Sur le bateau voguant sur des vagues pensantes
Mon âme et mon esprit enfin s'étaient réconciliés
Humant tous les deux une odeur de poésie croissante,
Et dansant sur la même houle, quand mon cœur a chaviré.

Jusque-là mes pensées fleurissaient avec harmonie,
Avec justesse comme un poète lointain et voyageur,
Les mots s'entonnaient un à un avec parcimonie
Pour ne laissait qu'à la fin une musique de chœur.

Mon esprit à lui tout seul fouillait délicatement
Les dédalles de mon univers aux chemins bienséant.
Bordés de mille fleurs et uniques dans leur croisement.
Et m'offraient ces pensées, pétales de velours saisissant.

Tandis que mon âme bienheureuse et sensuelle
Partait sur des horizons parsemés d'amour
Où les roses qu'elle cueille ombragées par des ombrelles
Me les rapportaient, pétales transparents en plein jour.

C'est alors que mon cœur, jaloux de l'esprit et de l'âme
Fonça dans les profondeurs de la mer miroitante
Lui aussi voulait une fleur, ce sésame que l'on acclame
Il est revenu des abysses, une belladone ruisselante.

Elle avait des pétales couleur bleu marine
Et des pistils grains de sables aux couleurs étranges
Je me suis agenouillé devant cette fleur divine
Qui tentait de me corrompre grâce à des louanges.

Mon être n'a pas pu résister à ses chants
Elle m'envoûta tout au long du voyage
Asséchant mes larmes dans un feu puissant
Et expulsant ma poésie au-delà des nuages.

À cause d'elle mon âme est torturée,
Je ne parviens plus à écrire des poèmes
Tant son envoûtement sur mes pensées
Est si grand. Elle m'oblige à lui dire je t'aime.

Je reste prisonnier de cette fleur des abysses
Que mon cœur regrette de me l'avoir offert.
J'attends le jour consolable, et que je puisse
Enfin la prendre sans crainte de brûler mes vers.