Je me suis lavée dans le sang de l’agneau, ton sang.
Je me suis purifiée et je me suis noyée.
J’ai bu la coupe que tu me présentais comme on boit un philtre et je me suis étouffée.
J’ai pleuré, j’ai suffoqué.
Le vent m’a emportée.
Quand j’ai voulu faire demi–tour, je suis tombée, comme on tombe en amour, mais tes bras ne m’ont pas rattrapée.
Alors je t’ai suppliée de me regarder là, par terre, à tes pieds.
Tu m’as piétinée…
Tu m’as humiliée, mais je ne peux pas te détester.
La mort m’a souri.
Alors je l’ai suivie.
Elle était tellement séduisante que je n’ai pas pu lui résister.
Elle m’a présenté une coupe de fruits bien mûrs et trop sucrés.
Je les ai croqués avec avidité et gourmandise.
Je les ai dévorés.
Leur jus coulait de ma bouche, ruisselait vers mon cœur.
Je vis que c’était bon.
Cette abondance de plaisir m’a tellement plu que je ne pouvais plus m’en passer.
Je croquais, je me gavais à pleine bouche.
Le jus de la vie coulait sur ma poitrine et j’aimais ça.
Dieu ne me l’a pas pardonné et il m’a renvoyée.
Et je suis revenue vers toi, nue et sans voix.
Je ne pouvais rien y faire.
C’était sa punition, son châtiment le plus cruel.
Tu m’as tourné le dos, et je t’ai suivie à la trace.
C’est là que j’ai compris.
Je suis tout le portrait de mon Père et je ne voulais pas te laisser l’affirmer par pudeur et par peur de la vérité.
J’ai regretté tous mes pêchés mais il était trop tard : Dieu ne pouvait plus me pardonner.
Il devint sourd à mes prières, à mes appels au secours.
J’ai dû retrouver toute seule le chemin de la raison.
Mes pas se sont effacés dans la neige tachée de ton sang.
Notre Père m’avait punie de mon crime.
Il m’avait permis de revenir sur terre pour vivre sans toi.
Sans toi, car je t’avais suicidée.
Et maintenant j’erre comme une âme damnée à travers ce monde qui ne me voit pas.
J’ai succombé à la petite mort.
Je paie le prix fort, le prix du plaisir.
Mon corps a disparu, je ne ressens plus rien.
Ni le plaisir ni la douleur.
A force de te regarder j’ai perdu la vue.
J’ai volé ta vie et je m’en veux, si tu savais comme je m’en veux de ne pas avoir su te garder.
"Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur est interdite"
Style : Poème | Par tevenn de kerscao | Voir tous ses textes | Visite : 772
Coup de cœur : 14 / Technique : 10
Commentaires :
pseudo : obsidienne
Paradis perdu... le vrai sens de la passion, cela devient clair avec ton magnifique poème
Nombre de visites : 32260