Essai de slam destiné à être scandé en rythme, avec toutes les figures de style obligées : polémique, excès et rebellion (étant moi-même polémique, excessif et rebelle - en charentaise, mais rebelle malgré tout -, je n'ai pas trop eu à me forcer non plus). Attention : Parental Advisory, Explicit Lyrics ! Ceci N'EST PAS un texte de réflexion : il est évident que la complexité de la réalité ne saurait être réduite à cela. Mais c'en est une partie...
Lettre à Français.
Mon ami, mon semblable, mon frère... Toi qui partage mes cieux, toi qui vit sur ma Terre, toi qui me prête ta France... Cesse d'être humain à contrecœur. Cesse d'être un homme à contresens. Ne te renie pas, ne te trahis pas. Mets en avant ce que tu penses. Dis-le, sois fier. Tu es ce que tu es, tu n'as pas à rougir. Dis-le, ne te cache pas. Crie-le sur tous les toits, que tout le monde le sache, cesse de mentir, enlève ton masque, défend tes convictions. Lâche-le : « Je n'aime pas les arabes, les noirs et les gens de couleur ». Lance-le avec passion, en français dans le texte, postillons de rigueur...
Pitié, mon frère, ne nous fais pas plus bête que tu la voudrais belle, ta France. Tu vaux mieux que cela, alors pitié, ne sois pas lâche. Ne dis pas que « c'est plus complexe », que « c'est plus compliqué », que « c'est une question de contexte ». Cesse de sauver les apparences, relève le front, sois fort, défend tes rêves et ta nation, laisse tomber les prétextes. Après tout, à quoi bon ? Tu dis ce qui est vrai, tu penses ce qui est juste, alors... Ne te justifie pas, ne fais jamais comme si tu avais tort, enfin... Dis-le : « Les immigrés, dehors ! ». Arrête de faire semblant, arrête de faire l'effort. Dis-leur : « Je suis grand, moi. Je suis blanc, moi. Je suis ce que tu rêverais d'être si tu étais comme moi ». Impose tes choix, impose tes lois, impose ta nourriture, ta foi, ta pourriture... Dis-leur : « Tu viens de loin, mais nos peuples sont comme frères, comme nos cultures sont sœurs », puis explique-leur combien la tienne est de loin la meilleure, la plus douée, la plus civilisée, c'est vrai. Fais-leur croire que tu leur tendras la main s'il leur arrive malheur. Prétends qu'ils trouveront chez toi à manger et à boire, le gîte et le couvert. Répète encore : « Je respecte ton identité » et puis, fais de leur religion un ennemi des valeurs, une injure à la race humaine. Dis-leur en face, que tu les aimes, malgré tes jugements de valeur...
Bien sûr.
De « aime » à « haine », il y a si peu, au fond... Une lettre de différence, à peine. Comme entre « toi » et « moi », comme entre « nous » et « vous ». Une syllabe, comme de « roi » à « reine », comme de « tolérance » à « intolérance », comme le noir et le blanc ne sont qu'une question de pigment, comme le noir et le blanc ne sont qu'une question de nuances.
On devrait t'être reconnaissant, c'est vrai. Tu la mérites, ta minute de silence. Tu les laisses consommer ton air et même si tu t'en donnes des grands, tu laisses leurs enfants fréquenter les cours de tes écoles et s'asseoir sur tes bancs ; tu leur donnes ton argent, tu discutes avec eux, tu leur dis même « bonjour », parfois. Plein d'empathie, tu les plains presque d'être ce qu'ils sont, d'être né dans un autre pays, de l'autre côté de l'océan et sur un autre sol, mais tu ne les condamnes jamais, jamais, ou seulement après quelques verres d'alcool.
Tu dis « nous sommes tous frères », tu as bien appris ta leçon. Tu fais partie des bons et mieux, tu les tolères, mais tu ne transiges pas avec les assistés, les racailles et les sauvageons qui ne font rien pour se tirer d'affaire, qui profitent de ton honnêteté et qui font de tes cités des champs de bataille ! Qui pourrait t'en blâmer, d'ailleurs ? La moitié de leur existence, ils 564 la passent devant leur poste de télé et l'autre moitié, derrière, au poste, les menottes aux poignets, pour avoir tenté de prouver leur cran à coups de crans d'arrêt...
Plutôt que de t'en divertir, chaque soir, sauve-les ! Change-les en ce que tu voudrais qu'ils soient, change-les en toi, élève-les quand ils se rabaissent, fais de leur renoncement un signe de leur sagesse et de leur résistance, la légitimité de ton indignation. Tu peux. Tu veux. Et même, tu dois.
Ne leur dis pas, par contre... Surtout, oui, ne leur montre pas comment ton beau pays pousse les gens à partir, comment ton beau pays pousse les gens à haïr, comment ton beau pays traite leurs fils et leurs pères. Ne leur montre pas comment tu changes les gens en fauves pour pouvoir les chasser jusque dans leurs tanières, comment tu les pousses à la guerre quand ils désirent la paix, comment tu crées de l'isolement pour créer la rancœur et prétend accueillir pour mieux pousser dehors...
En homme intègre, parle de les intégrer puis laisse-les de côté "entre animaux et entre nègres". Dis-leur encore : « Sois maître de ton destin, trouve du travail, ne vis pas à notre crochet » et puis, interdis-leur de travailler - ou seulement comme valets -, et viens leur reprocher de ne pas s'investir. Efface de leur mémoire que rien n'est plus ouvert, en France, que les portes des prisons. Raconte-leur des histoires. Prends-les pour des bouffons.
Qu'importe, n'est-ce pas, qu'on ne puisse comparer que ce qui est semblable ; et que qui dit « semblable » dit « de la même valeur » ? ! Qu'importe s'il n'y aura pas de monde meilleur tant qu'un seul de ton sang se croira supérieur... C'est entre toi et ta conscience, et tu as conscience de bien faire. Tu as toujours raison, tu agis pour le mieux, tu as de quoi être fier, c'est vrai : tu parles même d'eux dans tes prières, tes « permets-leur, Seigneur, de trouver la lumière », tu les considères en-égal-ou-presque, alors...
Ne te tais plus, ne te mens plus, dis sincèrement ce que tu penses. La France, c'est toi ; elle a ta voix, tu es son seul espoir alors, prends sa défense. Dicte ta morale. Mets-les sur ta bonne voie. Apprends-leur ton monde idéal. Tu es un citoyen : c'est ton droit et même, ton devoir.
Qu'importe, dès lors, le mal que tu peux faire, une fois la porte refermée derrière toi, comment tu traites tes proches, comment tu frappes, comment tu bats, comment tu hurles, comment tu blesses... Tu es meilleur. Même coupable, encore et toujours, tu restes irréprochable. Car tu es blanc. Car tu es grand. Car tu es ce que tu voudrais qu'on soit. Français. Et haïssable. Comme toi. Mon ami, mon semblable...
Car quoi ? ! On le sait bien, à force, on n'a pas oublié, tu sais, on n'oubliera jamais ce qui coule sous l'écorce, ce qui peux nous unir, ce qui nous punira... Qu'au-delà des raisons, au-delà des prières, des rancœurs et des différences, c'est dans leur abomination, dans leur abomination uniquement...
Que les hommes sont tous frères.
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Style : Poème | Par L. | Voir tous ses textes | Visite : 1374
Coup de cœur : 9 / Technique : 8
Commentaires :
pseudo : PHIL
EPINEUX PROBLEME. BIEN TRAITE. MAIS LA HAINE ET LE RACISME NE SONT PAS QUE D UN COTE.ILS SONT EQUITABLEMENT PARTAGES.C EST UN GOUFFRE QUI SE CREUSE. UNE INCOMPREHENSION MULTIPLIE PAR LA CRISE ECONOMIQUE.JE NE VOIS PAS D AMELIORATION A COURS TERME.IL FAUDRAIT QUE CHAQUE PEUPLE PUISSE VIVRS SUR LA TERRE DE CES ANCETRES DIGNEMENT.CE SERAIT SANS DOUTE LA MEILLEURE SOLUTION.
pseudo : scribio
Le rascisme est trés dangereux, mais il faut faire attention, "les blancs" ne sont pas forcéments "noir" et les "noirs" ne sont pas focément tous "blanc", je veux dire que ce n'est pas aussi simple, les torts sont partagés.
pseudo : L.
Manque (cruel) de temps mais com' rapide quand même pour éviter les mauvaises interprétations : j'ai bien écrit en en-tête que ce n'était pas un texte de réflexion. Dans la réalité, ce n'est pas aussi tranché et oui, les torts sont partagés, parce que l'être humain est ce qu'il est, quel que soit sa couleur de peau ou sa culture. Là, je réagissais juste en tant que "blanc" contre une sorte de racisme ordinaire qui, sous couverts d'arguments historiques, culturels et sociaux, pose que "les étrangers seraient mieux chez eux, pour leur propre bien", et aussi contre une france qui se vante d'être une terre d'accueil mais qui stigmatise en douce pour décourager le chalant. Du genre : oui, on t'accueille, mais il faudra un an pour que tu aies une carte de nationnlité, un an pendant lequel tu ne pourras pas travailler, et donc pendant laquelle tu ne pourras que subsitser, n'avoir une existence sociale "qu'en marge"... C'est un peu facile de se donner de grands airs moralisateurs pour ensuite, sous le manteau, faire ce qu'on fait à la frontière du Mexique (au moins, là-bas, c'est assumé). Maintenant, oui, d'un autre côté, le racisme, il y a des bons des deux côtés et des mauvais des deux côtés (d'où ma sentence finale) ! Oups, désolé : j'ai été plus long et plus polémique que prévu ! Je vous répondrai "bientôt" (j'espère) à tous et j'irais vous lire, tous, sans faute ! Promis ! Merci de me lire et de me faire part de vos avis !
pseudo : PHIL
L. .BIEN D ACCORD AVEC TOI FAIRE SEMBLANT D ETRE UN BON CITOYEN PAS RACISTE ET BIEN DANS LA MOUVANCE EST CHOSE COURANTE.LE FAIT D ANNONCER LE CONTRAIRE LEURS VERITABLES OPINIONS LEUR FOUT LA TROUILLE.ILS ONT PEUR DE SE FAIRE BOULER DE PARTOUT.DANS L HUMANITARISME IL Y A BEAUCOUP D HYPOCRISIE.
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