Dès que je l'ai vue, j'ai su que je la désirais. Au début, je ne faisais pas vraiment attention, je lui passais devant sans même lui jeter un regard. Puis un soir, je me suis demandé pourquoi elle restait toujours seule ici. M'attendait-elle ? Intrigué, je repassais le lendemain. Elle était toujours là. Se pouvait-il que personne n'en voulût ? Je me lançais un défi : demain, je tenterais ma chance. On verrait bien si elle serait toujours là !
Vingt-quatre heures plus tard, j'arrivai. Elle rayonnait dans sa robe orange, le soleil semblait lui avoir fait du bien. Comme promis à moi-même, je me jetais dessus. Désormais, plus personne ne pourrait nous séparer, et j'allais faire en sorte que ce soit définitif. Je m'étendis sur mon lit, elle se trouvait à mon côté. Je la contemplais, rêveur, tandis que je caressais sa peau. Je me demandais comment j'allais procéder. Non pas que je l'eusse ramenée dans ma chambre sans but précis, mais je voulais la savourer. Lentement.
Je sors alors un couteau, pointu et acéré, juste ce qu'il faut. Elle ne bouge pas, elle ne dit rien. J'insère la lame dans l'épiderme, un jus amer commence à gicler. Oh ! j'en avais tellement envie ! Elle n'a pas beaucoup vécu, ça se sent. Je suis sûrement le premier homme qu'elle a connu. Le dernier aussi, j'en suis heureux. Je la coupe en morceaux, mes mains sont trempées, mon bureau est inondé. Ça colle et ça sent fort, mais ça ne fait qu'aviver mon désir. Je dois faire les choses bien pour rendre la chose plus succulente encore. Sa chair est ferme sous mes doigts. Je n'en peux plus, j'en prends un petit bout que je découpe de la pointe de mon couteau et l'insère entre mes lèvres... Délicieux ! Je me rue sur ses quartiers comme un goinfre, ça faisait tellement longtemps que je n'en avais pas mangé une...
Une clémentine.