stupide appareil qui n'arrêtait pas de grésiller.  Pendant qu'il s'amusait avec le 'squelsh', elle roula un "pécos" et posa distraitement la boîte d'allumettes sur le tableau de bord.

L'homme tira avidement sur le joint, il aimait cette sensation d'ivresse sans avoir bu, il aimait l'odeur du cannabis et du même coup, il se sentit bien.  Il embrassa Sandra et lui caressa la poitrine.

Lentement, ses doigts se dirigèrent vers la fermeture éclair de la jeune fille, mais Sandra récupéra vite sa main et lui dit ‑ d'abord un bon trip, après ça sera super !  Elle ouvrit la petite boîte et en déversa le contenu sur le bord du siège.  Six ecstasy et un "indien", tout ce qu'il fallait pour passer une soirée d'enfer, pensa‑t‑elle sans méchanceté !

 

Terry ne consommait pas de ces produits‑là, il aimait fumer, mais ne se droguait pas.  Aussi, fronça‑t‑il les sourcils en voyant les pilules.

‑ Je pensais que tu ne consommais plus rien ? s'inquiéta‑t‑il.

‑ Si t'appelles ça consommer ...

‑ Ecoute, tu ferais mieux de ne plus prendre ces saloperies, un jour il t'arrivera quelque chose !

‑ Ne t'inquiète pas pour moi, tu sais très bien que je connais tout cela mieux que n'importe qui, dit‑elle nerveusement en reprenant une gorgée de tequila.

Terry se retourna et regarda par le pare‑brise, dehors la nuit était tombée.  Au loin, on pouvait apercevoir les quelques rares lumières des masures perdues en rase campagne.  Sandra lui caressa la cuisse, et lui passa le pétard presque éteint.

Terry tira à nouveau quelques longues et profondes bouffées, elle se mit à genoux, défit son pantalon et se mit à l'ouvrage.

Terry ferma les yeux, il planait en observant la faible lueur du plafonnier ...

La chose se passa vite, Sandra savait s'y prendre, elle était habile et connaissait son partenaire par coeur; elle savait ce qu'elle devait faire, quand et comment.

En se relevant, elle s'essuya la bouche dans un mouchoir de papier, puis, elle s'assit et brûla le restant de "toch" qu'il lui restait.  De nouveau, les amants fumèrent.  Terry, qui n'était pas du tout habitué, perdit un peu la tête et sombra dans une euphorie de bien‑être total.  Sandra était toujours nerveuse, elle regarda une fois encore les pilules que Terry avait jetées sur le couvercle de la boîte à gants et elle décida de prendre un ecstasy qu'elle avala avec une lampée de tequila.  Terry, comme assommé, la regarda faire, il observa ses réactions.  Sandra avait l'habitude de ces produits hallucinogènes et excitants, elle en consommait pratiquement tous les jours et leur effet n'était pas conséquent pour elle.  Juste quelques gouttes de sueurs qui se mirent à perler sur son front, gouttes qu'elle frotta du revers de sa main.

A son tour, Terry s'agenouilla, il ôta le pantalon de sa compagne, dégrafa le body rouge qui l'empêchait d'atteindre son but et commença à embrasser Sandra là où elle l'attendait impatiemment...

En pleine jouissance, Sandra saisit un second cachet qu'elle laissa fondre sous sa langue refroidie par le bonheur intense ...

L'homme marqua une pose.  Il empoigna la bouteille et but une grande gorgée.  Il interrogea Sandra, dévêtue et au bord de l'orgasme ‑ T'as plus rien à fumer ?

‑ Noon, répondit‑elle en lui prenant les tempes entre les mains pour guider sa bouche vers son entrejambe ...

L'excitation aidant, les amants décidèrent de passer à l'arrière.  Terry inclina le siège côté conducteur, mais, n'y tenant plus, il enjamba Sandra avant qu'ils n'aient eu le temps de changer de place.  La jeune femme se mit à hurler, son amant lui faisait bien entendu de l'effet, mais les deux "ecsta" contribuèrent pour beaucoup à l'enivrer.  Son corps était ruisselant, en transe, elle transpirait abondamment et atteignit finalement les "portes du plaisir".  Terry n'arrêtait plus.  En de sauvages mouvements de va‑et‑vient, il faisait l'amour avec rage.  Soudain, l'orgasme, quelques râles, quelques murmures, ils s'embrassèrent.  Sandra le pria de se retirer.  C'est vrai qu'il était lourd, avec ses 100 kilos, contre à peine plus de la moitié pour elle !  L'homme se poussa de côté et but une nouvelle fois à la bouteille.  Sandra vérifia l'heure sur l'horloge du tableau de bord, il était 21h30.  Elle prit une troisième pilule et tendit "l'indien" à Terry.

‑ Bah, pourquoi pas ? murmura‑t‑il, l'alcool et l'ivresse de l'amour lui faisant totalement perdre la tête.  Il plaça la pastille dans la bouche et l'ingurgita avec le restant de tequila.

Sandra était en phase montante, elle commençait à réellement ressentir son pouls qui s'accélérait à rythmes irréguliers.  Ses tempes lui brûlaient et, à la recherche de sensations toujours plus fortes, elle prit d'un coup sec les trois derniers ecstasy ...

Dans l'action, elle se rabattit à nouveau sur le sexe de l'homme.  Ce fut le délire, la dérive totale !  Les deux jeunes gens s'en donnèrent et se donnèrent de tout leur corps, de tout leur être; ils hurlèrent et firent l'amour comme jamais encore ni l'un ni l'autre ne l'avait vécu !  Ils changèrent de positions, s'embrassèrent et se pourléchèrent dans tous les sens.  Sentant l'orgasme tout proche, Sandra se coucha sur le dos, elle bloqua ses pieds dans le vide‑poches au‑dessus de la boîte à gants et invita Terry à venir sur elle.

Malgré sa corpulence imposante, l'homme, comme fou, parvint à prendre la pause, il souffla et sentit l'effet de montée de "l'indien".  Il enjamba la fille et furieusement la pénétra ...

Sandra gémit, elle cria et se débattit tellement qu'elle tomba dans une espèce de coma, la jouissance fut extrême !  Son corps frétilla et se trémoussa jusqu'à la satisfaction totale.

Heureuse, elle enlaça son amant repu qui ne bougeait plus.

‑ Ouhaa, s'était super !" expira‑t‑elle. ‑"Terry ?,Terry ? fais pas l'con, on n'a pas encore fini !

L'homme qui la surplombait et commençait sérieusement à avoir du poids, ne répondit pas !

Sandra lui tourna la tête, elle aperçut son visage, ses yeux rouges et révulsés, Terry passait la langue et bavait !

Il était mort, le coeur n'avait pas tenu !

Sandra se mit à crier, à hurler, elle tenta de se dégager, elle tira sur ses jambes, mais celles‑ci étaient résolument bloquées dans l'interstice du vide‑poches.  Dans un effort époustouflant, elle tenta de pousser son amant tandis que des larmes inondèrent ses yeux embués.

La lourde masse inerte du corps mort ne bougea pas d'un millimètre !

Comprenant soudain ce qui lui arrivait, Sandra serra Terry dans ses bras, elle ne voulait pas y croire et espérait avoir rêvé, elle l'aimait tellement !

L'homme se faisait lourd, vraiment très lourd pour la frêle jeune fille qui commençait à souffrir de l'inconfortable position dans laquelle elle se trouvait.  Une désagréable sensation de mouillé lui démangea les cuisses !  Toutefois, c'était supportable, mais plus tard, quand les ecstasy n'allaient plus avoir d'effet et qu'elle entamerait la phase descendante, elle allait se sentir mal, très mal !

Sandra eut peur, elle savait pertinemment bien que personne ne risquait de venir avant l'aube, au‑dessus de l'épaule de Terry, elle vit l'heure, il était 22h50'.

Les idées et les images défilèrent dans sa tête malade à une vitesse folle, son coeur battait la chamade, elle avait très chaud.  Tout à coup, une immense vague de chaleur envahit son ventre, elle sentit le liquide la pénétrer puis ressortir, Terry venait d'uriner.  Elle essaya à nouveau de se dégager, mais en bougeant, elle ressentit soudain le corps de son ami qui frémissait et bourdonnait.  Dans un fracas de flatulences stertoreuses, un liquide brun et nauséabond s'étala entre les fesses du garçon et dégoulina le long de ses jambes pour venir maculer la pauvre jeune fille.  Elle se mit à hurler, pourquoi cela devait‑il encore lui arriver ?

Une douleur sourde mais pertinente, provenant de ses vertèbres lombaires, fit que Sandra reprit ses esprits.  Etait‑elle endormie ou inconsciente, elle ne pouvait le préciser, mais son dos la torturait vraiment, Terry était décidément beaucoup trop lourd pour elle !

Elle regarda autour d'elle.  Le plafonnier éclairant l'intérieur du véhicule, elle comprit que rien ne lui permettrait de se dégager !  Sauf peut‑être le klaxon !

Si elle pouvait actionner le klaxon, il était presque certain que quelqu'un finirait par l'entendre et viendrait voir ce qui se passait.  Elle tendit le bras gauche, étira ses doigts, s'étira davantage et finit par atteindre le volant du bout de son index.  Encore un effort, et elle parvint à s'agripper un peu plus.  Soudain, une crampe, un satané blocage de dos et elle se mit à hurler, perdant le terrain qu'elle venait de gagner.  Elle souffrait et respirait par à‑coups saccadés afin d'essayer de contrôler la douleur.  De rage, elle donna un coup de genoux dans les flancs de Terry.

Un bruit métallique éveilla alors son imagination.  En effet, elle venait d'entendre la boucle de la ceinture du pantalon de l'homme, qui avait teinté en tombant sur la bouteille de tequila gisant sur le plancher.  Sandra baissa l'épaule droite et tâta au hasard.  Après plusieurs essais, elle toucha les jeans, qu'elle remonta péniblement.  Une à une, elle recensa les languettes du pantalon pour y faire passer le ceinturon.  Sandra tira encore un peu, et au bout de quelques manoeuvres aveugles, elle remonta victorieusement sa main droite, et brandit la ceinture de cuir !

Elle changea de main et lança la boucle dans le cercle du volant en attrapant l'autre bout pour se servir de la ceinture comme d'un grappin.

Elle parvient à s'étirer un peu plus vers le klaxon.  Finalement, elle y accéda, leva la main et de toutes ses forces frappa l'avertisseur sonore, encore et encore ...

...

Rien ne se produisit !  Rien !  Ebahie, ne comprenant pas, elle regarda.  Le récepteur fonctionnait pourtant, les clés de contact étaient à leur place, mais le klaxon, ...

Mais oui !  bien sûr !  le klaxon ne se trouvait pas au milieu du volant, il était à l'opposé, de l'autre côté, sous l'interrupteur des phares !

A cette distance, Sandra ne pouvait pas l'atteindre !  Elle s'écroula, complètement démoralisée.

Il était 00h07' !

...

Lorsqu'elle se réveilla, le jour pointait, un coup d'oeil à l'horloge lui indiqua qu'il était 7h15'.  Elle avait mal à la tête et était totalement engourdie depuis le bassin jusqu'au cou, tellement l'homme mort pesait !  Cet homme, pour qui elle éprouvait tant de sentiments, continuait à lui peser dangereusement sur la vie et ce fut une irréelle sensation de dégoût qui envahit son esprit lorsqu'elle réalisa à nouveau dans quelle situation désastreuse elle se trouvait !

Les paupières mi‑clos, elle se souleva doucement, son dos la faisait souffrir et cette fois, l'effet des excitants était bel et bien terminé.  Au loin, elle aperçut deux silhouettes qui roulaient à vélo dans sa direction.

Elle cligna des yeux, et se réveilla subitement, c'était sa chance !  Elle essaya de se soulever un maximum et commença à crier, à agiter les bras, afin d'attirer l'attention.

Les deux points à l'horizon s'approchèrent.  A leur allure et au vu de leur petite taille, elle repéra d'emblée qu'il s'agissait de gamins à bicyclette, chacun d'eux portait en bandoulière une série de cannes a pêche.

Sandra s'égosilla, elle appela au secours, frappa du coude la portière sur sa droite, heurta le volant de sa main gauche.

Les garçons passèrent à une vingtaine de mètres des ruines, ils parlaient entre eux et semblaient ne rien entendre.

Sandra pensa soudain qu'en sifflant ils entendraient bien quelque chose.

Elle porta ses doigts à ses lèvres et siffla de toutes ses forces.

Les gamins étaient déjà loin, ils ne remarquèrent rien.  Cependant, l'un d'entre eux se retourna.

Sandra, depuis l'angle où elle était bloquée et celui formé par le trou dans le mur qui s'effritait, ne vit pas qu'un des jeunes se retourna, elle s'affala de tout son long.  L'enfant observa, il avait bien évidemment entendu quelque chose, mais il ignorait ce dont il s'agissait.  Il observa les alentours, mais ne vit rien.  Il continua sa route vers les carrières inondées, à la suite de son compagnon.

à suivre ...

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