Le soleil se lève à peine sur le clocher. Les façades encore aspergées de rosée reflètent la lueur de l'aube naissante. Un vent léger vient effleurer le bras de Sarah.
Appuyée sur la balustre elle fixe droit devant, le regard béant, lâche un dernier soupir, puis s'éloigne de la barrière.
A quelques pas de là, Louane s'entortille dans sa couette, jette un bref coup d'oeil à son réveil en rallant.
- Merde !
Elle saute de son lit et cours vers la salle de bain.
Une clef se fait entendre dans l'entrée. Sarah ouvre un journal sous le bras, accroche ses clefs au crochet, puis va à la cafetière qu'elle met en route en lisant les nouvelles du jour.
Un fracas se fait entendre dans le couloir.
- Je vais bien!! s'écrit Louane.
Sarah esquisse un sourire.
- Ho la la ! Je suis trop à la bourre!
Louane s'habille en marchant. Précipitée dans sa course, elle enfile son pantalon à cloche pieds, manque de se casser la figure, passe ses chaussettes à l'envers, et met finalement son tee-shirt par dessus son pull.
- Lou... t'as pas comme un soucis là?
- Non ! Non ! Il me reste encore douze minutes! J'avale un café et c'est dans les temps.
Lui répond-t'elle d'un air satisfait.
- Non, je te disais juste que tu est habillé à l'envers.
- Oui, je sais... Tout les matins c'est pareil... C'est pas de ma faute si je suis toujours en retard, je suis sure qu'il y as un petit malin qui s'amuse à remonter les minutes! C'est la seule explication rationnelle que j'ai trouver.
Elle attrape son sac et sort en claquant la porte.
- Ton pull... Soupire Sarah.
Seul le bruit de la cafetière résonne dans l'appartement. Intriguée pas ce calme, Sarah s'installe dans le sofa, allume la télé, saisi la télécommande puis zappe jusqu'à ce qu'elle tombe sur un reportage intéressent.
Son téléphone sonne. Sarah le regarde dépitée, mais se lève finalement après trois sonneries.
- Allô.
- Sarah, c'est Matt. Je suis dans la plaine champenoise. Nous avons trouver un nouveau site! On vas avoir besoin de toi.
- Qu'est-ce qu'on as?
- Pour l'instant deux sépultures dont une pillé, mais on vient de délimiter une zone de fouille assez importante. Prépare tes valises!
- Ok. je devrais être là dans la soirée. A plus!
Elle raccroche le téléphone puis se dirige dans sa chambre, attrape son vieux sac dans le placard et y enfourne tout ce qu'elle peut.
Sarah se saisi à nouveau de son mobile, compose le numéro de sa soeur mais s'arrête nette devant une photo avant même d'avoir envoyer l'appel.
Un tremblement se fait sentir lorsqu'elle saisi le cadre. On peut y voire Sarah enlacée dans les bras d'un charment jeune homme. Au second plan, Louane encore enfant s'amuse à faire des oreilles d'âne aux amoureux. De larges sourires trahissent leur bonheur.
- Qu'est-ce qu'est ce que j'ai fait... Lâche t'elle en levant les yeux au ciel.
Sarah se décide finalement par envoyer l'appel.
- Lou c'est moi, juste pour te prévenir que je part dans la marne cette après midi.
- Mais, tu viens à peine de rentrer!
- Je sais, j'en ai que pour quelques mois.
- Que... comme toujours!
- Lou, s'il te plaît.
- Et ben éclate toi bien!
- Enfin! tu sait très bien que c'est mon travail! Et puis t'as plus cinq ans, arrête un peu de te comporter comme une gamine!
Sarah raccroche son téléphone énervée, saisi ses affaires puis passe la porte. A ce moment précis une chaleur traverse son corps, elle s'arrête nette.
La pensée qu'une mauvaise chose se préparait lui effleura l'esprit.
- Pfff... Débile!
Elle ferme la porte à double tour et s'engage dans les escaliers.
Au pied de l'immeuble, elle attrape un taxi, y grimpe sans  hésitations.
- A l'aéroport s'il vous plaît.
Son regard ne lâche pas le perron, Sarah soupir en le voyant s'éloigner.

L'aéroport est bondé, Sarah se fraye un chemin parmi la foule pour atteindre l'enregistrement, puis patiente avant l'embarquement.
Contrairement au hall, la salle d'attente est dépourvu d'hommes, semblant si minuscule vis-à-vis de l'ampleur de la pièce.
Le calme règne sur l'assistance, seul la voix d'un père râlant sur son fils résonne. Une trentenaire l'écoute avec un air hautin, les bras croisés elle marque d'une moue chaque paroles n'étant pas à son goût.
Sarah les observes, puis s'assoie finalement près de l'immense vitre qui donne sur la piste. Face à elle une vieille femme rabougri la regarde affichant un large sourire. Ses rides marquées entourées de ses cheveux grisonnants lui donne un air sage auquel seuls les anciens peuvent prétendre.
- Je vais à Paris. dit elle l'air ravi.
Sarah acquiesce, mais ne relève pas.
- Je vais voir ma fille pour les vaccances... Et vous? Ou peut bien aller une si belle jeune femme?
Elle sourit puis répond:
- Dans la marne, pour le travail.
- Et vous travailler dans quoi si ce n'est pas trop indiscret?
La curiosité de l'ancienne se lisait dans ses yeux. Le regard aux aguets, elle porte en elle l'esprit des vieilles rombières poursuivant les commérages.
- Je suis archéologue.
- Ha! tiens donc, j'avais un cousin archéologue, il m'avais raconté...
La mamie continuait de raconter sa vie alors que Sarah ne suivait plus.
Elle n'as jamais été très doué pour les relations en tout genre. Sa mère est morte lorsqu'elle avais dix ans, laissant derrière elle Louane âgée de quelques mois.
Quand à son père, aussi loin qu'elle se souvienne, il n'as jamais arrêter de noyer son chagrin dans des bars miteux, alliant solitude et whisky, il à toujours fui son foyer, abandonnant ainsi ses filles à leur tragique destin.
Sarah n'as jamais cesser de prendre soin de sa cadette, laissant le rôle de soeur et d'enfant pour celui de mère.
Ce n'est pas sans mal qu'elle traversa les années, préférant se réfugier dans le savoir. Elle passait des heures à étudier passionnée par les sciences et l'histoire, avant de faire diner sa soeur et de la border en lui chantant "Au clair de la lune".
Perdu dans ses pensées, le regard figé elle repense à toutes ces choses qui lui pèsent tant. Soudain elle aperçoit un homme au visage familier.
Un silence impénétrable s'empare de son esprit, ses mains sont moites, son coeur palpite, Il est là.
Sarah se lève brusquement laissant la vieille femme à sa conversation et se dirige vers l'entrée de la salle.
Un grand brun aux yeux noisette la regarde avec émoi. Ses cheveux mal coiffés et sa barbe de deux jours lui donne un air rebelle, alors que son look négligé accentue son allure de globe trotter.
Ses yeux pétillant caressent le visage de Sarah.
- Quelle agréable surprise...
Le simple son de sa voix grave provoque en elle un mélange de déchirement et de bonheur intense.
- Tu l'as dit! rétorque-t-elle les yeux brillants.
- Qu'est-ce que tu fais ici?
- Je repart pour quelques mois... on as découvert un nouveau site celte.
- Ah... évidement, le travail! Fais attention tu risque de te marier avec.
- Oh que de finesse. Je vois que tu n'as pas changer, toujours égal à toi même.
- Evidement mon ange, sinon ça voudrais dire que nous ne sommes plus fait l'un pour l'autre! Impossible n'est-ce pas?
- Aaron... Arrête ne commence pas. La seule chose impossible c'est d'envisager un quelconque lien entre nous.
- Que de froideur dans tes mots... Seulement tes yeux cri le contraire, difficile de croire que tu ne veux pas de mon amour princesse.
- Pfft! Arrête de fantasmer sur moi ça atteint ton jugement!
 Et toi, ou va tu avec tout ce bordel?
Il la regarde passionné.
- Au Mexique, on as fini le projet.
L'amertume perça la gorge de Sarah.
- Viens avec moi, dit-il.
- Tu sais bien que...
Aaron pose sa main sur son visage, s'approche plongeant ses yeux dans les siens et murmure:
- Peut importe le temps que ça prendra, je t'attendrais mon ange.
Puis il saisi bon sac avant de tourner les talons.
Les mots se bousculaient dans la tête de Sarah, mais aucun son n'as su le retenir.
Impuissante elle le regarde s'éloigner, et laisse une larme couler sur sa joue.